PRÉSENTATION

Fils de Simon Vollant, architecte réputé à qui l'on doit notamment la Porte de Paris et la citadelle de Lille, Jean Vollant serait né vers 1658. Il paraît avoir fait partie des dix-sept premiers artistes envoyés en 1673 à l’Académie de France à Rome, parmi lesquels il y avait deux architectes dont l’un du nom de Vollant. En 1679, en qualité d’ingénieur des armées du roi, il s’occupa avec son père de diriger les travaux des fortifications de Menin et de l’aqueduc connu sous le nom de canal de Maintenon, qui devait amener, comme nous l’avons dit plus haut, les eaux de l’Eure dans les jardins du château de Versailles. « Il se trouva ensuite à plusieurs sièges considérables, entre autres à celui du Luxembourg où il reçut plusieurs blessures, en donnant des preuves de son courage. » (Lettres de chevalerie accordées par Louis XIV à Jean Vollant, seigneur des Werquains, Archives départementales du Nord, registre B 1677, p. 608).

En février 1686, il fut, avec trois autres ingénieurs, en qualité d’ingénieur en chef et de commandant de l’une des compagnies d’hommes d’armes, envoyé par le roi dans le royaume de Siam, d’où une révolution le força de revenir. Il avait déjà fait l’acquisition de la seigneurie des Werquains sous le nom de laquelle on le désigne souvent, lorsque, le 1^er décembre 1690, il acheta à Lille le droit de bourgeoisie. Il épousa quelque temps après Anne-Robertine Mairesse, qui appartenait à une riche famille de Cambrai dont plusieurs membres habitaient Lille. En 1694, il succéda à son père dans les fonctions d’argentier de la ville qui venaient d’être érigées en office héréditaire et qu’il conserva jusqu’à sa mort, arrivée en 1729. Son père était mort peut-être en 1694 et certainement en 1699, lorsque Louis XIV, en date de juillet 1699, accorda à Jean des lettres de chevalerie, dignité à laquelle fut ajoutée celle de conseiller du roi. Plusieurs travaux très important exécutés dans la ville de Lille ont été attribués à Jean Vollant, la construction du pont Neuf, les dessins des superbes boiseries du conclave, un plan pour la restauration du palais Rihour. (Louis Quarré-Reybourbon, La porte de Paris, à Lille et Simon Vollant, son architecte, 1891, pp. 22-23).

L’Histoire de la Révolution de Siam arrivée en l’année 1688 de Jean Vollant des Verquains (ou des Verguains) a été éditée à Lille, chez Jean Chrysostome Malte, Imprimeur juré, rue Equermoise, au bon Pasteur, en 1691.

L’intérêt de cet ouvrage est évident, puisqu’il s’agit du récit de première main d’un acteur de ces événements. Vollant des Verquains était en effet officier architecte de la garnison de Bangkok sous les ordres du général Desfarges, dont le rôle et le comportement sont largement évoqués tout au long des pages du livre, dans un réquisitoire qui s'apparente souvent à un règlement de compte. On devine qu'il s'agit tout autant pour l'officier de témoigner des événéments auxquels il a assisté et participé que de se justifier et de répondre aux attaques et aux accusations dont il craint – à juste titre ? – de faire l'objet de la part de Desfarges. Dans le panier de crabes de cette garnison où tout le monde déteste tout le monde, où se multiplient coups bas, canailleries, duperies, veuleries, trahisons et calculs sordides, Vollant n'est sans doute pas aussi irréprochable qu'il veut le laisser paraître, et les tensions sont grandes entre le général et l'architecte, qui sera même mis aux arrêts quelques heures pour incompétence et rébellion.

Nous avons transcrit ce texte en français moderne et nous nous sommes appliqués à rédiger quelques notes pour l’expliciter. Afin de faciliter le chargement des pages, nous avons divisé l'ouvrage en huit parties. Nous l'avons fait suivre par un document manuscrit rédigé à la prison de Middelbourg, en Hollande, où Vollant fut emmené avec les autres Français arrêtés au cap de Bonne-Espérance où ils avaient fait escale sur le chemin du retour sans savoir que la guerre avait été récemment déclarée entre la France et les Provinces-Unies.