PRÉSENTATION

Nous ne savons pas grand-chose du sieur de Saint-Vandrille, ni même s'il ne s'agit pas d'un nom de guerre comme en prenaient alors certains officier. Ce nom n'apparaît pas dans la Liste des officiers choisis par le roi pour commander les compagnies d'infanterie que Sa Majesté envoie a siam datée de Versailles, le 14 février 1687 et conservée aux Archives Nationales de Paris sous la référence Col. C1/27 ff° 46r° et suiv., mais cette liste semble avoir subi de nombreuses modifications entre le moment où elle fut signée et le départ de la flotte le 1er mars suivant. Aux Archives Nationale, où elle est conservée sous la cote Fr Anom C1/25 ff° 106-117, cette relation porte le titre de Rapport au ministre sur les événements du Siam, par M. de Saint-Vandrille, neveu de M. d'Alvimare, pour remplacer un mémoire de ce dernier, égaré au Cap (Middelbourg, 30 décembre 1689), ce qui nous renseigne au moins sur la parenté de Saint-Vandrille avec M. d'Alvimare, capitaine de la 1ère compagnie, et sur le destinataire de ce texte, le ministre en question ne pouvant être que M. de Seignelay, ministre de la marine. Pour le reste, nous en sommes réduits aux conjectures. Nous savons seulement, par d'autres relations, que Saint-Vandrille était lieutenant, qu'il commandait le corps de garde qui gardait la porte du palais du roi Naraï à Lopburi, et qu'il tint son poste courageusement lorsque Phetracha, après l'arrestation de Phaulkon, lui fit demander de se retirer : Il [Phetracha] envoya le vieux mandarin que l'on a vu à Paris aux autres officiers français qui étaient au corps de garde près de la grande porte du palais, pour leur ordonner de se retirer. Saint-Vandrille, qui commandait dans ce parti, fit réponse avec beaucoup de fermeté qu'ayant été mis là pour le service du roi par M. Constance quand il était entré au palais, ils n'en sortiraient que par l'ordre qu'il leur en donnerait lui-même quand il retournerait chez lui. Ils demeurèrent en effet tout le jour à la tête de leur compagnies siamoises en si bon ordre au milieu de l'armée ennemie, qu'elle n'osa jamais les insulter, et quand Phetracha envoyait des détachements pour faire ses rondes autour du palais et dans les quartiers voisins, le corps de garde les arrêtait hardiment et les obligeait à prendre de grands détours. (Le Blanc, Histoire de la révolution du royaume de Siam, 1692, I, pp. 151-152). Et Saint-Vandrille fit partie des six Français retenus à Lopburi qui tentèrent de s'échapper pour regagner Bangkok en juin 1688, épisode dans lequel mourut l'ingénieur Bressy.

La relation présentée ici a été rédigée, comme plusieurs autres, dans la prison de Middelbourg, en Hollande, où furent transférés les Français des navires le Coche et la Normande qui avaient été capturés au début de mai 1689 lors de leur escale au cap de Bonne-Espérance, ignorant que la guerre contre la Ligue d'Augsbourg avait été déclarée le 26 novembre 1688 et que les Hollandais étaient officiellement redevenus des ennemis. Dans son préambule, Saint-Vandrille nous apprend qu'il essayait de reconstituer une relation destinée à M. de Seignelay qui lui avait été confiée par son oncle, M. d'Alvimare (sans doute resté à Pondichéry avec Desfarges et ayant participé à l'expédition de Phuket) et qui avait été perdue ou saisie par les Hollandais au cap de Bonne-Espérance. De la part d'un acteur des événements, c'est donc un document de première main, sincère et fidèle, qui se devait de figurer dans ce chapitre. Nous en avons revu l'orthographe et la ponctuation, nous l'avons divisé en deux parties pour faciliter le chargement des pages, et nous avons tâché de l'éclairer par quelques notes.

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La relation de Saint-Vandrille
1ère partie

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24 février 2019