III. La faune (suite). Lézards – Serpents – Sangsues – Insectes.
À Siam, comme dans les autres parties de l'Inde, les lézards sont très nombreux. Les plus remarquables sont :
- 1. Le schalin (1) : il a de petites ailes ou membranes qu'il déploie quand il veut courir plus vite ; nous en avons trouvé quelques-uns près de Ligor (2).
- 2. Le taquée (3) : il est assez gros et se tient de préférence dans les lieux habités ; il établit son domicile jusque dans les lits ; il n'est pas dangereux ; les Siamois l'enivrent avec du tabac et le mangent.
- 3. Les hias (4) : ils habitent les forêts et sont gris. Ils ont environ trois pieds de long ; j'en ai vu en-deça de Thalong (5).
- 4. Les tacoums (6) : ils ont jusqu'à 8 et même 10 pieds de longueur ; ils se tiennent dans les déserts ; ils ne font point de mal aux hommes : un de nos élèves en rencontra un près de la mer il y a quelque temps, mais à peine le lézard l'eut-il aperçu qu'il s'enfonça dans la forêt.
- 5. Le crocodile : c'est une espèce de lézard amphibie qui a quelquefois 22 pieds de long ; sa voracité est proportionnée à la grandeur de sa taille. Il est fort avide de chair humaine. Si une petite barque rase la rivière, le crocodile appuie fortement sa tête contre le sable, et élevant son dos, il renverse la barque et dévore ceux qui sont dedans. C'est principalement dans la rivière du Cambodge que le crocodile use de ce stratagème. Ce monstre a la gueule garnie de quatre rangs de dents très aiguës. Lorsqu'il est vieux, quatre de ses dents sortent de sa gueule, comme les défenses du sanglier ; elles ont la forme d'un quart de cercle. Il y a des crocodiles qui ont le dos roussâtre, il y en a d'autres qui ont le dos d'un brun foncé ; le dessous du ventre est blanc. Je n'ai vu que ceux de la dernière espèce. Il y en a beaucoup dans la rivière de Bangkok. Il y a aussi quelques requins qui remontent le fleuve à une assez grande distance.
Il y a plusieurs espèces de serpents dont quelques-uns sont très venimeux. Tels sont :
- 1. Ngu Luam (7) (Ngu, en siamois, veut dire serpent). Il atteint quelquefois la grosseur d'une poutre médiocre, il est long à proportion. Sa peau est superbe, elle forme un dessin de brillantes couleurs fort diverses. J'en ai vu un qui était encore très jeune, cependant il avait déjà 9 pieds sur 6 pouces de circonférence ; il avalait une poule avec la plus grande facilité. Son père avalait un bœuf. Pour prendre sa proie, il se cache derrière quelques troncs d'arbres ou dans les broussailles, il attache sa queue à un arbre et forme un cercle avec le reste de son corps. Le cerf, le singe et le buffle qui passent par là sont pris comme au lacet. Le serpent les ceint de plusieurs nœuds et les étouffe ; quelquefois, il les applique à l'arbre auquel il est attaché et les étreint avec tant de violence qu'il brise et concasse tous leurs os ; il les inonde de sa salive et les engloutit ensuite. Son gosier peut se dilater d'une manière extraordinaire. Ce serpent n'a pas de venin. Il rampe difficilement ; si on l'aperçoit à temps, on peut facilement l'éviter en prenant la fuite. Le ngu-luam est probablement celui que Buffon décrit sous le nom de serpent-devin (8).
- 2. Ngu Chang, c'est-à-dire serpent-éléphant (9). On l'appelle ainsi parce que sa queue ressemble à la trompe d'un éléphant ; il est tanné, il est plus court que le serpent ngu-luam, mais il est aussi gros. Il n'a pas non plus de venin. Pendant l'automne, ces deux espèces de serpents viennent jusque dans Bangkok. Nous en prîmes un l'année dernière dans notre jardin.
- 3. Ngu-kon-kop (10). C'est un serpent de médiocre grosseur, marbré de blanc et de noir ; il a son venin à la tête et à la queue. S'il mord, il y a du remède ; s'il pique avec le dard dont sa queue est armée, il n'y a pas de remède. Celui qui en a été blessé éprouve un étourdissement subit ; il tombe, un froid mortel se répand dans tous ses membres, et il expire à l'instant. J'ai vu un de ces reptiles que nos élèves avaient tué. Ngu-kon-kop signifie serpent qui blesse avec la queue.
- 4. Ngu-faï, c'est-à-dire serpent de feu (11). Ce serpent est probablement de la même espèce que ceux que Dieu envoya dans le désert pour punir les Hébreux (12). En effet, il est imprégné d'un venin si actif et si brûlant, qu'il consume toutes les plantes qu'il rencontre sur son passage ; si on le touche avec un morceau de bois sec, le bois brûle et prend la couleur du charbon. Il ne produit pas le même effet sur le bois vert. Malheur à celui qui l'approche ! Il expire à l'instant même qu'il est mordu. Lorsque ce serpent est mort, on peut le toucher impunément.
- 5. Ngu-sam-lian, c'est-à-dire trois angles, parce que ce serpent a la forme triangulaire (13). C'est un serpent venimeux, mais il est plus dangereux la nuit que le jour. Si un homme marche dans l'obscurité, un flambeau à la main, ce reptile s'élance sur lui. Il n'y a d'autres ressources, quand on s'en aperçoit, que de jeter le flambeau loin de soi et de s'enfuir. Le serpent court aussitôt après la flamme. Un domestique de Monseigneur faillit être victime de sa fureur il y a quelques années. Il n'évita le danger qu'on lui abandonnant le feu qu'il tenait à la main.
- 6. Ngu-hau, c'est-à-dire serpent qui aboie (14). C'est une vipère de la grosseur du bras. Sa morsure est mortelle, elle cause des douleurs inexprimables. Ce serpent imite quelquefois le son d'une clochette, quelquefois il siffle de manière à être entendu de fort loin. Peu s'en fallut, il y a quelques années, que Monseigneur ne fût mordu par une de ces vipères. Elle était placée au chevet de son lit. Le bon Dieu voulut qu'il l'aperçût lorsqu'elle était encore endormie, ce qui lui donna le moyen de la tuer. Il y a une espèce de ces vipères dont la morsure fait tomber en syncope. Le corps de celui qui a été blessé devient vert. Après trois heures, le malade meurt, si l'on ne lui donne pas des secours dans la première heure qu'il a été mordu. Un Siamois fut piqué par un de ces serpent à côté de notre jardin, mais on eut le temps d'appliquer le remède.
- 7. Ngu-ngonkai, c'est-à-dire serpent à crête de coq (15). Ce reptile n'est remarquable que par la malignité de son venin et la crête ou aigrette qu'il a sur la tête. C'est peut-être le régulus dont parle le prophète Isaïe (16).
- 8. Ngu-sung-travan, c'est-à-dire les rayons du soleil (17). C'est le plus beau de tous les serpents, et un des plus dangereux. Il a une demi-aune de longueur. Il est d'un bleu céleste, tirant un peu sur le violet ; sa peau est couverte d'écailles. Pendant tout le temps que le soleil est sur l'horizon, il brille comme le cristal. Ses écailles dardent continuellement de petites gerbes de lumière qui ressemblent un peu aux rayons du soleil. Il perd sa clarté pendant la nuit, mais la recouvre à la lueur d'un flambeau ; sa morsure est mortelle. On dit cependant que certaines personnes connaissent un remède efficace quand on l'applique à l'instant même où l'on a été blessé. Ce serpent est l'image du péché ; sous les dehors les plus enchanteurs, il recèle un venin mortel. Il est remarquable que celui qui a été mordu par ce reptile meurt toujours la première fois que le soleil se lève après cet accident. Ainsi, soit qu'on eût été piqué à sept heures du matin, soit qu'on eût été piqué à minuit, on mourrait infailliblement le lendemain au lever du soleil. Ce serpent est assez commun, nous en avons derrière la chapelle du séminaire, heureusement il n'est pas d'une grande vitesse.
- 9. Ngu-pling, c'est-à-dire serpent-sangsue (18). C'est un serpent de la longueur du doigt ; il a la forme et la longueur de la sangsue. On ne le trouve guère que dans les marais, où il vit enseveli dans la fange. Celui qui a le malheur d'être mordu par ce serpent meurt presque à l'instant.
- 10. Ngu-khiang-khon, c'est-à-dire serpent qui s'élance sur l'homme (19). On le trouve principalement le long de certaines côtes. Il saute jusque dans les barques qui sont près du rivage, il s'élance sur les hommes, s'entortillent à leur cou et les tue avec son venin.
- 11. Ngu-sing (20). Ce serpent n'a pas de venin. Quand il aperçoit un homme, il court à lui en tournant sur lui-même comme un cercle. S'il peut l'atteindre, il lui donne un grand coup avec sa queue et continue sa course ; cet accident singulier est arrivé, entre autres, à un de nos prêtres.
- 12. Ngu-samelang. C'est un serpent de mer (21). Il est venimeux ; sa morsure n'est pas douloureuse, mais l'effet n'en est pas moins funeste ; celui qui a été mordu éprouve, quelque temps après, un assoupissement qui le force pour ainsi dire à se livrer au sommeil. Malheur à lui s'il cède à ce penchant ! Une fois endormi, il ne se réveillera plus. On ne peut sauver le malade qu'en l'empêchant de dormi, fallût-il pour cela employer les moyens les plus violents. Après vingt-quatre heures, il n'y a plus de danger. On reconnaît ce serpent à la manière dont il nage : il monte sur l'eau, et descend au fond en ligne perpendiculaire et avec rapidité. Ce serpent, et d'autres aussi, sont en grand nombre dans ces mers, principalement dans les détroits et près des côtes. J'en ai vus moi-même, mais je ne sais de quelles espèces ils étaient.
Bien des personnes m'ont parlé d'un serpent qui a des ailes, mais je n'ai pas voulu en faire mention ici, parce qu'aucun de ceux qui m'en ont parlé ne l'a vu. Si le fait était vrai, le dragon dont les anciens ont donné tant de fois la description n'est donc pas un animal fabuleux ; il me semble que la Bible vengée (22) parle de ce serpent ailé.
Les Birmans sont à Bangkok ce que les Payles étaient autrefois en Égypte (23). Ils paraissent en public avec des serpents à leurs mains ou entortillés à leur cou. Ils les font battre entre eux, ils se font mordre, ils les mettent dans leur bouche, ils vont les prendre jusque dans leur trou avec leurs mains mêmes. Ils connaissent plusieurs herbes dont le suc arrête l'effet du venin. Il est vrai qu'ils sont quelquefois victimes de leur témérité. Souvent, le venin a plus de force que l'herbe n'a de vertu, et le médecin meurt malgré toute sa science. C'est pendant l'inondation qu'on en voit un plus grand nombre ; il y en a qui montent sur les arbres. C'est un spectacle affreux que la vue d'un arbre hérissé de serpents. Cela arrive rarement, parce qu'il y a presque toujours des endroits qui ne sont pas inondés. On m'a rapporté bien d'autres faits touchant les serpents, mais ils ne m'ont pas paru suffisamment prouvés, c'est pour cela que je n'en parle pas. Les Birmans et quelques Siamois mangent les serpents. Pour les rendre gros et plus gras, ils mettent du limon dans le trou où se trouve le reptile. Le serpent n'aime pas l'odeur du limon, il se retire autant qu'il peut au fond de la caverne, il se rétrécit, mais il gagne en grosseur ce qu'il perd en longueur. Après quelques jours, ils ouvrent la caverne et tuent le serpent.
Je placerai ici tout ce qu'il y a de plus remarquable parmi les insectes venimeux et non venimeux.
On distingue dans toute cette partie de l'Inde deux espèces de scorpions, les noirs et les jaunes. Les scorpions noirs sont absolument comme ceux que vous avez en France ; ils parviennent quelquefois à la longueur de 4 à 5 pouces. Alors, leur piqûre est incurable, le malade meurt dans les 24 heures au milieu des plus cruelles douleurs. Les scorpions jaunes sont longs ; ils ont plusieurs pattes, ils ont depuis 4 jusqu'à 10 pouces de longueur (24). Les plus gros sont dans les forêts près des montagnes. Leur piqûre produit le même effet que celle des scorpions noirs ; si elle n'est pas mortelle, la douleur cesse au bout de 24 heures.
Il y a aussi trois espèces de sangsues : celles de mer ; elles sont de la grosseur de la jambe. Les Siamois les mangent, ils disent que c'est un mets délicieux. On en vend tous les jours au bazar de Bangkok. La deuxième est la sangsue d'eau douce ; elle ne diffère de la vôtre que parce qu'elle est quelquefois de la grosseur de trois doigts, et qu'elle a jusqu'à un pied de long. La troisième espèce vit dans la terre, elle n'a pas besoin d'eau ; elle est petite.
Parmi les insectes qui n'ont pas de venin, on peut remarquer :
- 1. L'abeille : il y en a de quatre espèces. La grande espèce est semblable au frelon. La deuxième espèce ne diffère en rien de l'abeille commune ; elle est très répandue, on ne se donne pas la peine de l'élever. Elle place ses rayons dans les creux de vieux arbres, quelquefois elle les suspend aux branches ; son miel est excellent. La troisième espèce est un peu plus grosse qu'un moucheron. À Penang, on recueille sont miel pour en faire du vinaigre. La plus petite espèce ressemble à un petit moucheron ; le miel qu'elle produit est en si petite quantité qu'on ne se donne pas la peine de le recueillir.
- 2. Inghoi : c'est un petit papillon luisant (25). Les inghois ressemblent à de petites étoiles volantes répandues en grand nombre au milieu des bois. Ils produisent un effet charmant par une nuit obscure : on dirait qu'il jaillit de chaque branche d'arbre des étincelles électriques.
- 3. Les moustiques : Elles sont très communes à Bangkok (26) et fort incommodes ; leur piqûre donne une démangeaison très cuisante. C'est vers la fin de la saison des pluies qu'elles sont en plus grande quantité. On ne peut guère s'en préserver qu'on se plongeant dans une épaisse fumée.
- 4. La fourmi : à Siam, aucun insecte n'est aussi incommode, aussi multiplié et aussi diversifié que la fourmi. Il y a des fourmis blanches, il y en a de noires, de rouges, de grises ; les uns volent, les autres rampent. Il y en a de petites, de médiocres, quelques-unes sont de la grosseur du pouce. Elles se trouvent partout, sur la terre, sur les arbres ; on les mange, on les boit ; elles sont avec nous dans notre chambre. Elles nous accompagnent partout, même à l'autel ; elles gâtent tous les comestibles, percent le bois, dévorent les livres. On place les pieds des bibliothèques dans l'eau pour les préserver de leur voracité ; encore faut-il avoir soin que le vase qui contient l'eau soit fort large ; sans cette précaution, on ne conserverait pas les livres longtemps. Elles se forment en peloton, et, à l'aide de cette espèce de pont, elles parviennent à l'autre bord. Les talapoins construisent leurs bibliothèques au milieu d'un étang ; ils sont obligés de mettre à la voile pour aller étudier.
NOTES
1 - Peut-être le chinglen (จิ้งเหลน), nom générique de nombreux lézards de la famille des Scincidae (scinques), tels que l'Eutropis multifasciata (chinglen ban : จิ้งเหลนบ้าน), le Lipinia vittigera (chinglen laï indochin : จิ้งเหลนลายอินโดจีน), l'Ophioscincus anguinoide (Chinglen duong : จิ้งเหลนด้วง), etc. Outre le chinglen, Jean-Baptiste Pallegoix mentionne un changlen (จังเหลน), que nous n'avons pas pu identifier (Dictionarium linguæ thai, 1854, p. 82).
2 - Aujourd'hui Nakhon Si Thammarat (นครศรีธรรมราช), sur le golfe de Siam, au sud de l'isthme de Kra. ⇑
3 - Le tukkae (ตุ๊กแก), nom vernaculaire du Gekko gecko, lézard très répandu en Thaïlande dont le cri sonore et discordant intrigue toujours fortement les étrangers.
4 - Hia (เหี้ย), nom siamois du varan malais (Varanus salvator.
5 - Thalang (ถลาง), province du nord de Phuket. ⇑
6 - Sans doute le takuat (ตะกวด), nom siamois du varan du Bengale (Varanus bengalensis).
7 - Ngu lueam (งูเหลือม), python réticulé (Malayopython reticulatus).
8 - Le serpent devin était l'ancien nom du boa constrictor, qui ne se trouve que sur le continent américain. ⇑
9 - Le Ngu nguang chang (งูงวงช้าง), Serpent à la trompe d'éléphant (Acrochordus javanicus). Ce reptile aquatique non venimeux peut atteindre 2,40 mètres de longueur.
10 - Ngu kon khop (งูก้นขบ), nom siamois du Cylindrophis ruffus. Contrairement à ce que dit Barthélemy Bruguière, ce serpent, qui peut atteindre un mètre de long, n'est pas venimeux.
11 - Nous n'avons pu identifier ce serpent de feu. Breazeale et Smithies (Journal of the Siam Society, vol. 96, 2008, p. 86) suggèrent qu'il pourrait s'agir du ngu tong faï (งูต้องไฟ), nom siamois du Boiga nigriceps. Quoi qu'il en soit, l'affirmation que ce serpent possèderait un venin assez puissant pour enflammer les végétaux sur son passage relève bien évidemment de la pure fantaisie. ⇑
12 - Livre des Nombres, 21: 6 : Alors l'Éternel envoya contre le peuple des serpents brûlants ; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël. (Traduction Louis Segond). ⇑
13 - Ngu sam lian (งูสามเหลี่ยม), littéralement serpent triangulaire, nom siamois du Bungarus fasciatus. Sa morsure peut être mortelle.
14 - Ngu hao (งูเห่า), nom siamois du naja, nom générique de l'espèce qui comprend le légendaire cobra royal (Ngu chongang : จงอาง, Ophiophagus hannah) qui peuple les forêts d'Asie du Sud-est. Sa morsure peut être mortelle.
15 - Ngu nkon kai (งูหงอนไก่). Nous n'avons pu identifier ce serpent. ⇑
16 - Ésaïe, 11: 8 : Le nourrisson s'ébattra sur l'antre de la vipère, Et l'enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. (Traduction Louis Segond). La Vulgate de saint Jérôme traduit par "regulus les mots hébreux zipphoni, qui désigne le légendaire basilic de l'antiquité, parfois traduit par aspic ou céraste, et saraph, qui désigne un serpent volant.
17 - Ngu saeng tawan (งูแสงตะวัน), également appelé Ngu saeng athit (งูแสงอาทิตย์), nom siamois du Xenopeltis unicolor, le serpent rayon de soleil. Contrairement à ce qu'affirme Barthélemy Bruguière, il n'est pas venimeux.
18 - Ngu pling (งูปลิง), nom siamois de l'Enhydris plumbea, le serpent des rizières. Toutefois, ce serpent est beaucoup plus long qu'un doigt, il peut atteindre 70 cm. ⇑
19 - Ngu khwang khon (งูขว้างค้อน), également appelé Ngu kapa (งูกะปะ), nom siamois du Calloselasma rhodostoma, le crotale malaisien.
20 - Ngu sing (งูสิง), ce terme désigne une famille de couleuvres appelée ptyas, qui compte de nombreux représentants.
21 - Ngu samarang (งูแสมรัง), nom générique d'une variété de serpents de mer du genre Hydrophis. 46 espèces auraient été recensées dans l'est de l'océan Indien et dans l'ouest de l'océan Pacifique (Wikipédia).
22 - La Sainte Bible vengée des attaques de l'incrédulité était un ouvrage de Joseph François Du Clot de La Vorze (1745-1821), publié pour la première fois en 6 volumes en 1816. Il connut de nombreuses rééditions, notamment en 1824, 1830, et 1834. ⇑
23 - Les Psylles, ancienne tribu berbère de Lybie antique, réputée pour sa témérité avec les serpents : Il y a parmi les Marmarides un peuple qu'on nomme les Psylles. C'est le seul dans toute la Lybie pour qui les serpents ne soient point à craindre. Il joint contre eux la vertu des herbes à la force des enchantements, et il semble avoir fait un pacte avec la mort. Ce peuple est si persuadé que son sang est incorruptible au venin, qu'aussitôt que ses enfants viennent au jour, il les expose à la morsure de l'aspic pour éprouver si en eux ce sang n'a point souffert de mélange adultère. (…) Ils ne reconnaissent pour leur enfant que celui qui, sans être effrayé, joue avec les serpents qu'on lui met dans les mains. (Lucain, La Pharsale, traduction Marmontel, Paris : Merlin, 1766, II, pp. 287-288). ⇑
24 - Cet insecte qui possède plusieurs pieds et peut mesurer jusqu'à 28 centimètres ressemble plus à une scolopendre qu'à un scorpion. Il s'agit sans doute du takhap (ตะขาบ), nom siamois d'un chilopode venimeux particulièrement redouté en Thaïlande.
25 - Hingoï (หิงห้อย). Ces lucioles avaient charmé le père Tachard lors de son premier voyage au Siam en 1685 : Nous continuâmes à monter la rivière toute la nuit, pendant laquelle nous vîmes une chose très agréable : c'était une multitude innombrable de mouches luisantes dont tous les arbres qui bordaient la rivière étaient tellement couverts qu'ils paraissaient comme autant de grands lustres chargés d'une infinité de lumières, que la réflexion de l'eau, unie alors comme une glace, multipliait à l'infini. (Voyage de Siam des pères jésuites […], 1686, p. 200). ⇑
26 - Barthélemy Bruguière utilise le féminin, mais le genre du mot n'était pas tout à fait fixé à cette époque. La 5ème édition du Dictionnaire de l'Académie française (1798) l'indique au féminin. Il apparaît masculin dans la 6ème édition (1835). ⇑
12 septembre 2019