PRÉSENTATION

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Né au début de mai 1656 à Nevers, de noble Jean de Bèze, seigneur de Vesvres, et de demoiselle Marie Gascoing (1), Claude de Bèze entra dans la Compagnie de Jésus en 1678, puis enseigna la grammaire, la rhétorique et les humanités à Orléans jusqu'en 1687 où il fut choisi pour être l'un des quatorze jésuites-mathématiciens qui devaient accompagner le père Tachard dans son deuxième voyage au Siam. Plus que ses compétences en grammaire, en grec ou en latin, ce furent sans doute ses connaissances astronomiques et surtout sa passion pour les plantes qui le firent désigner, à une époque où la botanique était considérée comme une branche de la médecine. Ainsi qu'il le rapporte, ces compétences médicales, réelles ou supposées, permirent au jésuite de gagner la confiance de Phaulkon et du roi Naraï et d'avoir ses entrées au palais. M. Constance, m'ayant fait passer pour un habile médecin, m'introduisit auprès de ce prince qui me témoigna beaucoup de bonté et dit qu'il me voulait voir tous les jours et qu'il souhaitait pour cela que je prisse un appartement dans le palais et que je ne mangeasse pas ailleurs qu'à la table qu'il m'y ferait servir (2). Grâce à cette position privilégiée, Claude de Bèze put assister à beaucoup d'entrevues et d'audiences et avoir connaissance de nombre d'intrigues, ce qui donne à son témoignage une importance considérable pour la compréhension des événements. Morgan Sportès écrivait : Ce récit, très circonstancié, pour peu qu'on le lise entre les lignes, permet de comprendre la tactique des jésuites qui cherchaient à créer au Siam les « conditions » favorables à la christianisation du pays et la conversion de son roi. C'est sans doute pourquoi ce « mémoire » destiné au père de La Chaize, ne fut pas publié à l'époque (3).

Après le coup d'État siamois, de Bèze s'embarqua avec les troupes françaises et gagna Pondichéry, d'où il partit en juin 1689 avec le père Comilh dans le but de se rendre en Chine. Lors d'une escale à Malacca, où les deux jésuites se firent confectionner des habit à la chinoise, sans quoi nous ne pouvions entrer dans la Chine (4), ils furent faits prisonniers par les Hollandais et emmenés à Batavia, puis en Hollande. Libérés au début de l'année 1691, il revinrent en France d'où ils s'embarquèrent à nouveau pour la Chine. C'est là que Claude de Bèze mourut en 1694.

Le manuscrit, non daté (mais rédigé vraisemblablement dans le courant de l'année 1691) et non signé (mais sans aucun doute du jésuite Claude de Bèze) fut découvert par Jean Drans et Henri Bernard, avec une dizaine de pièces annexes (lettres, mémoires, etc.) à la Bibliothèque Orientale de Tokyo. Autrefois acquis, dans des circonstances que nous ignorons, par le docteur Morison, il est passé en 1917, avec toute la bibliothèque de ce dernier, à la Tóyô Bunko (Bibliothèque Orientale) de Tokyo, sous la cote : MS 78 XI-3-Fb et il est inscrit au catalogue de cette bibliothèque avec la description suivante : « Bèse, P. de (? P. de Bize). Mémoire sur les Affaires du Siam "Commençant par quelques particularités de la vie de M. Constance et de sa triste fin (mis à mort 6 juin 1688) … rapportant les choses dont j'ai moi-même esté témoin." Original manuscript Circa 1690. 71 pp. f4 (5). » Il a été publié à Tokyo, aux Presses salésiennes en 1947 sous le titre : Mémoire du père de Bèze sur la vie de Constance Phaulkon, Premier ministre du roi de Siam Phra Naraï, et sa triste fin, suivi de lettres et de documents d'archives de Constance Phaulkon.

Nous avons transcrit le texte en français moderne, nous en avons revu la ponctuation, et nous avons tâché de l'éclairer par quelques notes, qui n'ont pas la prétention de se substituer aux annotations très érudites de MM. Drans et Bernard.

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Mémoire du père de Bèze
sur la vie de Constance Phaulkon
1ère partie

NOTES :

1 - Joseph Dehergne, Répertoire des jésuites de Chine de 1552 à 1800, 1973, p. 32. 

2 - Drans et Bernard, Mémoires du père De Bèze sur la vie de Constance Phaulkon, 1947, p. 95. 

3 - Morgan Sportès, Ombres siamoises, 1995, p. 161. 

4 - Lettre (vraisemblablement du jésuite Patrice Comilh) publiée dans le Mercure Galant de janvier 1691. 

5 - Drans et Bernard, op. cit., p. VIII. 

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Page mise à jour le
12 mars 2019