Du 15 décembre 1687 au 27 mai 1688.

Le 15, à midi, je partis de Siam pour Bangkok où j'arrivai sur les minuit. Le sieur de Vertesalle, commandant en l'absence de M. Desfarges, m'attendait sur le pont où l'on se débarque. Il me reçut et me fit tout l'honneur possible. Je fus conduit au logis qu'on m'avait préparé entre deux haies de soldats sous les armes, tambour battant, et trouvai dans la cour du logis une garde de cinquante hommes avec un capitaine, un lieutenant et un enseigne. Pendant le chemin qu'il y a de la porte de la ville au logis, qui est environ de cent pas, le canon de la place fit grand bruit. Après avoir reçu les compliments des officiers de la garnison et des mandarins de la ville de Bangkok, je me retirai. Pendant le chemin de Siam à Bangkok, je fus toujours accompagné de quantité de balons de garde et les gouverneurs de chaque ville à leur tête, lesquels se retiraient quand ils sortaient de leur gouvernement.

Je demeurai tout le 16 à Bangkok pour achever de régler toutes mes affaires et me disposer pour mon retour en France. M. de Vaudricourt vint me trouver audit lieu de Bangkok pour convenir du détachement du navire la Normande avec le sieur de Courcelles qui la commandait. Nous tombâmes d'accord, qu'en exécution des ordres du roi, que ce navire partirait incessamment pour se rendre à Pondichéry et de là dans la rivière de Bengale pour y prendre sa charge de marchandises pour la Compagnie et ensuite faire son retour en France.

Je vis monter la garde et faire l'exercice aux troupes françaises qui la firent fort bien. Il me parut que le sieur de Vertesalle avait pris grand soin de dresser les soldats (1).

Le 17 décembre, au matin, je m'embarquai en compagnie du révérend père d'Espagnac (2), l'un des jésuites, lequel doit être établi à Mergui. Opra Vissiti Sompton (3) s'embarqua aussi avec moi pour m'accompagner jusqu'à Mergui où il devait aller avec le sieur de Brissy, l'ingénieur du roi (4), pour prendre le plan de l'île accordée à la Compagnie.

Je fis route toute la journée avec plusieurs balons de garde des gouvernements des lieux où je passai. À moitié chemin de Bangkok, à Tachin (5), je trouvai le gouverneur d'une grande ville nommée Rapry (6), suivi de plusieurs balons, lequel, après m'avoir fait compliment, se mit en marche à la tête de son escorte, et le gouverneur de Bangkok vint prendre congé de moi pour s'en retourner. Il est à remarquer que dans chaque ville ou bourg il y a un mandarin qui rend la justice aux peuples et qui exécute tous les ordres de la Cour, et que lorsqu'il y a une forteresse ou garnison dans les villes ou bourgs, ce mandarin ne commande point les troupes mais bien un autre homme de guerre, lesquels sont partout étrangers.

À quatre ou cinq lieues de Bangkok, je trouvai les 25 matelots que j'avais fait venir de Mergui, lesquels faisaient partie de l'équipage du Président, pour fortifier les équipages des vaisseaux du roi, et particulièrement du Dromadaire qui n'aurait pas pu revenir en France sans ce secours, ayant perdu plusieurs matelots de son équipage.

À peu de distance de là, la rivière diminue, en sorte que ce n'est plus qu'un petit canal où il y a très peu d'eau, et on supplée à ce défaut par des buffles qui sont disposés de distance en distance pour tirer les balons sur la vase, jusqu'à ce qu'on trouve davantage d'eau, ce qui dure environ deux ou trois lieues, après lesquelles nous continuâmes notre route jusqu'à Tachin où nous arrivâmes sur les cinq heures du soir, après avoir traversé plusieurs rivières que l'on a communiquées de l'une à l'autre par des canaux tirés en droite ligne.

Tachin est un gros bourg distant de huit lieues de Bangkok, dépendant du gouvernement de Rapry, situé sur le bord d'une très agréable rivière où il peut monter des bâtiments de 100 tonneaux ou environ. Il y avait un navire chinois de cette grandeur et plusieurs bâtiments malais. Je fus reçu dans une maison faite exprès et meublée à l'ordinaire. Il n'y a aucune clôture, mais seulement un petit fortin de briques, avec quelques rideaux, dont la muraille peut avoir dix pieds de haut, sans fossé ni terrasse. Il y a seulement quelques créneaux garnis de fauconneaux de fonte (7) qui tirèrent à mon arrivée. Il y a de fort bonne eau en cet endroit.

Le 18, je partis de Tachin pour aller à Meclon (8). Il y a à moitié chemin un passage, comme celui du jour précédent, où les balons furent tirés par des buffles, mais un peu plus long et plus fâcheux. J'arrivai sur le soir à Meclon, distant de Tachin de dix lieues et demie. Cette ville est plus grande que Tachin, située sur le bord d'une rivière que l'on nomme aussi Meclon, à une lieue de la mer. On trouve de bonne eau en cet endroit. La ville n'a aucune enceinte, mais elle est défendue par un petit fort carré à quatre bastions qui sont fort petits, bâtis de briques. Il n'y a pas de fossé, mais il est inondé de pleine mer ; les courtines ne sont que de gros pieux plantés en terre avec quelques traverses de distance en distance.

Je laissai les balons et je m'embarquai, le lendemain 19, dans une galère assez propre, et on avait encore préparé d'autres galères et des barques appelées miroux pour porter mes gens et mon bagage. Le gouverneur de Rapry vint me conduire jusqu'à l'embouchure de la rivière, où il prit congé, et celui de Meclon, avec son escorte, longea la côte de la baie et me vint rejoindre à l'entrée de la rivière de Pipely (9), distante de quatre lieues. La mer forme une assez grande baie de quatre lieues de large et la rivière de Meclon s'y vient rendre, courant du nord au sud ; celle de Pipely s'y rend aussi, courant du sud au nord. Lors que je fus au milieu de la baie, je vis les hauts des mâts des vaisseaux du roi qui étaient vis-à-vis de l'embouchure de la rivière de Siam à six ou sept lieues de distance de cette baie, et les vaisseaux nous demeuraient à l'est.

Étant arrivé dans la rivière de Pipely, je trouvai le gouverneur, qui est Turc de nation de la ville de Burse, lequel était gouverneur de Bangkok lorsque le chevalier de Chaumont y arriva (10). Il était à la tête de son escorte dans son balon. Il fit remorquer trois galères jusqu'à Pipely, qui est huit lieues avant dans la rivière. Toute l'entrée est entièrement deserte, mais après avoir monté deux lieues, on trouve un fort beau pays qui s'étend en plaines des deux côtés, très bien cultivées et semées de riz ; il y a aussi des pâturages couverts de bestiaux.

Le gouverneur de Pipely, qui avait pris le devant, me reçut en mettant pied à terre, au bruit de quelques pièces de canon qui étaient au bord de la rivière devant la porte de la ville, et me conduisit au logis qu'il m'avait fait préparer, construit et meublé comme les autres où j'avais passé. Il y a de Meclon à Pipely douze lieues. Cette ville est une des plus considérables de Siam, où les rois ont autrefois fait leur résidence. Elle est enceinte d'un mur de briques avec quelques bastions dont il reste encore une partie en état. Les maisons de la ville n'ont aucune beauté, n'étant bâties que de bambous. Il n'y a de beau que les pagodes qui sont en grand nombre, et principalement celle qui est auprès du débarquement, qui est très bien bâtie et fort dorée.

Sur le soir, le gouverneur vint me prier de vouloir bien retarder mon départ d'un jour parce que toutes les voitures et les gens qu'il avait ordonnés n'étaient pas encore arrivés, et qu'il courait risque d'être châtié si je voulais partir avant que tout fût prêt. Je fis ce que je pus pour partir, étant pressé par la saison, mais voyant ce gouverneur si affligé, et que d'ailleurs je manquerais de beaucoup de choses, je lui promis de séjourner le lendemain tout le jour.

Le 20, on emmena devant mon logis environ quarante charrettes tirées chacune par deux bœufs, lesquelles sont si étroites dans le fond qu'il n'y peut entrer aucun ballots ni coffres qui ait plus d'un pied et demi de large. On chargea sur le midi tous mes gros bagages, et de ma suite, qui emplirent trente charrettes que je fis partir sur le soir. Je gardai seulement avec moi ce dont je ne pouvais me passer.

Le 21, au point du jour, je me mis en marche pour aller coucher à Chaam (11). Le gouverneur vint me prendre à mon logis et me conduisit à mon palanquin et me fit excuse si l'on ne tirait point de canon à mon départ, parce qu'il craignait que les éléphants prissent l'épouvante au bruit de l'artillerie, et ensuite monta sur son éléphant à la tête de cent soldats, avec deux étendards de taffetas blanc. Je suivais dans mon palanquin. À côté de moi était mon fils qui était à cheval. J'étais suivi de mon éléphant sur lequel il y avait une chaise dorée couverte d'une espèce de dôme servant de parasol, soutenu de quatre colonnes, le tout fort bien doré et orné de tapis et de coussins de brocart d'or. Le harnais de l'éléphant était de drap écarlate de quatre doigts de large, garni de clous d'argent de la même figure et grandeur que les bossettes des brides des chevaux en Europe. Mon éléphant était suivi de dix autres, sur chacun desquels il y avait une chaise et une couverture ronde comme celles des balons des opra (12), les unes de verni rouge et les autres de noir et toutes dorées. Les dix éléphants étaient montés par les gens de ma suite et étaient suivis de dix-huit autres avec des couvertures de bambou toutes unies pour mes domestiques et gens de livrée. Après ces éléphants, marchaient cinq palanquins à la manière du pays, couverts de bambous, et à chacun quatre hommes pour les porter, et quatre autres hommes pour rechange. Après, marchait le bagage nécessaire pour moi et ma suite, la chapelle, la cuisine et l'office, portés par 130 hommes marchant tous en file. Cette marche était fermée par une cinquantaine de soldats et M. l'ambassadeur (13) sur son éléphant et sa chaise d'opra. Mon maître d'hôtel, à cheval, suivait le tout.

Nous marchâmes dans un fort beau pays pendant deux lieues, après lesquelles nous trouvâmes une maison nommée Ponta de Serra, et en siamois Boakao (14), où je descendis pour manger. Le gouverneur me fit excuse s'il ne m'accompagnait pas plus loin, disant qu'il avait reçu ordre de la Cour de s'y rendre incessamment. Je trouvai en cet endroit environ cent charrettes dont trente pour mon bagage, et le reste pour porter des vivres et des meubles pour toute la caravane, avec plus de trente mandarins pour ordonner toutes choses. Après avoir mangé, je me remis en marche. Le gouverneur m'accompagna encore environ une lieue ou deux et puis il prit congé de moi, et ensuite s'en retourna à la ville.

Nous arrivâmes après le soleil couché à Chaam, distant de sept lieues de Ponta de Serta. Ce bourg n'a aucune clôture et n'est composé que de maisons faites de bambous. J'y fus logé dans une maison faite exprès à l'ordinaire. On trouve, avant d'arriver à Chaam, une montagne de roche fort escarpée et assez haute, quoique très étroite de circonférence, assise au milieu d'une plaine fort déserte qui avait duré depuis Ponta de Serta. Il y a au milieu de cette montagne une pagode creusée dans le roc où l'on monte par un escalier de pierre, et les talapoins ont pratiqué des logements dans le même rocher (15). Il y a beaucoup de pyramides de briques blanches sur cette montagne, qui sont l'ornement de la pagode. Il y a de bonne eau dans ce lieu. Le révérend père d'Espagnac et le sieur Deslandes arrivèrent au logis fort tard avant dans la nuit. Leur arrivée me tira de la crainte où j'étais qu'il ne leur fût arrivé quelqu'accident à cause des tigres et des éléphants sauvages qui sont en très grand nombre dans ce pays.

Le 22 au matin, je me remis en chemin avec l'escorte ordinaire, à la réserve des soldats de Pipely qui s'en retournèrent, et que ceux de Chaam prirent leur place. Nous marchâmes toujours dans un pays désert ou nous ne vîmes rien que de temps en temps quelques bestiaux qui sont épars par les campagnes, sans gardiens. Nous arrivâmes sur le soir à Praam (16), distant de Chaam de onze lieues et demie. Cette ville est assez grande. Les maisons et les pagodes sont toutes de bambous. Sa forme est un carré long fermé de pieux debout, plantés dans la terre, avec quatre tours carrées aux quatre coins, bâties de briques, de douze pieds en carré ou environ, avec quelques créneaux, sans aucune terrasse ni fossés, mais au-dedans des palissades on y a planté des bambous qui sont fort près les uns des autres, qui forment une bonne et forte haie vive assez agréable à la vue. Je fus logé dans un logis fait exprès à l'ordinaire. Il y a une rivière qui coule le long de la clôture de cette ville distante de deux lieues de la mer, où les barques peuvent entrer. Elle était salée quand je la passai, parce que c'était alors la saison des grandes marées et dans le temps qu'il n'y a point de bonne eau à boire. Je traversai cette rivière sur un ponton qu'on avait fait avec deux balons sur lesquels on avait mis des planches en travers, ce qui servit aussi à passer les charrettes, mais on fit mettre à l'eau les éléphants qui disparurent en même temps en marchant au fond de la rivière, et reprenaient haleine avec leur trompe comme par un tuyau qu'ils portent au-dessus de l'eau de temps en temps. Les Siamois disent que les éléphants nagent, mais je n'ai point pu distinguer s'ils marchent ou s'ils nagent au fond de la rivière.

Le lendemain 23, je partis de Praam pour aller à Qouy (17), distant de neuf lieues. Cette ville est à peu près de même que celle de Praam. Il y a une petite rivière dans une profonde vallée auprès de la ville qui est sur la hauteur. Cette rivière va se rendre dans la mer à une lieue et demie, ou environ, et il peut y entrer des barques jusques à trois quarts de lieue de Qouy.

J'allai coucher à Bahiron (18), distant de six lieues et demie, où il n'y avait point d'autre maison que celle qu'on avait fait bâtir exprès pour me loger, laquelle était située dans le bois, au pied d'une montagne assez rude. Il y avait en cet endroit une si grande quantité de tigres que l'on fut obligé de faire la garde pendant la nuit, d'allumer des feux et tirer des coups de mousquets de temps en temps autour de la maison pour épouvanter ces animaux qui viennent surprendre la nuit les hommes et les bestiaux. L'ambassadeur me dit que les Siamois que l'on avait mis à la garde de cette maison avaient été contraints de l'abandonner parce que les tigres venaient leur faire la guerre par troupes. Cet avis nous fit tenir sur nos gardes. Sur les onze heures du soir, j'entendis un bruit de voix confuses de gens que la frayeur faisait crier. Je n'étais pas encore retiré et je crus d'abord que c'étaient les tigres qui nous venaient visiter, mais en sortant j'aperçus que c'était le feu qui avait pris à l'appartement de mes gens, à qui il donnait cette alarme. Ces maisons ne sont que de bambous, couvertes de paille, en sorte que je crus que la maison serait consumée en un moment. Cependant, nous en fûmes quittes pour la peur, et un de mes gens de livrée, qui était couché dans le lit le plus proche du feu, lequel fut brûlé en deux ou trois endroits pour ne s'être pas retiré assez vite. Il y avait un petit baril de poudre sous le matelas où prit le feu, sans que néanmoins il y en arriva aucun accident.

Le 24, je partis au jour pour passer la montagne d'où on peut découvrir les deux mers, savoir celle de Siam, du côté de l'est, et celle du golfe de Bengale, du côté de l'ouest. J'allai dîner à Nompaye, distant de cinq lieues, et le même jour coucher à Sera où il n'y avait point d'autre maison que celle où je logeai. Il y a de Nompaye à Sera deux lieues.

Le 25, j'allai dîner à Meunam, qui est un petit village dans les montagnes, éloigné de quatre lieues de Sera. Il y a en cet endroit une rivière avant d'arriver au village, laquelle étant près de sa source ne paraît qu'un petit ruisseau qui passe au travers des rochers et dont l'eau est bonne et claire. Nous n'avions point trouvé d'eau depuis Qouy. Celle que l'ambassadeur avait fait porter sur les charrettes avait été bue par les Siamois dès la première journée, en sorte que sans la précaution que j'avais prise d'en faire porter dans les caves, j'aurais beaucoup souffert dans cette marche par une chaleur presque insupportable.

Le gouverneur de Meunam vint au-devant de moi, environ deux lieues, avec les principaux de son village. Il me fit civilité, ensuite de quoi il marcha à pied devant mon éléphant jusqu'au logis qu'on m'avait préparé, où étant arrivé, il me fit servir quantité de viandes, poissons et fruits à la mode du pays. Je fus surpris de voir tous les habitants de ce lieu extraordinairement faibles et décharnés, et en ayant demandé la raison à l'ambassadeur, il me dit que l'air du pays était si malsain qu'aucun Européen ni Siamois n'y pouvait vivre, et qu'il n'y avait que les gens nés dans le lieu qui y pouvaient subsister, encore n'y vivaient-ils pas vieux, et n'avaient-ils presque jamais de santé. Je m'aperçus bientôt qu'il me disait vrai, car plusieurs de mes gens tombèrent malades le même jour, dont ils ont eu grand peine à se tirer.

De Meunam je vins coucher le même jour a Gelingue, éloigné de quatre lieues. L'opra, gouverneur du lieu, âgé de près de 80 ans, vint au-devant de moi, quoiqu'il pût à peine marcher. Il était suivi de plusieurs gens dont deux portaient chacun une grande rondache (19), d'autres des sabres et d'autres des hallebardes à la mode du pays, et avait avec lui six ou sept mandarins de son gouvernement. J'appris le soir, étant à Gelingue, que les charrettes qui portaient mon bagage n'étaient point arrivées, et qu'elles n'avaient pas paru dans la route depuis deux jours, ce qui m'obligea d'y demeurer tout le lendemain 26, et ne pus partir que le 27 assez tard, parce qu'il fallut embarquer mon bagage dans des petits balons plats faits exprès pour naviguer dans cette rivière.

Le 27, je m'embarquai dans un de ces balons et commençai à descendre la rivière où il y avait très peu d'eau. A peine eus-je fait une lieue que je commençai à trouver des chutes d'eau qu'il faut passer avec ces dites barques au travers des rochers. Ces chutes d'eau sont fort fréquentes dans cette rivière et il y en a jusqu'à six ou sept pieds de haut et sont très dangereuses dans le temps des grandes eaux, parce que si ces barques venaient à toucher en tombant contre les rochers, elles se briseraient avec dangers de se noyer à cause de la profondeur que fait l'eau en tombant avec rapidité. Le lit de cette rivière est fort étroit et les bords sont relevés de hautes falaises. Outre ces chutes d'eau, dont on en a compté trente-deux, il y a quantité de gros arbres qui traversent la rivière et qui la rendent d'une très difficile et dangereuse navigation, principalement dans le temps des grandes eaux.

Tous les endroits ci-dessus ne sont pas autre chose que des maisons qu'on avait bâties exprès pour me loger, n'y ayant ni villages ni habitations. La rivière étant bordée de rochers, d'arbres et de pays déserts, je vis pendant cette route quantité de pas que les éléphants sauvages et les rhinocéros font pour venir boire, et nous tirâmes sur quelques paons sauvages dont il y en a quantité sur cette rivière qui augmente en largeur et en profondeur à proportion qu'on approche de Ténassérim.

Le lieutenant de l'oya de Ténassérim vint au-devant de moi jusqu'au plus prochain gîte, à la place de l'oya qui avait été arrêté par l'ordre du roi et conduit à Louvo, à cause de ce qui s'était passé au meurtre des Anglais à Mergui (20).

Le 30, en approchant de Ténassérim, je trouvai un balon bien équipé qu'on avait préparé pour moi, ainsi que plusieurs autres pour ma suite. Mais l'empressement que j'avais d'arriver à Mergui me fit prendre le parti de suivre ma route jusqu'à Ténassérim sans changer de voiture, ce qui m'aurait retardé. Un peu après avoir rencontré ces balons, je trouvai le chevalier de Forbin (21) et le sieur de Beauregard (22), opra de Mergui, avec le sieur Ferault (23), qui venaient au-devant de moi. Je m'embarquai dans leur balon pour me rendre plus promptement à Ténassérim où je mis pied à terre pour dîner. En descendant, je fus salué de plusieurs coups de canon. Je trouvai toutes les rues, depuis la descente jusqu'au logis, bordées d'une double haie de mousquetaires, avec quantité de tambours et étendards. Ces rues étaient tapissées de toiles peintes de verdures et de fleurs. L'on me présenta une chaise pour me porter et des chevaux pour ma suite, mais comme le chemin était court, je le fis à pied. Étant arrivé au logis, on me conduisit dans un divan au fond duquel il y avait un théâtre fort haut sur lequel il y avait un fauteuil sous un dais où je pris place, et ces Messieurs auprès de moi. Quantité de Mores de bonne mine et richement vêtus vinrent me saluer avec les mandarins siamois de la province, et ensuite se placèrent au bas du théâtre sur des estrades où ils demeurèrent fort longtemps avec beaucoup de respect ; ensuite ils se retirèrent et on servit à dîner, lequel étant achevé, je retournai m'embarquer pour me rendre à Mergui. On recommença à faire tirer l'artillerie à mon embarquement. On tira du canon d'une forteresse, faite de pieux, qui est au-dessous de Ténassérim, qui y sert de citadelle.

Cette ville est fort grande et assez peuplée et paraît avoir été autrefois très considérable, étant close d'un mur de briques qui tombe en ruine. Il y a une église avec une maison que l'on achève de bâtir de l'autre côté de la rivière, presque vis-à-vis de cette petite forteresse. Cette église et la maison appartiennent aux missionnaires français, où ils ont toute liberté et y sont fort respectés.

Je rencontrai dans cette rivière, un peu au-dessous de Ténassérim, un navire de 300 tonneaux qui était à l'ancre, qu'on me dit avoir été pris par Monsieur Wit, Anglais (24), ci-devant chabandar de Mergui, par ordre de M. Constance, sur le sieur Marcara, Arménien, frère de celui qui est à Paris (25), étant allé traiter dans la rivière de Cirian (26) au Pégou, lequel navire avec sa cargaison valait bien 80 000 écus.

J'arrivai à Mergui le premier jour de l'année 1688, sur le soir. Je fis le chemin de Ténassérim à Mergui, qui est de seize lieues, en vingt-quatre heures. Je marchai presque toute la nuit, quoique l'on eût disposé plusieurs maisons pour me recevoir, auxquelles je ne voulus point m'arrêter pour gagner du temps.

Mergui est une île qui est située à l'embouchure de la rivière de Ténassérim, et n'est séparée de la terre ferme que par un bras de la rivière dans lequel il y a trois brasses d'eau partout et fort sain, à la réserve de l'entrée où il y a quelques roches qu'il est aisé d'éviter. Cette île a quinze à seize lieues de tour, très bien boisée et plate, à la réserve de cinq ou six petites hauteurs assez proches les unes des autres, sur l'une desquelles on a bâti un petit fortin fait en forme d'étoile dont la clôture n'est que de pièces de bois de dix pieds de haut, plantées en terre et liées en haut par une traverse. Il est défendu de quelques pièces de canon dans les flancs où il y a des sabords qui se ferment comme dans un navire, n'y ayant au surplus ni fossé ni terrasse. Ce fortin peut avoir cinquante pas de circuit. Il défend une batterie de 34 à 36  pièces de canon qui est au-dessous, laquelle bat à fleur d'eau et défend le port sans aucune autre fortification qu'un chemin couvert, épaulé d'une palissade qui communique du fortin à la batterie.

Le port en est très assuré contre tous les mauvais temps et on peut même, avec peu de dépense, en défendre l'entrée par une chaîne, y ayant un banc de chaque côté de l'entrée qui ne laisse qu'un assez petit espace, où il y a trois ou quatre brasses d'eau de basse mer, laquelle monte autant a pic dans la pleine mer. Ce port est fermé par une petite île nommée Badracan qui est vis-à-vis de Mergui, du moins dans le lieu le plus proche du port, et on n'y pourrait pas faire de l'eau aisément pour les vaisseaux, mais il y a dans l'île de Badracan (27) une petite rivière de très bonne eau où on peut s'en fournir, n'étant pas plus éloignée des vaisseaux que de Mergui.

Je fus obligé de séjourner trois jours à Mergui, à cause qu'il fallait prendre le temps pour sortir le navire le Président pour aller en rade, qui n'en est éloigné que de trois quarts de lieue, et où les navires sont autant en sûreté que dans le port.

Je m'embarquai le 4 janvier et fis voile le même jour. Opra Vissiti Sompton, avec une petite frégate et quelques galères, m'accompagnèrent jusqu'à l'île de Poulo Tavay que le roi de Siam a donnée a la Compagnie (28). Cette île est parfaitement bien située et couverte de bois propre à bâtir des vaisseaux et des maisons. Elle est arrosée de quantité de fontaines et de petites rivières et dont l'eau est bonne. On peut mouiller tout autour de l'île mais, outre cette commodité, il y a un port qui est fermé par trois petits îlots qui sont vis-à-vis de l'île, où les navires sont en toute sûreté. Cette île est la première qu'on trouve quand on veut aller à Mergui en venant de Coromandel et de Bengale.

J'arrivai à Madraspatan le 24 janvier. M. le chevalier de Forbin, qui était avec moi sur le President, désira d'aller à terre et prit l'occasion d'une chelingue (29) de la ville qui vint nous reconnaître, pour y descendre ; en même temps qu'il sortit du bord, il arriva une autre chelingue dans laquelle était un père capucin français, nommé père Raphaël, qui vint de la part du gouverneur de Madras pour voir le capitaine du navire. Ayant appris que j'y étais, il me vint faire civilité et me dit que si le gouverneur avait su que j'eusse été à bord, il m'aurait envoyé faire civilité. Le père dîna avec moi et me conta que la ville de Madras était en alarme parce qu'on y avait avis que le Moghol y envoyait une partie de son armée pour s'en rendre le maître et en chasser les Anglais, que tous les peuples du voisinage de la Compagnie s'étaient réfugiés dans la forteresse et y avait apporté toutes leurs richesses, et qu'on se préparait à se bien défendre, parce qu'indubitablement le Moghol ferait tous ses efforts pour prendre cette place, ne voulant point la laisser seule dans les États de Golconde dont il s'était rendu le maître le 4 novembre dernier en se saisissant de la ville capitale et du roi qu'il tenait aux fers depuis sa prise (30). Le père me dit aussi qu'ils étaient parfaitement bien traités par les Anglais et qu'ils y avaient toute liberté de faire les fonctions de missionnaires publiquement, et que même ils avaient une église et un couvent assez bien bâtis dans la ville.

Aussitôt que le chevalier de Forbin fut entré chez le gouverneur et qu'il eut appris que j'étais à bord, il me salua de seize coups de canon de la forteresse et je lui fis rendre le salut. Après quoi, le père étant retourné à terre, je continuai ma route pour Pondichéry. Je passai devant les ruines de la ville de Saint-Thomé (31) que les Portugais ont obtenue du roi de Golconde et même du Moghol, et ils travaillent à la rétablir. L'église principale est déjà rétablie.

J'arrivai à Pondichéry le 25 de janvier où je trouvai en rade le vaisseau du roi l'Oiseau, commandé par M. Duquesne qui y était arrivé il y avait cinq jours, venant de Siam dont il était parti le 25 novembre, ayant passé par le détroit de Malacca. Ce vaisseau est le premier de Sa Majesté qui ait paru dans cette mer de Malacca. M. Duquesne me dit en arrivant qu'il était tout prêt de partir pour France et qu'il avait fait embarquer autant de ballots qu'il en avait pu contenir dans les soutes de son navire, n'en pouvant mettre ailleurs, que néanmoins il ferait encore quelque place pour loger encore quelques ballots.

Je mis pied à terre le même jour au soir et, le lendemain, ayant entretenu le sieur Martin avec les sieurs Deslandes et Martin le jeune (32), et ayant pris leurs avis sur tout ce que j'avais projeté pour l'établissement de la Compagnie dans ces quartiers, je travaillai à faire mes mémoires et donner les ordres que je crus utiles à la Compagnie, ce qu'ayant achevé le 2ème jour de février, je m'embarquai sur le vaisseau l'Oiseau, et le même jour nous fîmes voile pour venir en France. Le Président n'ayant pu charger en si peu de temps, il est demeuré à Pondichéry d'où il devait partir le 8 du même mois de février.

La nouvelle de la prise du roi de Golconde et de son royaume par le Moghol me fut confirmée à Pondichéry par le sieur Martin qui m'expliqua l'état des affaires de la Compagnie dans les États de ce prince. Il me fit voir aussi une lettre qu'il avait reçue de Surate, par laquelle le directeur de la Compagnie lui donnait avis des mauvais traitements que le gouverneur de cette ville fait aux Européens, qu'à la vérité les Français étaient toujours mieux traités que les autres, mais que la prospérité du Moghol lui donnait une si grande fierté, et à ses officiers pareillement, qu'ils méprisaient les Européens ; que les Anglais avaient fait des prises considérables sur les sujets du Moghol et qu'ils n'avaient point eu d'égards aux commissions que ledit directeur français avait données à quelques navires mores à la prière des marchands de Surate qui avaient eu recours à la protection et au pavillon de France pour se tirer de l'oppression des Anglais.

M. Constance avait été d'avis que j'envoyasse quelqu'un à la cour du Moghol pour y solliciter la confirmation des privilèges de la Compagnie et un firman (33) pour son établissement dans la province de Bengale. Je communiquai cette proposition au sieur Martin, et j'avais jeté la vue sur le sieur Deslandes pour cet emploi, mais je changeai d'avis sur les raisons que m'allégua le sieur Martin en me faisant connaître que la Compagnie ferait une dépense considérable qui lui serait inutile, parce qu'outre qu'il y avait apparence que le Moghol ne recevrait pas trop bien l'envoyé de la part de la Compagnie, il était certain que ce prince était fort vieux et qu'il faudrait recommencer après sa mort à faire un autre envoi (34), qu'en cas même qu'on obtînt le firman, il faudrait encore une nouvelle dépense et de nouveaux présents pour le gouverneur de Bengale pour faire reconnaître ce firman et l'exécuter, que le gouverneur qui était à présent à Bengale, qui se nomme Cha Est Kan, oncle du roi et fort vieux, ayant plus de 80 ans, et qui a même perdu la vue depuis peu, qu'il ne peut subsister longtemps, et qu'on ne sait encore qui pourra lui succéder au gouvernement de cette province qu'il tient en souveraineté en payant trente millions tous les ans au Moghol, et qu'ainsi il était de sentiment de se servir de l'ancien firman et de la protection de ce vieux gouverneur qui était ami des Français pour faire le commerce de la Compagnie jusqu'à ce qu'il soit mort, après quoi il pourra prendre des mesures pour un nouveau firman, soit en s'adressant au gouverneur qui viendra ou même au Moghol qui succédera à celui qui règne à présent, suivant les occasions et l'état des affaires. Ce prince a deux fils dont l'aîné est disgracié et même en fuite et sous la protection du roi de Perse. Il a son parti dans la nation de Rajapour, dont sa mère était, et attend selon toutes les apparences la mort de son père pour disputer la souveraineté à son frère que le Moghol a déclaré héritier présomptif de ses États par préférence à son frère, par une inclination qu'il a très forte pour celui-ci qu'il élève auprès de lui. Il ne se peut qu'il n'y ait beaucoup de divisions dans ce royaume après la mort du Moghol.

Ainsi, j'ai été de même avis que ledit sieur Martin et ai remis à prendre les résolutions suivant qu'il conviendrait par la suite pour profiter des occasions qui se présenteront, et ai donné les ordres que j'ai crus les plus nécessaires pour se disposer cependant à faire le commerce de la Compagnie le mieux qu'on pourra en attendant d'autres conjonctures.

Nous sommes arrivés au Cap de Bonne-Espérance le 11 avril. Nous y avons séjourné jusques au 19. Je reçus des lettres que le capitaine du navire le Saint-Nicolas, appartenant à la Compagnie, avait laissées. Il m'avait attendu trois semaines et en était parti le 12 mars.

La veille de notre départ, nous vîmes arriver les vaisseaux le Dromadaire et les Jeux, ce dernier venant de Surate. Ils s'étaient rencontrés sur le banc des Aiguilles (35). Le sieur d'Andennes, capitaine du Dromadaire, me dit qu'il était parti de Siam avec MM. de Vaudricourt et de Joyeux le 3 janvier, qu'ils étaient sortis du détroit de Sunda le 1er février et qu'ils s'étaient séparés par un coup de vent de sud-ouest le 15 du dit mois par les 14° 19' de latitude sud et 117° 40' de longitude ; que le père Tachard s'était embarqué sur le vaisseau le Gaillard pour venir en France en qualité d'envoyé extraordinaire du roi de Siam, et qu'il avait apporté à bord la lettre du roi avec toutes les cérémonies accoutumées. Le révérend père mène avec lui dix-huit mandarins, savoir six pour lui faire honneur et les douze autres, jeunes enfants, pour mettre au collège des révérends pères jésuites à Paris (36). Il est aussi chargé de présents considérables pour le roi et toute la maison royale.

Nous sommes arrivés à l'île de l'Ascension le 19 mai, où nous avons trouvé une lettre du capitaine du navire les Jeux qui marque que les vaisseaux du roi le Gaillard et la Loire étaient arrivés au Cap de Bonne-Espérance le 24 avril où ils devaient rester jusqu'au 1er mai.

Nous avons trouvé le vaisseau le Fleurissant à 1 degré sud de la ligne, le 27 mai, venant de France. Il avait fait sa traversée en trente-sept jours. Le lieutenant dudit vaisseau vint à bord et nous apprit la guerre avec les Algériens (37).

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Du 1er au 13 décembre 1687.

NOTES

1 - On trouve parfois Verdesal ou, comme sur les documents officiels, Verdesalle. Vertesalle paraît plus largement admis. Un brevet signé à Versaille le 31 août 1687 donnait au sieur de Verdesalle, capitaine et major du régiment de la Marche, le commandement des troupes qui vont à Siam sous les sieurs Desfarges et du Bruant (A.N. Col. C1/27 f° 41r°). C'est lui qui commandait la garnison de Bangkok en l'absence de Desfarges. Selon François Martin (Mémoires, II, p. 520), M. de Vertesalle savait bien la guerre, il était fort attaché à en faire observer tous les règlements, mais entêté dans ses sentiments et qui ne revenait pas aisément ; il dépensait à sa table les appointements qu'il avait du roi où les officiers étaient bien reçus, et il en était aimé. Toujours d'après le directeur du comptoir de Pondichéry, Vertesalle n'était pas aimé de Phaulkon, et il avait eu du bruit aussi avec des officiers de marine, et l'on dit qu'on avait écrit en France contre lui. 

2 - Pierre d'Espagnac (1650- ?) était l'un des 14 jésuites-mathéticiens recrutés par le père Tachard à la demande du roi Naraï. Il s'embarqua sur le Mergui avec les troupes de Du Bruant lors de la débâcle de la garnison de Mergui. La disette sévissant à bord, le navire mouilla à la côte de Martaban et d'Espagnac descendit à terre avec l'officier Beauregard et quatre soldats pour essayer d'acheter des vivres. Ils tombèrent dans un piège et furent emmenés prisonniers à Syriam. On ignore quel fut leur sort. Le Mercure Galant de Janvier 1691 publiait : On apprit par le retour d'un petit vaisseau portugais, que ce père qui avait échappé à la mort avec bien de la peine dans la chaleur de l'action qui se passa entre les Français et ces sauvages, avait été conduit au roi, qui fait sa résidence à près de 200 lieues dans les terres, dans la ville d'Ava que ce prince, qui est en même temps empereur d'Ava et de Pégou, lui avait fait assez bon accueil, et lui avait assigné pour sa demeure une église où il y a plusieurs chrétiens, tant Portugais que Pégouans. Dans une lettre datée du 20 janvier 1691, le missionnaire Jean Genoud écrivait : Le père d'Espagnac a été nouvellement relégué sur les confins du royaume d'Ava, quoique les chrétiens de l'église qu'il servait, l'aimant comme leur propre père, offrissent une bonne somme d'argent afin de le garder chez eux. (Launay, Histoire de la Mission de Siam, 1920, I, p. 304). 

3 - Okphra Visut Sunthon (ออกพระวิสุทธิสุนทร) était le titre de Kosapan (โกษาปาน), qui avait été premier ambassadeur du roi de Siam en France en 1686. 

4 - Ce sieur de Brissy (ou Bressy, ou encore Brécy) mourra dans des circonstances obscures alors qu'il tentait de fuir de Lopburi avec cinq ou six autres captifs. L'officier Saint-Vandrille, qui faisait partie des fugitifs, relate : Nous fûmes pris par sept ou huit cents hommes à une lieue de Siam, après avoir passé trois ou quatre corps de garde. La faim et la fatigue nous obligèrent de nous rendre à composition, car quoique nous ne fussions que six, ils n'osèrent nous approcher que de fort loin, voyant que nous avions nos pistolets. Ils nous promirent tout ce que nous leur demandâmes, et lorsque nous y songions le moins, ils se jetèrent sur nous et après nous avoir noircis de coups, ils nous menèrent à Louvo attachés à la queue de leurs chevaux et ils ne discontinuèrent pas pendant le chemin de nous maltraiter. Le sieur Bressy, ingénieur, en mourut. (AN C1/25, f° 111v°). Bressy avait un frère qui servait dans la garnison de Mergui. Il fut tué lors d'une sortie contre les Siamois. (Mémoire des choses qui ont été rapportées par François Walch […], BN Ms. Fr. 15476, f° 125v°). 

5 - Tha Chin (ท่าจีน), littéralement, le Port chinois, était l'ancien nom de Samut Sakhon (สมุทรสาคร), à l'embouchure de la Ménam Tha Chin, sur le golfe de Siam. 

6 - Ratchaburi (ราชบุรี). 

7 - Petit canon dont la longueur varie, ainsi que le calibre : il y en a depuis un quart de livre, jusqu'à quatre livres de balles, qui pèsent depuis 150 livres, jusqu'à 800 livres ; sa longueur est d'environ sept pieds [2 mètres]. Lorsque les embrasures sont ruinées, on ne peut plus continuer le service du gros canon dans les siège,; mais il est toujours possible de se servir de petites pièces, comme le fauconneau, qu'on transporte aisément sur des affûts à rouage ou à roulettes, que deux hommes peuvent traîner aisément sur le rempart. Les coups de ces pièces sont incertains, parce qu'on ne peut les disposer comme l'on veut, mais quoiqu'ils portent au hasard, ils n'inquiètent pas moins l'assiégeant en faisant ça et là du dégât. (Alexis de Gaigne, Nouveau dictionnaire militaire, 1801, p. 225. 

8 - Mae Klong (แม่กลอง), autre nom de Samut Songkhram (สมุทรสงคราม), à l'embouchure de la rivière Ménam Mae Klong, sur le golfe de Siam. 

9 - Phetchaburi (เพชรบุรี), la Cité des Diamants, à environ 160 km au sud de Bangkok, à l'extrémité nord de la péninsule malaise. 

10 - Ce gouverneur fut l'un des premiers officiels siamois que Forbin rencontra en arrivant dans le royaume. Après avoir vu le gouverneur de la Barre, parmi trois ou quatre hommes assis à terre sur leur cul, ruminant comme des bœuſs, sans souliers, sans bas, sans chapeau, n'ayant sur tout le corps qu’une simple toile dont ils couvraient leur nudité, il se rendit à Bangkok et n'y fut guère mieux reçu : Le Gouverneur de cette place, Turc de nation, et un peu mieux accommodé que celui de la Barre, nous donna un allez mauvais souper à la turque ; on nous servit du sorbec pour toute boisson. (Mémoires du comte de Forbin, 1729, I, p. 98 et suiv.). Quelques mois plus tard, Forbin sera amené à remplacer ce Turc au poste de gouverneur de Bangkok. 

11 - Cha-am (ชะอำ), au sud de Phetchaburi. 

12 - Okphra (ออกพระ), titre de noblesse, au 5ème rang sur 14 selon l'Institut royal de Thaïlande. 

13 - Kosapan, qui fut ambassadeur de Siam en France. 

14 - Ponta da Serra est évidemment un nom donné au lieu par les Portugais. Baokao est très certainement Bang Kao (บางเก่า), aujourd'hui un district de Cham-am. 

15 - Sans doute le Wat Cha-am Khiri (วัดชะอำคีรี).

ImageLe Wat Cha-am Khiri. 

16 - Pranburi, (ราณบุรี), dans l'actuelle province de Prachuap Khiri Khan (ประจวบคีรีขันธ์). 

17 - Kuiburi (กุยบุรี), dans la partie nord de la province de Prachuap Khiri Khan. 

18 - Nous n'avons pu identifier cette localité, ni les suivantes que mentionne Céberet dans son voyage vers Ténassérim. Il est probable que ces villes, villages ou lieux-dits, s'ils existent encore, se trouvent aujourd'hui sur le territoire de la Birmanie, Céberet ayant dû couper la péninsule malaise vers l'ouest pour rejoindre Mergui. 

19 - Bouclier de forme circulaire et généralement de taille moyenne. 

20 - Nous reproduisons ici le passage de A History of Siam de W.A.R. Wood qui relate cet épisode sanglant du conflit qui opposa la Compagnie anglaise des Indes au roi de Siam (1926, pp. 207 et suiv.) :

La Compagnie anglaise des Indes Orientales était fermement décidée à faire la guerre au Siam, ou plutôt, pourrait-on dire, à Phaulkon, le méchant garçon à qui elle imputait tous ses malheurs. L'objectif était triple : capturer et tenir le port de Mergui, capturer autant de navires siamois qu'il se pourrait, et arrêter et faire passer en cour martiale tous les Anglais au service du roi de Siam. Un certain capitaine Lake, envoyé comme espion à Ayutthaya, fut assez stupide pour se vanter des projets guerriers de la Compagnie. Il fut arrêté sur son navire, le Prudent Mary, par le chevalier de Forbin, commandant français du fort de Bangkok, et emprisonné à Lopburi où il mourut en 1687.

Deux Anglais gouvernaient alors Mergui : Richard Burnaby, l'ancien directeur du comptoir de la Compagnie à Ayutthaya, et Samuel White, frère de George White, le premier patron et protecteur de Phaulkon. Burnaby, qui portait le titre de Phra Marit (พระมะริด), était gouverneur et White était Shahbander, c'est-à-dire officier du port. Le roi Jacques II d'Angleterre leur adressa une lettre personnelle par laquelle il les invitait à trahir le roi de Siam et à livrer Mergui aux navires de la Compagnie. Le roi Jacques n'était jamais embarrassé pour demander à ses sujets de commettre des infamies.

Le 28 avril 1687, la compagnie anglaise envoya au roi Naraï une facture détaillée de 65 000 livres, en paiement des dommages subis par les sujets britanniques du fait de la guerre entre le Siam et Golconde, ainsi que pour les avances consenties à l'ambassadeur de Perse. Cette réclamation était accompagnée d'une lettre très amicale, assortie toutefois de menaces de représailles sur les sujets et les navires siamois, voire du blocus du port de Mergui, tant que la demande ne serait pas satisfaite.

La lettre ne fut délivrée qu'après l'arrivée à Mergui de deux frégates anglaises, le Curtana et le James. Le capitaine Anthony Weltden, du Curtana, débarqua, et une proclamation du roi Jacques II fut lue, ordonnant à tous les Anglais au service du roi de Siam de partir immédiatement. Les Anglais de Mergui, qui étaient au moins une cinquantaine, se préparèrent à obéir et une trêve de 60 jours fut proclamée pour permettre l'envoi de la lettre au roi Naraï à Ayutthaya. Après la proclamation de cette trêve, des préparatifs furent entrepris pour défendre le port. Weltden s'y opposa et le 9 juillet, il fit retirer quelques pieux qui avaient été plantés dans le lit de la rivière et captura un navire siamois, le Resolution.

Dans la nuit du 14 juillet, le gouverneur siamois de Mergui, exaspéré par les procédés de Weltden et craignant que tous les Anglais de Mergui ne fassent cause commune avec leurs compatriotes, canonna soudainement le James et réussit à le couler. Au cours de la même nuit, il tenta de faire massacrer tous les Anglais de Mergui. Weltden, qui était à terre, échappa de peu à la mort. White put s'échapper, mais Burnaby fut massacré avec environ cinquante autres Anglais. Cet incident, il faut l'avouer, n'était honorable ni pour les Anglais ni pour les Siamois. 

21 - Forbin, qui se considérait persécuté par Phaulkon, avait demandé son congé et s'était rendu à Mergui, attendant un navire pour regagner la France. Il raconte dans ses mémoires sa rencontre avec Céberet et leurs entretiens dans le navire qui les conduisait à Pondichéry (Mémoires du comte de Forbin, 1730, I, pp. 233 et suiv.) :

Peu de jours après notre arrivée à Mergui, M. Céberet y arriva suivi d'un grand cortège de mandarins. Il revenait de Louvo. La Loubère et lui y avaient été envoyés de France pour traiter du commerce et pour régler toutes choses avec Constance, car la négociation dont le père Tachard s'était chargé avait réussi. Ce père, trompé par Constance, comme nous avons déjà dit, et comptant de bonne foi de servir et la religion et l'État, n'avait rien oublié pour porter la Cour à entrer dans les vues, et à profiter de la bonne volonté du ministre de Siam, et, sur la parole de ce jésuite, la Cour avait donné dans ce projet d'alliance et avait envoyé des troupes commandées par le chevalier Desfarges, à qui on avait remis la forteresse de Bangkok, suivant ce qui avait été convenu.

Le mandarin qui avait été envoyé ambassadeur en France était du nombre de ceux qui accompagnaient M. Céberet. Dès qu'il m'aperçut, il courut à moi, tout plein de la magnificence du royaume. Il me dit que j'avais grand sujet de vouloir retourner dans mon pays, qu'il y avait vu toute ma famille et un grand nombre de mes amis avec qui il avait souvent parlé de moi, et ensuite, me faisant de grands éloges de la Cour et de tout ce qui l'avait le plus frappé, il ajouta en mauvais français : — La France grand bon, Siam petit bon.

M. Céberet, qui s'était rendu par terre de Louvo à Mergui, renvoya tous les mandarins après avoir fait à chacun des présents considérables. Il s'embarqua ensuite avec nous sur le vaisseau de la Compagnie et nous fîmes route pour Pondichéry. Sur ce que nous lui demandâmes des nouvelles de sa négociation avec M. Constance, il déclara publiquement qu'il n'était point satisfait de lui, et que ce ministre avait trompé la Cour à qui il avait promis des choses frivoles et qui n'avaient pas la moindre apparence de réalité.

Nous fûmes pendant toute la route, M. Céberet et moi, dans une grande liaison. Nos entretiens ordinaires roulaient sur le royaume de Siam et sur les manières de ces peuples. Il était si frappé de les avoir vus si pauvres, et de la misère du royaume, qu'il ne comprenait pas comment on avait eu la hardiesse d'en faire des relations si magnifiques.

« — Ce que vous en avez vu, lui dis-je un jour, est pourtant ce qu'il y a de plus beau. Tout ce royaume, qui est fort grand, n'est guère qu'un vaste désert. À mesure qu'on avance dans les terres, on n'y trouve plus que des forêts et des bêtes sauvages. Tout le peuple habite sur le bord de la rivière. Il s'y tient préférablement à tout autre endroit parce que les terres, qui y sont inondées six mois de l'an, y produisent presque sans culture une grande quantité de riz, qui ne peut venir et multiplier que dans l'eau. Ce riz fait toute la richesse du pays. Ainsi, en remontant depuis la barre jusqu'à Louvo, vous avez vu, et par rapport aux peuples, et par rapport à leurs villes, et par rapport aux denrées qu'ils recueillent, tout ce qui peut mériter quelque attention dans ce royaume. »

Une autre fois, comme nous parlions encore de ce pays, il témoigna souhaiter quelques éclaircissemts sur la manière dont le roi se gouverne dans son palais. « — Pour cet article, lui répondis-je, il n'est pas aisé de vous satisfaire. Ceux du dehors, quelque distingués qu'ils puissent être, n'entrent jamais dans cette partie du palais que le roi habite, et ceux qui y sont, une fois entrés, n'en sortent plus. Tout ce qu'on en sait de plus particulier, c'est que tout s'y traite dans un grand secret. Non seulement chacun y a son emploi marqué, mais encore chacun a son quartier séparé hors duquel il ne lui est jamais permis de sortir. Ceux qui servent dans les chambres qui sont les plus près de la porte ne savent et ne connaissent du palais que ce qui se passe en cet endroit. Les chambres attenantes ont de nouveaux officiers qui ne sont pas plus instruits que les premiers, et ainsi successivement jusqu'à l'appartement du roi, qui passe presque toute sa vie enfermé, faisant consister une partie principale de sa grandeur à ne se montrer que très rarement. Quand il a à parler à ses ministre, à ceux même qui sont le plus en faveur, il se montre par une fenêtre élevée de terre à peu près de la hauteur d'une toise, d'où il les entend, et disparaît après leur avoir brièvement expliqué ses volontés. »

M. Céberet m'ayant encore questionné au sujet de M. Constance, je lui dis tout ce que j'en savais, et quoiqu'il fût entré de lui-même assez avant dans les vues de ce ministre, dont il commençait à démêler la politique, je lui fis apercevoir bien des choses qui lui étaient échappées et de la vérité desquelles il ne douta plus dès qu'il fut en état de joindre ce que je lui disais avec ce qu'il avait déjà reconnu. 

22 - Beauregard était un jeune cadet venu au Siam avec l'ambassade du chevalier de Chaumont et y était resté, peut-être séduit par les promesses de Phaulkon. Il fut nommé gouverneur de Bangkok, puis de Mergui. Embarqué avec les troupes de Du Bruant lors de la débâcle de Mergui, il descendit à terre avec le jésuite Pierre d'Espagnac, fut fait prisonnier par les Péguans et emmené en esclavage à Syriam. On ignore ce qu'il est devenu. Voir sur ce site la page qui lui est consacrée : Beauregard

23 - Sans doute le missionnaire Pierre Ferreux (1657-1698), qui ramènera de Pondichéry les otages siamois après le coup d'État de 1688, et bénéficiera pour cela d'un régime de faveur, restant en liberté alors que la plupart des Français étaient emprisonnés. 

24 - Samuel "Siamese" White, frère cadet de George White, l'un des fondateur de l'East India Company. Phaulkon le nomma shabbendar (administrateur) du port de Mergui. Il fut largement impliqué dans le massacre des Anglais du 14 juillet 1687. Le navire capturé était le Santa Cruz

25 - La toute nouvelle Compagnie française des Indes avait besoin de dirigeants d'expérience, d'hommes connaissant les rouages et les pratiques du commerce avec l'Orient. Colbert fit appel à François Caron, un huguenot converti qui avait été directeur de la Compagnie hollandaise, et à Martin Marcara Avachintz, un Arménien d'Ispahan, négociant en pierres précieuses, homme d'un esprit insinuant, habitué par son origine et par des voyages antérieurs aux façons des monarques asiatiques (H. Blerzy, Les Français dans l'Inde, Revue des Deux Mondes, vol.78/1, novembre 1868, p. 141). Caron fut nommé directeur général et Marcara directeur de tous les comptoirs des Indes-orientales et de Perse. François Martin note dans ses Mémoires (1931, I, p. 106) : Ce fut un sujet d’étonnement de voir l’élévation de cet Arménien que l’on ne connaissait pas, qui même ne donnait pas de marques d’être un habile homme, et il est constant que l’on ne pouvait pas mettre un plus mauvais sujet au service de la Compagnie. Le jugement était excessif. D'emblée, Marcara se montra à la hauteur de la tâche, et obtint l'autorisation du roi de Golconde d'ouvrir un comptoir français dans ses États, bénéficiant des mêmes privilèges que les Hollandais et les Anglais qui y étaient déjà installés. Une brouille survint entre Caron irréconciliable dans la haine et sans retenue dans la vengeance qu’il prenait des gens qui l’avaient offensé et qui tombaient entre ses mains (Mémoires de François Martin, I, p. 289) et Marcara, qui dégénéra, et l'Arménien fut victime d'un complot, calomnié et accusé de détournement de fonds. Le 17 octobre 1670, Marcara, son fils Michel, son neveu de quatre ans Matthieu, ainsi qu’un autre de ses neveux furent tous jetés dans une petite embarcation et conduits sur un vaisseau français, La Couronne, qui les attendait sur la jetée. La cale du bateau, où ils étaient enchaînés, devint leur cachot pendant près de quatre ans. Sous les ordres de Caron, les prisonniers furent ballottés d’un port à l’autre de l’océan Indien (…) avant d’être transférés en France, via le Brésil, afin d’être jugés pour corruption. (Sebouh David Aslanian/Guillaume Calafat, Une vie sur plusieurs continents - Microhistoire globale d'un agent arménien de la Compagnie des Indes orientales, 1666-1688, Éditions de l'HEESS, 2018/1, pp. 20-21). Marcara intenta un interminable procès à la Compagnie des Indes, multiplia les mémoires et les factums, et obtint finalement un jugement en sa faveur et d'importants dédommagements de la part de la Compagnie. François Martin était sans nul doute un honnête homme, mais il était pétri des préjugés racistes de son époque, et son commentaire indique clairement qu'il regrettait cette décision de justice qui, à ses yeux, innocentait un Arménien, c'est-à-dire un coupable : Marcara ne s’est pas contenté d’un arrêt favorable en sa faveur, il a voulu pousser sa fortune et quoique sorti de la lie du peuple de Julfa qui est une colonie d’Arméniens aux portes d’Ispahan, ville capitale du royaume de Perse, il s’est fait passer pour un gentilhomme et d’une famille illustre de l’Arménie, afin de se faire taxer les dépenses qu’il a été obligé de faire pendant son séjour à Paris à poursuivre son procès sur le pied d’un homme de qualité ; son fils a fait un voyage à Ispahan pour tirer des attestations de sa prétendue noblesse ; il ne lui aura pas été difficile de réussir, puisque les Arméniens sont capables de tout ; il est fâcheux que cette nation ne soit pas connue en France ainsi qu’elle l’est dans l’Asie où l’on peut dire qu’on n’y voit point de plus grands fourbes ni de gens de plus mauvaise foi, même par rapport aux nations de cette partie du monde qui y passent pour les plus méchants. 

26 - Syriam, aujourd'hui Thanlyin, près de Rangoon, en Birmanie. 

27 - On trouve plusieurs épellations différentes dans les cartes de l'époque : Badercan, Bader Moucan, etc. Il s'agit de l'île appelée aujourd'hui Pahtaw Pahtet, vis-à-vis de Mergui.

ImageL'île de Bader Moucan (Pahtaw Pahtet) sur une carte de 1764. 

28 - Aujourd'hui île Tavoy ou Mali Kyun, la plus septentrionale de l'archipel de Mergui.

ImageL'archipel de Mergui sur une carte de 1764. 

29 - La chalingue, chalinque, ou chelingue, est un bateau plat par-dessous, fait de planches cousues avec de petites cordes de coco ; ils sont fort légers et hauts de bord ; ils obéissent à la lame, laquelle ne les a pas plutôt jetés sur le sable que les Nègres descendent pour vous emporter sur leurs épaules. (Aubin, Dictionnaire de marine, 1702, p. 182). Yule et Burnell donne pour l'origine du mot l'arabe shalandi, d'où dérive le malais chalanti et le tamoul shalangu. Ils citent de nombreuses autres formes : chelandia, chelandria, chelindras, chelande, chelingo, chialang, etc. (Hobson Jobson, 1903, p. 188). 

30 - Allusion à la prise de Golconde par l'empereur moghol Aurengzeb, après un siège de huit mois.

ImageAurengzeb à la prise de Golconde. Miniature anonyme XVIIIe siècle. 

31 - Santhome, au sud de Madras. Les Portugais avaient la ville en 1523, elle tomba sous la domination du sultan de Golconde entre 1662 et 1687. Les Français l'occupèrent brièvement entre 1672 et 1674. 

32 - Jean-Baptiste Martin, un collaborateur de François Martin, mais sans aucun lien de parenté avec lui. 

33 - Mot anglais, emprunté, par l'intermédiaire du turc ferman, du persan farman, « ordre, ordonnance royale ». (Dictionnaire de l'Académie française, 9ème édition). 

34 - Aurengzeb avait 70 ans en 1688, ce qui était effectivement un âge assez avancé pour l'époque. Toutefois, le souverain moghol eut une longévité exceptionnelle, puisqu'il ne mourut qu'en 1707, à l'âge de 89 ans. 

35 - Banc sablonneux qui longe le cap des Aiguilles, la pointe la plus méridionale du continent africain, à 175 :km au sud-est du Cap. Ce banc prend son nom du cap des Aiguilles et celui qu'on donne à ce cap vient de ce qu'au commencement de la navigation des Indes l'aiguille aimantée ne déclinait point en cet endroit. (De Mannevillette, Instructions pour la navigation des Indes orientales et de la Chine, 1775, p 42, note). 

36 - Tachard avait été chargé par le roi Naraï d'emmener 12 enfants siamois pour les exercer en France à tous les exercices des gentilshommes français. Faute de temps, il n'en put prendre que  5. Voir sur ce site la page Les enfants des ambassades

37 - Pour faire restituer des otages que la France détenait en représailles aux prises de vaisseaux effectuées par les pirates barbaresques en Méditerranée, le Dey d'Alger avait déclaré la guerre à Louis XIV. Le point fort de ce conflit fut le bombardement d'Alger par l'amiral Abraham Duquesnes en 1683. Une paix fragile fut signée en 1684, mais fut rapidement rompue et les hostilités reprirent. En 1688, le maréchal d'Estrée bombarda à nouveau Alger. Une paix durable ne fut signée qu'en 1690.

ImageLe bombardement d'Alger en 1688. 
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28 février 2020