IV. La flore. Les arbres – Les plantes – Le riz – Les plantes vénéneuses.
Je n'ai vu à Siam aucun arbre connu en Europe ; j'en excepte l'oranger et le grenadier. Je ne parlerai que de ceux dont vous savez le nom.
- 1. Le palmier. On ne distingue plusieurs espèces, telles que le dattier, le cocotier, le sagou, l'aréquier et celui que les Siamois appellent ton-tan (1). Tous ces arbres ont cela de commun que leur tige est nue, droite, haute et fort élastique ; elle est surmontée d'un superbe panache composé de plusieurs feuilles ou branches qui retombent en demi-cercle, comme les plumes d'un chapeau, dont elles ont la forme. Le dattier, ou le palmier proprement dit, produit une grappe oblongue qui renferme les dattes ; elles sont pâteuses, jaunes et quelquefois noirâtres. Ce fruit est délicieux, il a un goût sucré, mais il est chaud.
- 2. Le cocotier (il paraît démontré qu'il y a des cocotiers dans le fond de la mer, sur les côtes de Siam). La hauteur moyenne de cet arbre est de 45 pieds, j'en ai vu cependant qui avaient près de 100 pieds, en y comprenant les feuilles, qui ont depuis 12 jusqu'à 20 pieds de longueur sur 3 ½ de largeur. Son fruit a la forme d'une noix, il est deux fois plus gros que la tête d'un homme ; il contient une eau légèrement sucrée et très fraîche. La paroi intérieure de la noix est couverte d'une substance blanche, dure et peu saine. Elle a un peu le goût de l'amande. On en exprime une liqueur qui a la couleur et le goût du lait ; on en fait aussi de l'huile. La noix est enveloppée dans une écorce épaisse et élastique qui ressemble à la filasse. Lorsque le fruit est mûr, quelle que soit la hauteur de l'arbre, la coque ne se casse jamais en tombant. Le cocotier a presque toujours des fruits et des fleurs en même temps. Il y a des cocotiers qui produisent une noix qui est à peine de la grosseur du pouce, mais il y en a d'autres dont le fruit est de la grosseur d'un boisseau.
- 3. Le sagou (2). On ne mange pas le fruit de cet arbre, mais le bois. On coupe le tronc en petits morceaux, on le fait bouillir, et on forme de sa substance de petits grains que vous appelez sagou.
- 4. L'aréquier (3) produit un fruit semblable à une grosse noix ; il n'est bon qu'à être mâché par les Indiens.
- 5. Le ton-tan n'a rien de remarquable ; c'est sur les feuilles de cet arbre que les talapoins écrivent leurs livres de religion (4).
- 6. Le tamarin (5). C'est un arbre touffu ; il est aussi haut qu'un grand orme, ses feuilles sont d'un vert noir, de la longueur et de la largeur du doigt, elles sont découpées comme celles de la sensitive ; ses fleurs sont petites, d'un jaune clair ; son fruit a la forme d'une grosse gousse de pois ; cette gousse renferme de petites baies recouvertes d'une espèce de pâte jaune, gluante et acide. On en fait des confitures fort saines qui ont le goût du raisiné.
- 7. Le muscadier. Sa feuille est à peu près comme celle du cerisier, mais elle est plus pâle, plus épaisse et moins pointue ; ses branches, au nolmbre de quatre ou cinq, poussent à égale distance du tronc et forment un cercle au-dessus des premières branche il se forme un nouveau cercle, et ainsi de suite jusqu'au nombre de cinq à six étages, qui vont toujours diminuant en grandeur ; son fruit ressemble à une petite pêche verte ; la noix muscade est au milieu de la pulpe.
- 8. Le giroflier. Les Indiens vous envoient l'embryon de sa fleur après que les feuilles sont tombées, c'est ce que vous appelez clou de girofle.
- 9. Le cacaoyer. Sa feuille est d'un vert pâle et unie. Elle forme un losange de 2 pouces de long sur &frac54; de pouce de large. Il produit une gousse de la longueur du doigt, ayant la forme de deux cônes réunis par leur base. Cette gousse contient des baies jaunes, plates, semblables à un gros haricot. L'amande dont on fait le chocolat est renfermée dans cette baie. Le fruit est attaché immédiatement au tronc et aux grosses branches ; cet arbre a une forme pyramidale, le tronc est d'une couleur blanchâtre.
- 10. Le caféier. Sa feuille est assez semblable à celle du laurier ordinaire, mais elle est moins épaisse ; sa fleur est petite, blanche et d'une odeur suave ; il produit un petit fruit vert qui devient rouge lorsqu'il mûrit. Ce fruit ou cette substance charnue contient deux petites fèves, c'est-à-dire le café.
- 11. Le théier. C'est un arbuste de 7 à 8 pieds de hauteur, son tronc est entièrement couvert ; il a la forme d'un cône posé sur sa base ; il ressemble au prunellier par la forme de ses feuilles et par les pointes dont il est hérissé. Sa fleur est blanche et odoriférante, elle a un peu de rapport avec celle du pommier. Il produit une baie un peu plus grosse qu'un pois ; on cueille les feuilles, on les fait rissoler, c'est ce que vous appelez le thé.
- 12. Le cannelier. Il est semblable au laurier sauce. La cannelle n'est autre chose que la seconde écorce de cet arbuste. Il n'y a point, que je sache, de cannelier dans le royaume de Siam, mais j'ai pensé que vous seriez aise de le connaître.
- 13. Le poivrier. C'est une espèce de lierre que l'on soutient avec des échalas. Il produit une grappe de la longueur du doigt, les grains sont attachés à cette grappe, ces petits grains ne sont autre chose que le poivre. Le poivre blanc est celui qui a été écossé, le noir n'a pas été écossé.
- 14. La vigne. On trouve à Bangkok et aux environs une espèce de vigne sauvage. Le cep et les sarments sont hérissés d'une sorte de poil violet, les feuilles sont un peu rudes au toucher. Le raisin qu'elle produit ne vient jamais à une parfaite maturité ; il est acerbe ; on peut cependant en faire du vin, si on le fait fermenter avec du sucre ; de ce mélange, il résulte une liqueur qui a le goût du vin de Chypre. Il y a certains endroits où il n'est pas nécessaire de mêler du sucre avec le moût. Le raisin donne un vin passablement bon, et qui peut être conservé au moins dix ans, Monseigneur en a fait l'expérience. Les Siamois négligent la culture de cette vigne qui produirait de bon raisin si elle était soignée et plantée dans une exposition favorable. On ne peut pas la multiplier par bouture, le sarment se dessèche aussitôt qu'il est coupé, mais on peut semer des pépins. Le cep qui en provient donne du fruit au bout de trois ans. Cette vigne produit partout un grand nombre de grappes, mais il y a des endroits où sa fécondité tient du prodige. Il y a une île près d'une de nos chrétientés (je me sers de ce mot, parce que je n'en trouve pas de plus propre pour exprimer une réunion de chrétiens qui forment comme une paroisse) qui abonde en ceps de vigne sauvage. Quelques-uns de ces ceps portent jusqu'à trente grappes, dont une seule donne quelquefois 12, 15 et même 18 bouteilles de vin. Le grain est un peu moins gros qu'une prune ; le pépin est aussi large que la fève du cafier, mais il a moins d'épaisseur ; un seul homme peut difficilement porter une grappe à quelque distance. Je tiens tous ces détails de Monseigneur lui-même. Il m'en a parlé plusieurs fois, il a vu le fruit, moi j'ai vu les pépins. M. Duvaucel (6), le naturaliste, en a porté en France. Après cela, peut-on être surpris de ce que l'Esprit Saint nous rapporte touchant la fertilité de la Palestine ?
- 15. Le cotonnier. Ses branches et ses feuilles, qui sont en petit nombre, ressemblent à celles du lilas. Il produit une petite fleur blanche qui a la forme d'une clochette. Le coton et la graine sont renfermés dans une enveloppe membraneuse de la grosseur du pouce ; elle s'ouvre d'elle-même quand le coton est mûr. Pour séparer les graines du coton, on se sert d'une petite machine composée de deux cylindres placés horizontalement ; on les fait tourner l'un sur l'autre au moyen d'une manivelle : le coton tombe d'un côté et les graines de l'autre (7). on bat ensuite le coton avec une verge pour le bien mêler ; on emploie aussi pour cela la corde d'un arc ; c'est ce que vous appelez le coton en rame. Il y a une autre espèce de cotonnier, mais le coton qu'il produit est trop court pour qu'on puisse en faire de la toile.
- 16. Le cassier (8). C'est un arbre qui est tout à fait semblable à l'acacia, mais il n'a point d'épines. Sa fleur est petite, jaune, odoriférante. Son fruit est de la grosseur du doigt et long d'un pied. Vous savez sans doute que son fruit est de la grosseur du doigt et long d'un pied, il y en a qui est beaucoup plus gros ; il est noir, on l'emploie en médecine.
Les orangers sont très communs. Il y en a une espèce qui produit des oranges aussi grosses qu'un melon ; les Français l'appellent pamplemousse (9).
Quelques-uns de ces arbres ne se trouvent qu'à Penang, mais comme cette île fait partie de notre mission, et qu'elle a été démembrée du royaume de Siam (10), j'ai cru ne devoir faire aucune distinction. On trouve dans les forêts de Siam un arbre dont le bois est odoriférant ; il est fort recherché par les personnes constituées en dignité ; c'est, si je ne me trompe, l'arbre que les Européens appellent bois d'aigle (11). Il y a une autre espèce d'arbre odoriférant qui est très cher : les Siamois l'appellent calam-pae (12) ; on n'en trouve que dans une forêt qui appartient au roi de Cochinchine. Ce prince la fait garder soigneusement ; il n'y a guère que les rois et les grands mandarins qui puissent s'en procurer. On attribue à cet arbre plusieurs qualités merveilleuses. Il y en a une, entre autres, qui me paraît trop extraordinaire pour être vraie. On ne trouvera pas mauvais que je la passe sous silence (13).
Les arbres fruitiers sont en plus grand nombre qu'en Europe. Les espèces sont plus multipliées, mais les fruits qu'ils portent, à l'exception de quatre ou cinq espèces, sont inférieurs en bonté aux nôtres. En général, ils ont un goût acerbe ou insipide. Quelques-uns exhalent une odeur fétide, mais on a l'avantage d'avoir des fruits frais tous les jours.
Les plantes qui méritent quelque attention sont :
- 1. Le bananier ou figuier de l'Inde. Ses feuilles ont environ 8 pieds de long sur près de 2 pieds de large ; son fruit est oblong, un peu recourbé ; il a le goût de la figue. Ce fruit est sain, mais il est froid.
- 2. La canne à sucre. Cette plante ressemble au roseau, mais ses nœuds ou anneaux sont plus rapprochés. Elle est de couleur blanchâtre ou violette ; elle a le goût et la consistance de la tige du maïs, à quelque chose près. La manière dont les Siamois font le sucre est très simple. Ils placent perpendiculairement deux grands arbres qui s'engrènent réciproquement ; à l'un de ces deux arbres, on encastre horizontalement un autre arbre au moyen duquel on fait toute la machine. On place les cannes entre ces deux arbres : l'eau qui en découle tombe dans un pressoir, de là on la met dans une chaudière ; après que l'eau a bouilli quelque temps, le sucre est entièrement formé.
- 3. Le bétel. Cette plante, dont on fait un si grand usage dans les Indes, est une espèce de lierre d'un vert pâle. Les Indiens en mâchent continuellement la feuille, après l'avoir enduite d'une légère couche de chaux (14) (les Indiens mangent la chaux et mettent du sucre dans le mortier). Ils y ajoutent assez souvent un morceau d'arec et une pincée de tabac à fumer. Rien de plus dégoûtant que de voir ces peuples ruminant sans interruption. Il découle de leur bouche une salive couleur de sang qui fait bondir le cœur, mais il faut bien se donner de garde de le faire paraître. Cette étrange composition ronge la langue et noircit les dents. On voit tous les matins à Bangkok de petites barques remplies de chaux et de bétel ; les poissardes siamoises invitent les passants à acheter cette marchandise, à peu près comme, dans certaines villes de France, les limonadiers ambulants invitent les voyageurs à se rafraîchir ; pour les y engager plus efficacement, elles leur donnent elles-mêmes l'exemple.
- 4. Le borapet (15). Cette plante croît dans les airs, si je puis ainsi parler. Elle reste suspendue aux arbres sans y adhérer et sans les embrasser étroitement comme le lierre et les autres plantes de cette nature. Ses racines sont ordinairement élevées de terre à la hauteur de 4 pieds. J'en ai vu de plusieurs espèces. Je ne crois pas qu'il y en ait en Europe. Les Siamois attribuent à cette herbe une grande vertu.
Les plantes potagères et les légumes connus en Europe ne prospèrent pas sous la zone torride. La tige de l'oignon est comme un fil. Le chou-fleur est de la grosseur d'une pomme. On trouve de petits melons blancs dont la peau est lisse ; ils sont assez bons. Du reste, ces peuples ne manquent pas d'autres légumes qui nous sont entièrement inconnus. Ils en ont un, entre autres, dont les fleurs sont au sommet de la tige et le fruit est caché sous terre (16).
Les Siamois n'ont d'autres plantes céréales que le riz. Ils le sèment à sillons dans de petits champs carrés et fermés par une digue. On y introduit l'eau qui doit y séjourner jusqu'à la moisson ; si l'eau manque pendant quelque temps, la plante périt ou ne produit pas. À l'époque de l'inondation, les champs qui sont à côté de Bangkok sont entièrement inondés pendant un assez long espace de temps, mais le riz s'élève toujours au-dessus de l'eau, il suit la crue de la rivière. Si l'eau croît subitement d'un mètre, le riz croît d'autant dans l'espace de douze heures. Le riz a beaucoup de rapport avec l'avoine, soit par la couleur, soit par la forme de ses feuilles et de son épi. Pour séparer le grain de la balle, on place l'épi dans un mortier et on le bat à coups redoublés avec un pilon de bois. Le riz est la nourriture ordinaire des hommes et des animaux. Rien de plus simple que la manière dont les Indiens le préparent. Ils mettent le riz avec un peu d'eau dans un vase de fer ou de terre, ils placent la marmite sur le feu ; dès que le grain est un peu gonflé, ils le retirent et le mangent aussitôt sans autre assaisonnement. Le riz ainsi préparé n'est ni bon ni mauvais, il n'a aucun goût. Il y a plusieurs espèces de riz, il y en a de blanc, il y en a de noir, il y en a que l'on sème et que l'on récolte en trois mois.
On trouve encore à Siam une espèce de millet qui est assez bon. Les Siamois cultivent aussi le maïs ou blé de Turquie, mais ils n'en retirent aucune utilité ; ils font tout simplement griller le grain lorsqu'il est encore en épi, et le mangent en guise de pain. Le blé ne prospère pas ; si l'on en sème, les fourmis en mangent une partie et les charançons rongent le reste. Monseigneur a essayé d'en faire semer au milieu d'une mare d'eau pour le mettre hors des atteintes de cet insecte vorace, mais il n'a pas été plus heureux : un litre a produit cinq épis, en sorte qu'il a fallu y renoncer. Il n'y a que le riz que ces insectes épargnent.
Les Siamois d'une condition médiocre ne font pas grand cas des fleurs, mais les grands propriétaires, les mandarins et les princes en décorent les galeries qui sont devant leurs maisons. Les espèces sont en petit nombre ; peu de plantes produisent des fleurs d'une agréable odeur, plusieurs sont inodores, mais en compensation, un grand nombre d'arbres, principalement ceux qui produisent les épiceries, exhalent un parfum que l'on respire quelquefois en mer à la distance de plus d'une lieue.
Après avoir parlé de tant d'arbres et de plantes utiles, il est bien juste que je vous dise un mot de celles qui sont nuisibles. L'article ne sera pas long ; je ne parlerai que de deux plantes vénéneuses.
- 1. Le maï-sae (17). C'est un arbre dont les feuillent empoisonnent l'eau de tous les ruisseaux où elles tombent. Il faut donc se donner de garde de se rafraîchir indistinctement à toutes les sources que l'on trouve. Quant aux rivières, le volume d'eau qu'elles contiennent et qui se renouvelle continuellement rend nul l'effet du poison.
- 2. Le rangtang (18). C'est une herbe vénéneuse que l'on trouve dans les forêts de Siam, principalement dans la partie occidentale. Sa feuille est un peu plus grande que celle de la vigne ; elle est bordée d'une lisière rouge couleur de feu : c'est dans cette espèce de bordure que réside le venin ; si on la touche, on ressent à l'instant une cuisson insupportable. Le premier mouvement est d'aller se jeter dans l'eau pour éteindre le feu dévorant dont on est consumé ; mais au lieu du soulagement qu'on en attendait, on y trouve la mort. Il n'y a d'autre remède pour guérir le malade que de le placer sur une claie et de faire du feu par-dessous. Quand on a coupé cette bande rouge, on mange sans danger l'intérieur de la feuille. Lorsque les éléphants aperçoivent cette plante, ils l'arrachent avec beaucoup de précaution et la jettent bien loin d'eux ; ils savent qu'il y va de leur vie. Le roi fait exposer publiquement quelques-unes de ces feuilles à Bangkok, afin que tout le monde puisse les connaître et éviter le danger. Un de nos prêtres a vu cette plante.
Nous avons un arbre dans notre jardin appelé maï-tourang (19) ; il porte un fruit qui produit un effet singulier ; si l'on exprime quelques gouttes du suc qu'il contient sur la peau, on est obligé de se gratter plusieurs jours de suite sans interruption ; l'eau ne fait qu'augmenter la démangeaison. Il n'y a que la boue appliquée sur l'endroit où l'on éprouve cette cuisson qui puisse apporter quelque soulagement.
NOTES
1 - Ton tan (ต้นตาล) : palmier de Palmyre (Borassus flabellifer).
2 - Le sagou est le nom de la fécule extraite de la pulpe du sagoutier (Metroxylon sagu), sakhu en thaï (สาคู).
3 - Le palmier à bétel (Areca catechu), appelé maksong en thaï (หมากสง).
4 - Voir ci-dessus note 1. Ces feuilles, appelées baï lan (ใบลาน), étaient plutôt produites par le tallipot (Corypha umbraculifera), palmier géant de la famille des Arecaceae.
5 - Le tamarin est le fruit du tamarinier (Tamarindus indica), appelé ton makham en thaï (ต้นมะขาม).
6 - Alfred Duvaucel, naturaliste français (1793-1824). ⇑
7 - En Occident, l'Anglais Kinsey Burden, planteur de coton en Géorgie, imagina en 1778 le roller gin, première machine mécanique pour égrener le coton. En 1794, le mécanicien et industriel américain Eli Whitney fit breveter le cotton gin, machine encore plus performante. À l'autre bout du monde, les Siamois utilisaient sans doute depuis très longtemps le très simple et très rustique khrueang hipfaï (เครื่องหีบฝ้าย), littéralement l'appareil à égrener le coton.
8 - Peut-être le Cassia fistula (ton kun : ต้นคูน). Cet arbre à feuilles caduques, très répandu en Asie, est aujourd'hui l'arbre national de la Thaïlande.
9 - Le mot, qui était utilisé dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, parfois au féminin, et sous la forme pampelmousse apparaît pour la première fois dans la 6ème édition du Dictionnaire de l'Académie française (1832). ⇑
10 - L'île de Penang dépendait du sultanat de Kedah, lui-même plus ou moins sous contrôle siamois. En 1792, le sultan de Kedah, craignant une invasion siamoise, céda l'île à la Compagnie anglaise des Indes orientales (EIC). Le capitaine Francis Light y fonda la ville de George Town. L'année suivante, la Compagnie récupéra l'actuel Seberang Perai, la partie continentale de l'île, qu'elle appela Province de Wellesley. Enfin, en 1826, la totalité de l'île fut intégrée dans les Straits Settlements, les Établissements des Détroits, avec Malacca et Singapour. Il est difficile de savoir quel était le degré exact du contrôle que le Siam exerçait sur Kedah, mais il semblerait qu'à partir de la chute d'Ayutthaya (1767), le sultanat était à peu près indépendant. ⇑
11 - Cette appellation un peu imprécise désignait de nombreuses essences de bois odoriférants du genre Aquilaria. Il est bien difficile de s'y retrouver entre le bois d'aigle, le bois d'aloès, le bois d'Agalloche, le bois de calambac, le bois de oud, le bois d'agar, le bois de gaharu, bois de gélose etc. et de savoir à quelles espèces ils correspondaient vraiment parmi les Aqualaria agallocha, Aquilaria malaccensis, Aquilaria crassna, Aquilaria filaria etc. Tous ces bois présentent la particularité de produire une résine odorante très prisée notamment en parfumerie et en pharmacie. La déforestation, la surexploitation et les trafics illégaux menacent aujourd'hui l'existence même de ces végétaux dans de nombreux pays. ⇑
12 - Sans doute calampac (กลัมภัก), transcription siamoise de calambac. Yule et Burnell (Hobson Jobson, 1903, p. 144), qui le définissent comme la plus fine espèce de bois d'aloès, suggèrent que le mot dérive du javanais kalampak ou du royaume de Champā (la zone centrale de l'actuel Viêt Nam). On trouve également calampat, calembuco, kalanbak, calambic, collomback, etc. Le calambac serait différent du bois que les Thaïlandais appellent kritsana (กฤษณา), bois plus précieux que l'or et dont la culture et l'exploitation sont sévèrement réglementés. ⇑
13 - Le silence de l'évêque sur ce point nous laisse évidemment pressentir quelques propriétés aphrodisiaques. ⇑
14 - Trois ingrédients sont essentiels pour faire une chique de bétel : une noix d'arec [mak : หมาก], une feuille de bétel [plu : พลู], et de la chaux [pun : ปูน]. D'autres peuvent être ajoutés selon les disponibilités et les goûts. La feuille est d'abord enduite de chaux et couverte de fines lamelles de la noix d'arec, et ensuite enveloppée ou roulée pour former une chique. L'interaction des ingrédients durant la mastication produit une salive rouge. (Dawn F. Rooney : Betel Chewing Traditions in South-East Asia, Images of Asia, Oxford University Press, 1993, p. 12). ⇑
15 - Boraphet (บอระเพ็ด), nom vernaculaire du Tinospora cordifolia, plante de la famille des Menispermaceae, censée avoir des propriétés régénérantes et curatives.
16 - Les « légumes-racines » sont très répandus dans le monde, et Bruguière ne nous donne aucun élément pour identifier celui qu'il évoque. Il pourrait s'agir aussi bien de la carotte que du kha (ข่า), nom siamois du galanga (Alpinia galanga), surnommé le gingembre du Siam.
17 - Nous n'avons pu identifier cet arbre. Breazeale et Smithies (Journal of the Siam Society, vol. 96, 2008, note 58 p. 96) suggèrent qu'il pourrait s'agir du Barringtonia asiatica (chiklé : จิกเล) ou du Bruguiera conjugata. Les arbres empoisonnées – ou supposés l'être – on inspiré de nombreuses légendes, les plus célèbres étant celles attachées au Bohun Upas (Antiaris toxicaria (thaï : Yang nong : ยางน่อง), répandu dans toute l'Asie du sud-est, et dont les feuilles dégageraient un gaz si toxique qu'il tuerait toute vie à des kilomètres à la ronde. Malheur au voyageur qui se coucherait sous son feuillage ; il ne se réveillerait jamais ! Ce qui n'est bien entendu qu'une fable : seul le latex produit par cet arbre est réellement toxique, au point que les Javanais en enduisaient la pointe de leurs flèches.
18 - Le tarangtang (ตะรังตัง) est le nom siamois de du Dendrocnide sinuata, une ortie toxique qui peut causer de sérieuses lésion à la peau en cas de contact. Toutefois, ses feuilles ne sont pas bordées de rouge. Parmi les autres orties du Siam, il faut citer le tamyae chang (ตำแยช้าง) – l'ortie des éléphants – (Girardinia diversifolia).
19 - Nous n'avons pas pu identifier cet arbre. ⇑
12 septembre 2019