ÈS juillet 1689, une gazette hollandaise avait annoncé le coup d'État siamois, mais la nouvelle ne fut officiellement confirmée en France que dans les premiers jours de novembre. La Gazette et le Mercure Galant rapportèrent brièvement l'événement qui fut reçu dans une morne indifférence qui contrastait singulièrement avec l'engouement frénétique suscité quelques années plus tôt par la venue en France des ambassadeurs siamois. Louis XIV, engagé dans la guerre de la Ligue d'Augsbourg, avait désormais d'autres priorités. Seul le père Tachard, fidèle à sa devise optimiste selon laquelle « dans les entreprises apostoliques, la contradiction est gage de succès » s'accrochait encore à son rêve et espérait trouver dans le fils de l'usurpateur Phetracha un interlocuteur apte à renouer les relations franco-siamoises. La relation de ses deux derniers voyages, qui ne débouchèrent sur rien de concret, ne fut pas même publiée. À Ayutthaya, les Français détenus dans le Laconban, la prison d'enfer, souffrirent mauvais traitements et humiliations avant de voir peu à peu leur sort s'adoucir, mais la rupture entre les deux nations était bel et bien consommée pour plus de 150 ans.