Troisième partie.
De la région des enfers.
Ceux qui pendant leur vie ont fait de bonnes actions par le corps, par les paroles, par l'esprit, renaîtront après leur mort parmi les hommes nobles et riches ou dans quelque ordre des cieux. Mais ceux qui, pendant leur vie, ont commis de mauvaises actions par le corps, les paroles et l'esprit, iront, après leur mort, dans le lieu de douleur, ou dans l'enfer, ou dans la région des monstres, ou deviendront animaux privés de raison, ou bien fantômes. Ceux qui ont commis beaucoup de péchés descendront aussitôt dans les enfers ; mais ceux qui ont des péchés mêlés de bonnes actions naîtront dans la région du roi des enfers. Alors les satellites des enfers les prendront par les bras et les traîneront au palais du roi des enfers, qui leur demandera s'ils n'ont jamais vu les députés des anges, c'est-à-dire un petit enfant dans l'ordure, un vieillard décrépit, un malade, un prisonnier chargé de chaînes, un condamné flagellé et un mort. Si vous en avez vu, pourquoi n'avez-vous donc pas pensé à la mort et à faire des actes méritoires ? Alors il leur rappellera les bonnes actions de leur vie passée, et s'ils peuvent se les rappeler, ils sont délivrés des enfers ; s'ils en ont perdu le souvenir, les satellites les attachent et les conduisent dans quelqu'un des enfers, selon qu'ils le méritent.
Il y a huit grands enfers, savoir : 1° sanxipa-narokสัญชีวนรก ; 2° kala-suta-narokกาฬสุตนรก ; 3° sáng-khata-narokสังฆาฏนรก ; 4° rôruva-narokโรรุวนรก ; 5° maha-rôruva-narokมหาโรรุวนรก ; 6° dapha-narokตาปนนรก ; 7° mahá-dapha-narokมหาตาปนนรก ; 8° avichi-narokอเวจีนรก. Chacun des grands enfers est entouré de seize autres enfers qui eux-mêmes sont entourés de quarante enfers plus petits. Les huit grands enfers ont la forme d'un coffre de fer carré, de cent lieues de longueur, autant de hauteur, de largeur et d'épaisseur. À chacun des côtés estime porte, à l'entrée de laquelle Phaja-jomพญายม, les rois des enfers, ont placé leur tribunal.
Du premier enfer.
Le premier enfer s'appelle sanxipสัญชีพ à cause d'un certain vent qui ressuscite les morts pour être tourmentés de nouveau. Ceux qui ont tué les animaux, les voleurs, les ravisseurs, les rois qui entreprennent des guerres injustes, les oppresseurs des pauvres iront dans le sanxip. Là, les satellites de l'enfer, armés de couteaux et de haches, les coupent par morceaux, de sorte qu'il ne reste que les os. Alors il souffle un vent par la vertu duquel ils reprennent la vie, et leurs corps redeviennent entiers comme auparavant ; en se rencontrant les uns les autres, ils sont transportés de fureur, leurs ongles se changent en lances et en épées ; ils se percent et se tuent mutuellement. Ils renaissent de nouveau par la vertu du vent et sont de nouveau coupés en morceaux par les satellites ou les démons, et ils périssent et renaissent successivement jusqu'à ce qu'ils reprennent une nouvelle vie dans la région des monstres ; ensuite ils deviennent animaux, puis hommes lépreux, fous, pauvres ou difformes. Un jour dans cet enfer équivaut à neuf cent mille années terrestres.
Du deuxième enfer.
Le second enfer s'appelle kala-sutกาฬสุต à cause d'une lame de fer élastique qui frappe les corps des damnés. Il est situé au dessous de sanxipa-narok. Les démons de cet enfer attachent les damnés avec des chaînes de fer et les étendent sur un pavé de fer rouge ; alors ils font vibrer une lame de fer qui les coupe et les dissèque par morceaux. Mais les morts ressuscitent et cherchent à fuir ; bientôt repris par les satellites, ils sont soumis à des supplices nouveaux et variés et en même temps ils sont brûlés par le feu. Un jour dans cet enfer équivaut à trente-six millions d'années parmi les hommes.
Quand les damnés sortent de cet enfer, ils sont encore tourmentés dans l'enfer supérieur, et ensuite passent par tous les ordres mentionnés plus haut. Tous ceux qui, excités par la colère, ont chargé de liens d'autres hommes ou des animaux, les faux talapoins, les menteurs, les brouillons, ceux qui ont étouffé par le feu dans leur retraite les rats ou les serpents vont dans le kalasuta-narok.
Du troisième enfer.
Le troisième enfer tire son nom d'une montagne qui écrase les damnés ; il est situé au dessous du précédent. Ceux qui sont condamnés à cet enfer ont un corps de bœuf, de buffle, de cheval, d'éléphant, de cerf, avec une tête d'homme, ou un corps d'homme avec une tête de bœuf, de cheval, etc. Les démons les chassent comme des troupeaux, les frappent fréquemment avec des barres de fer rouge. Ils fuient entre deux montagnes qui bientôt se heurtent l'une contre l'autre, et les damnés sont tous broyés. Là aussi, aux quatre points cardinaux, sont des montagnes rondes qui roulent tour à tour et écrasent les animaux de cet enfer. Après la mort, la résurrection et de nouveaux tourments. Sont condamnés au sangkhata-narokสังฆาฏนรก tous ceux qui traitent durement les troupeaux et les bêtes de somme ; les pêcheurs et surtout les chasseurs. Ceux qui sortent de cet enfer doivent passer par tous les enfers supérieurs et par tous les autres degrés déjà cités.
Du quatrième enfer.
Le quatrième enfer rôruvaโรรุว tire son nom des pleurs et des gémissements des damnés ; il est situé au-dessous du précédent. Il est rempli de fleurs de nymphéa, de fer rouge, très serrées, épineuses, au milieu desquelles les damnés sont plongés et brûlent aussi bien intérieurement qu'à l'extérieur, en poussant des hurlements et des gémissements épouvantables. Sont condamnés à cet enfer pour quatre mille ans surtout les adultères de l'un et l'autre sexe, les faux témoins, les calomniateurs. Un jour dans rôruva-narok équivaut à cinq cent soixante-seize millions d'années terrestres. Lorsque leur temps est expiré, les damnés passent dans tous les petits enfers qui l'environnent, ensuite ils montent aux enfers supérieurs avec leurs adjacents, et ensuite par tous les autres degrés de peines déjà cités.
Du cinquième enfer.
Le maha-rôruvaมหาโรรุว, situé au-dessous du précédent, est aussi planté de fleurs de nymphéa armées de pointes de fer rouge sur lesquelles sont placés et brûlent les damnés qui poussent des hurlements horribles ; mais toutes les fois qu'ils sautent en bas, les démons les broient aussitôt avec un maillet de fer. Nouvelle résurrection, nouveaux supplices. À cet enfer sont condamnés surtout ceux qui ont brisé les têtes des animaux, etc., et ils sont tourmentés pendant huit mille ans.
Du sixième enfer.
Le nom de cet enfer désigne la chaleur intense des charbons ardents et des flammes. Les damnés y sont mis à de grandes broches de fer ; alors s'allume un grand feu qui les cuit. Quand ils sont tout à fait rôtis, les portes de l'enfer s'ouvrent d'elles-mêmes, et des chiens énormes armés de dents de fer se précipitent aussitôt et dévorent les chairs rôties des damnés, qui bientôt ressuscitent, sont de nouveau mis à la broche et de nouveau dévorés. Les incendiaires surtout et tous ceux qui ont fait cuire des animaux sont condamnés à dapha-narokตาปนนรก. Leur supplice dure seize mille ans.
Du septième enfer.
Dans le mahá-dapha-narokมหาตาปนนรก le feu est beaucoup plus intense que dans le précédent. Il y a une montagne très élevée et escarpée que les damnés s'efforcent d'escalader pour échapper aux démons qui les poursuivent. Dès qu'ils sont arrivés au sommet de la montagne, un tourbillon de vent très violent les saisit, les précipite en bas, et ils tombent sur des pieux de fer rouge qui les percent et les brûlent. Leur supplice dure un âge antarakabอันตรกัป. Sont condamnés à cet enfer les rois cruels qui ont fait empaler des hommes.
Du huitième enfer.
avichi-narokอเวจีนรก est ainsi nommé parce que le feu y brûle sans cesse et que d'ailleurs cet enfer est absolument plein de damnés, de sorte qu'il n'y a pas de place vide. C'est le dernier et le plus profond des enfers, il est plein d'un feu continuel au milieu duquel les damnés percés de toutes parts de broches brûlantes sont tourmentés par des flammes dévorantes depuis l'apparition du soleil et de la lune jusqu'à l'apparition du nuage qui annonce la destruction du monde. On met dans ce lieu tous ceux qui ont commis des péchés continuels, les rois avides de guerres, les persécuteurs des saints, les parricides, ceux qui ont tué leur mère ou un saint, les infidèles, c'est-à-dire ceux qui sont hors de la religion, et ceux qui trompent les hommes par des comédies, des danses et des bouffonneries.
Des seize enfers qui entourent chacun des grands enfers.
Nous avons dit que chacun des huit grands enfers a pour cortège seize enfers plus petits dont le nombre s'élève donc à cent vingt-huit. Ils ont aussi la forme d'un coffre de fer de trente lieues de longueur, de largeur et de hauteur. Ils sont placés par quatre, aux quatre angles de chacun des grands enfers. Ces quatre petits enfers sont appelés : le premier khutha-narokคูถนรก, à cause des excréments dont il est rempli ; là fourmillent de grands vers qui percent et tourmentent les damnés. Le second se nomme kukula-narokกุกกุฬนรก, il est plein de cendre brûlante dans laquelle les damnés sont plongés et se roulent jusqu'à ce qu'ils soient réduits en cendre. Le troisième porte le nom de : alipatavana-narokอสิปัตตวนนรก ; il est planté d'arbres dont les feuilles sont des glaives à deux tranchants. Lorsqu'un vent violent souffle, les feuilles tombent de toutes parts sur les damnés et coupent leurs membres par morceaux. En outre, des corbeaux et des vautours aux becs de fer se jettent sur eux, les déchirent, les dissèquent et dévorent toute leur chair avec les entrailles. Le quatrième s'appelle vetarani-natthiเวตรณีนที, fleuve salé, il est plein d'eau extrêmement salée. Les damnés font tous leurs efforts pour arriver près de ce fleuve afin d'apaiser leur soif ; mais il faut marcher sur de grandes épines de fer qui leur déchirent tout le corps ; et aussitôt qu'ils sont descendus dans l'eau, les démons les percent à coups de traits ou de trident, ou les pêchent avec des hameçons comme on pêche des poissons, et lorsqu'ils les ont tirés à terre, ils les broient, leur arrachent les entrailles et les coupent en morceaux. Quelquefois même, pour étancher leur soif, ils leur versent du fer fondu dans la bouche.
Des petits enfers.
En dehors des enfers secondaires il y a dix autres petits enfers qui les entourent de chaque côté, ce qui fait quarante pour chaque grand enfer ; on les appelle jomalôkikaยมโลกียนรก, régions du roi des enfers, et ils sont au nombre de trois cent vingt ; mais il suffira de parler de dix, parce qu'ils sont disposés dix par dix et que chaque dizaine est semblable. Le premier de ces petits enfers s'appelle donc : lôha-kumphi-narokโลหกุมภีนรก, à cause d'une grande marmite de fer dont l'ouverture a soixante lieues de diamètre ; elle est pleine de fer fondu et bouillant, dans lequel on fait cuire les damnés comme des grains de riz dans un chaudron. Le second porte le nom de simphaliva-narokสิมพลีนรก à cause des arbres épineux dont il est rempli. Les damnés, serrés de près par les satellites, essaient de monter sur les arbres dont les épines déchirent leurs corps ; les corbeaux et les vautours se jettent sur eux et avec leurs becs de fer ils les déchirent, leur arrachent les entrailles et dévorent leur chair. Le troisième est appelé ajôthaka-narokอโยคุฬนรก ?, à cause du fer fondu et bouillant dans lequel les satellites plongent les damnés après les avoir enchaînés. Le quatrième se nomme phusa-narokธุสนรก, enfer de balles de riz, parce qu'il y a un fleuve auprès duquel accourent les damnés pour étancher leur soif ; mais dès qu'ils ont mis de l'eau dans leur bouche, elle se change en balle de riz ardente qui brûle leurs entrailles. On appelle le cinquième sunakha-narokสุนขนรก, à cause des chiens monstrueux armés de dents de fer qui se précipitent sur les damnés et dévorent leur chair. Mais le sixième porte le nom de misaka-banphata-narokปิสสกปัพพตนรก ; là sont des montagnes ardentes qui par une rotation rapide écrasent les damnés et les réduisent en poudre. Le septième est : tamphôthaka-narokตามโพทนรก ou mer d'airain fondu dans laquelle nagent les damnés qui sont pris à l'hameçon par les satellites, traînés au rivage, et alors on leur fait avaler de l'airain fondu. Le huitième s'appelle ajôhkula-narokอโยคุฬนรก ; il est plein de boulettes de fer rouge que les satellites font avaler aux damnés. Le neuvième s'appelle asiavutha-narokอสินขนรก ; dans cet enfer les damnés ont aux pieds et aux mains des lances au lieu d'ongles, et ils se déchirent eux-mêmes. Les satellites munis de différentes armes les percent et les coupent de toute manière. Le dixième porte le nom de jantapha-sana-narokยันตปาสาณนรก, enfer des pierres qui écrasent. Là les damnés sont exposés à une pluie continuelle de pierres brûlantes qui les écrasent et les réduisent en poudre.
Du lôkanta-narok.
On appelle ainsi autant d'enfers qui occupent l'espace entre les mondes joints les uns aux autres, et là où il y a trois mondes qui se touchent, là au milieu se trouve un lôkanta-narokโลกันตนรก. Dans cet enfer règnent des ténèbres éternelles et très épaisses ; c'est la demeure des infidèles et des impies qui assurent qu'il n'y a ni péchés ni vertus. Ils naissent dans cet enfer avec une figure horrible et un corps énorme ; ils sont accrochés par leurs ongles aux montagnes qui sont les murailles du monde, comme les chauves-souris se suspendent aux arbres ; si quelquefois ils se rencontrent, ils se mordent et se luttent jusqu'à ce qu'ils roulent en bas dans l'eau qui supporte le monde. Cette eau devient aussitôt corrosive et dissout tout leur corps. Ensuite ils ressuscitent et s'efforcent de remonter avec leurs ongles sur les murailles du monde ; ils se rencontrent de nouveau, se luttent, sont précipités dans les eaux corrosives où ils sont dissous, et leur supplice recommence sans interruption.
Des pret ou monstres.
Au-dessus des enfers et dans les forêts Himaphanป่าหิมพานต์ est la région des monstres. Ces pretเปรต ont une forme hideuse et tout à fait horrible. Ils souffrent une soif continuelle ; mais il ne leur plaît pas de boire de l'eau ; ils vont errant de côté et d'autre pour boire l'humeur qui découle des narines, la sueur, la salive, les flegmes, le pus, l'urine, les excréments et toutes les ordures de cette espèce qui font leurs délices. Quelques-uns d'eux mangent les charognes. D'autres, dont le corps est très gros, ont une bouche aussi petite que le trou d'une aiguille et souffrent une faim continuelle. D'autres, très maigres, ressemblent à des squelettes, et leur corps répand au loin une puanteur insupportable. Quelques-uns ont la forme de serpents, de cerfs, de chiens, de tigres, etc. Il y a des pret qui n'ont qu'un pied, un œil, une main ; il y en a qui vomissent des flammes par la bouche, dont le corps est enflammé, et qui ont des cheveux hérissés et brûlants ; il y a des pret blancs, noirs, jaunes, gigantesques, couverts de tumeurs qui répandent du sang et du pus, demi pourris, avec une tête énorme, des ongles de fer rouge ; qui ont un corps humain avec une tête de bête ou un corps de bête avec une tête humaine. Les peines des damnés peuvent être abrégées et même supprimées par les suffrages et les aumônes des vivants.
Des animaux privés de raison.
Les animaux sont incapables de sainteté même dans le premier degré. On les divise en quatre classes : 1° les animaux sans pieds, 2° les bipèdes, 3° les quadrupèdes, 4° les multipèdes. Parmi les animaux on compte les naghasนาค ou serpents, qui ont la faculté de prendre la forme des hommes et même des anges. Ils ont sous terre un royaume de cinq cents lieues de largeur et une ville magnifique resplendissante d'or et de pierres précieuses nommée Hiranjavadíหิรัญวดี, où habite leur roi. Le royaume des naghas est appelé Badanบาดาล. Les naghas sont doués d'une force admirable ; ils soufflent un poison mortel, et même ils peuvent tuer les hommes par leur seul regard ou par le contact.
Les khrutครุฑ ou garuda sont des oiseaux monstrueux, avec le corps d'un homme et le bec d'un aigle ; ils habitent le bas du mont Meruเมรุ ; ils peuvent saisir et dévorer les naghas de la petite espèce, mais ils ne peuvent pas enlever les gros.
De l'homme.
L'homme est appelé manutมนุษย์, parce qu'il est doué de raison et d'intelligence plus que les autres animaux. Les hommes se divisent en deux classes : les hommes méchants, les hommes sages.
Il y a quatre espèces de mauvais discours : le mensonge, la langue méchante et perverse, les médisances, les bouffonneries.
Il ya cinq commandements qui défendent : 1° de tuer les animaux, 2° de voler et tromper, 3° de commettre la fornication et l'adultère, 4° de mentir, 5° de boire toute espèce de liqueurs enivrantes.
Il y a huit commandements qui sont observés par les hommes pieux ; ils comprennent les cinq commandements ci-dessus avec les trois suivants : s'abstenir de nourriture pendant le temps défendu, c'est-à-dire depuis midi jusqu'à l'aurore ; s'abstenir des comédies, de la danse, des chansons, des fleurs et des parfums ; ne pas dormir ni s'asseoir sur un lit précieux ou élevé de plus d'une coudée, ni sur des coussins.
Il y a trois prières fort en honneur parmi les bouddhistes ; ceux qui les récitent pensent s'acquérir un grand mérite.
La première est intitulée akan-sám-sib-songอาการ สามสิบสอง et commence ainsi : Kesá-lôma-nakhá-thantaเกสา-โลมา-นะขา-ทันตา, etc. Ce n'est pas autre chose que la récitation des trente-deux parties du corps humain, par laquelle on se rappelle l'instabilité des choses humaines et la mort. Voici, selon les bouddhistes, l'énumération des trente-deux parties du corps : les cheveux, les poils, les ongles, les dents, la peau, la chair, les nerfs, les os, la moelle, la rate, le cœur, le foie, les poumons, l'estomac, le péritoine, les gros boyaux, les petits boyaux, le chile, le suc gastrique, le fiel, les flegmes, le pus, le sang, la sueur, la graisse, les larmes, la graisse liquide, la salive, la morve, les tendons, l'urine, la cervelle.
La seconde prière commence ainsi : Itipisò phakhava arahang sámma sámphutthô vixa charana sámpanôอิติปิ โส ภะคะวา อะระหัง สัมมาสัมพุทโธ วิชชาจะระณะสัมปันโน, etc. C'est l'énumération des qualités divines de Bouddha.
La troisième prière s'appelle phra-trai-sara-nakhomพระไตรสรณคมน์, c'est une invocation à Bouddha, à la nature et aux talapoins. Elle commence ainsi : Phutthang saranang khaxámiพุทธัง สรณัง คัจฉามิ, thammang saranang khaxámi ธัมมัง สรณัง คัจฉามิ, sangkhang saranang khaxámiสังฆัง สรณัง คัจฉามิ, etc. Ce qui veut dire : Je sais et je crois que Bouddha est mon refuge, je sais et je crois que la nature est mon refuge, je sais et je crois que les talapoins sont mon refuge.
De l'origine des choses.
Selon les bouddhistes, toutes les créatures ont un commencement qui n'apparaît pas ; c'est-à-dire qu'ils avouent qu'ils ne connaissent pas l'origine des choses ; bien plus, ils défendent de faire des recherches sur cette origine. Ils reconnaissent cependant que Phra-thamพระธรรม est éternel. Mais qu'est-ce que Phra-tham ? C'est ce qui est vrai, ce qui est juste, les lois de la nature, les lois naturelles. Phra-tham est quelque chose d'incorporel, ce n'est pas un esprit, ni une chose que l'imagination puisse concevoir ; c'est quelque chose d'ineffable.
Du mérite et du démérite.
Les bouddhistes ne reconnaissent donc aucune cause première créatrice, mais ils supposent toutes choses créées, et alors ils disent que tout se fait, est gouverné et coordonné par le mérite ou par le démérite. Ils attribuent aux vertus générales des animaux la reconstruction des mondes, des cieux et tous les biens en général ; mais ils attribuent aux vices des animaux, pris collectivement, la destruction des mondes, les enfers, les différents degrés de peines et tous les malheurs en général. Par animaux on doit comprendre toutes les créatures douées de la vie. Le mérite et le démérite ne sont pas quelque chose de corporel ou de spirituel, ce ne sont pas des êtres, c'est une simple vertu qui provient des bonnes ou des mauvaises actions. La beauté, la noblesse, les honneurs, les richesses, la santé et une vie heureuse proviennent des vertus de chacun dans ses vies antérieures ; de même que la difformité, une basse extraction, les opprobres, la pauvreté, les maladies et les infortunes découlent du démérite de chacun dans les temps passés.
De la transmigration des âmes.
Quand quelqu'un meurt, aussitôt le mérite et le démérite se présentent à lui. Si c'est le mérite qui ouvre la voie le premier, il prend naissance dans une condition meilleure et plus heureuse, ou bien il monte à quelque ordre des cieux. Mais si, au contraire, c'est le démérite qui ouvre la voie, il naît dans une condition plus méprisable, ou bien dans quelque degré des enfers, ou dans la région des monstres, ou parmi les géants, ou au milieu des animaux privés de raison. La jouissance du bonheur use le mérite, de même que le démérite s'efface par la souffrance des peines et des malheurs. Ceux qui sont dans les cieux, lorsqu'ils meurent, passent sur la terre ou dans les enfers ; mais ceux qui sont dans les enfers ne peuvent reprendre une nouvelle vie parmi les hommes, qu'après avoir passé par tous les enfers supérieurs en suivant les degrés, ensuite dans la région des monstres, la région des géants et enfin par le corps des animaux. Chacun subit des transmigrations innombrables, ce qu'on appelle vien-kot vien-taiเวียนเกิด เวียนตาย , ou succession continuelle de naissances et de morts. Excepté Bouddha et les saints du premier ordre, tous oublient leurs vies passées dont le souvenir est effacé à chaque fois par un certain vent.
Les âmes doivent nécessairement subir des transmigrations jusqu'à ce que, s'élevant peu à peu par les huit degrés de sainteté, elles soient délivrées de toute concupiscence ; et alors, ayant traversé la mer orageuse de ce monde, elles abordent au rivage tranquille et éternel que l'on appelle : Mûang-këo-amatha-mahá-nirûphanเมือง แก้ว อมต มหา นิพพาน, le royaume immortel et précieux de la grande extinction ou anéantissement.
Conclusion.
Quoique les bouddhistes donnent de grandes louanges à leur Bouddha, cependant ils ne le regardent pas comme un Dieu, puisqu'il n'a pas participé à la création et qu'il n'a aucune part au gouvernement du monde. D'ailleurs, de même que les innombrables Bouddhas qui l'ont précédé, il est déjà anéanti. Mais ils le vénèrent comme un saint, un bon docteur et un excellent prédicateur, dont la doctrine doit former les hommes à la piété et à la vertu pendant cinq mille ans. Ils ne regardent pas non plus Phra-tham comme Dieu, puisqu'ils affirment que ce n'est pas un être, que ce n'est ni un corps ni un esprit. On doit dire la même chose du mérite et du démérite. On peut donc conclure que la religion des bouddhistes est une religion d'athées ; et quoique cette religion cherche à réprimer les vices par la crainte des châtiments, elle n'offre cependant aucune récompense aux vertus, sinon des plaisirs passagers, et à la fin l'abîme épouvantable de l'anéantissement !
2 janvier 2019