Rares sont les chrétiens du XVIIe siècle qui ont essayé de comprendre le bouddhisme. La plupart n'y ont vu qu'un fatras de superstitions, ou, comme le jésuite Claude de Bèze un chaos impénétrable de fables et d'imaginations ridicules, sans principe, sans raisonnement. Et au XIXe siècle encore, lorsque l'évêque Barthélemy Bruguière tentait d'expliquer cette croyance à un de ses amis, il le mettait d'emblée en garde : je dois vous exhorter d'avance à avoir du courage, car il faut en avoir pour soutenir la lecture de toutes les absurdités et de toutes les extravagances que je vais écrire. De fait, l'esprit cartésien français s'accommode mal du bouddhisme siamois, largement imprégné d'animisme et de brahmanisme, de féérique et de merveilleux. Si Voltaire reconnaissait l'excellence des principes moraux prônés par les talapoins, il se gaussait des mille et une légendes qui émaillaient leur doctrine : Par quelle fatalité, par quelle fureur est-il arrivé que, dans tous les pays, l'excellence d'une morale si sainte et si nécessaire a été toujours déshonorée par des contes extravagants, par des prodiges plus ridicules que toutes les fables des métamorphoses ? Pourquoi n'y a-t-il pas une seule religion dont les préceptes ne soient d'un sage, et dont les dogmes ne soient d'un fou ? Il y eut tout de même quelques esprits, peut-être plus éclairés que les autres, mais au moins plus curieux, plus tolérants et surtout plus honnêtes, qui, sans renier leurs croyances, mais mettant de côté leurs préjugés, s'efforcèrent d'étudier et de comprendre le bouddhisme. Il faut rendre hommage à Louis Laneau, l'évêque de Métellopolis, qui passa trois années dans un monastère et, au XIXe siècle, à Jean-Baptiste Pallegoix, dont les chapitres de sa Description du royaume thaï ou Siam consacrés à la religion des Siamois exposent d'une façon claire et sans jugement de valeur le système et la cosmologie bouddhiste. Ce chapitre regroupe quelques textes consacrés au bouddhisme siamois. |
5 mars 2019