Chapitre XI
Du palais et de la garde du roi de Siam
I. Officiers du dedans et du dehors. |
Il me reste à parler du roi et de sa maison. Le palais de ce prince a ses officiers du dedans et ses officiers du dehors, mais si différents en dignité qu'un Oc-meüangOk muen : ออกหมื่น du dedans commande à tous les Oc-yàOkya : ออกญา du dehors. On appelle officiers du dedans non pas seulement ceux qui logent toujours dans le palais, mais ceux dont les fonctions s'exercent dans le palais, et on appelle officiers du dehors du palais, non pas tous les officiers du royaume qui n'ont point de fonction dans le palais, mais ceux qui n'ayant nulle fonction dans le palais n'ont pourtant au-dehors aucune fonction qui ne regarde le service du palais. Ainsi les Espagnols ont des valets qu'ils appellent de Escalera arriba, et d'autres qu'ils appellent de Escalera abaxo, c'est-à-dire des valets de l'escalier en haut, ou qui peuvent monter l'escalier chez leur maître et chez ceux à qui leur maître les envoie, et d'autres qui demeurent toujours au bas de l'escalier.
II. Trois enceintes dans les palais du roi de Siam. |
Les palais du roi de Siam ont trois enceintes, et celui de la ville de Siam les a si distantes l'une de l'autre que l'entre-deux en paraît de vastes cours. Tout ce que renferme l'enceinte intérieure, savoir le logement du roi, quelque cour et quelque jardin, s'appelle VangWang : วัง en siamois. Le palais entier avec toutes ses enceintes s'appelle prassatPrasat : ปราสาท, quoique Vliet dans le titre de sa relation traduise le mot de Prassat par celui de trône (1). Les Siamois n'entrent dans le Vang ni n'en sortent sans se prosterner, et ils ne passent point devant le prassat. Et si quelquefois le fil de l'eau les emporte et les force à y passer, ils sont accueillis d'une grêle de pois que les gens du roi tirent sur eux avec des sarbacanes. M. de Chaumont et les envoyés du roi mirent pied à terre et abandonnèrent leurs parasols dès la première entrée du prassat.
III. De l'Oc-yà Vang. |
L'Oc-yà VangOkya Wang : ออกญาวัง commande dans le vang et réunit en lui toutes les fonctions qui regardent les réparations du palais, l'ordre qui doit être observé dans le palais et la dépense qui s'y fait pour l'entretien du roi et pour celui de ses femmes et de ses eunuques et de tous ceux que ce prince nourrit dans le vang. Ce fut l'Oc-yà Vang qui, à l'exemple de tous les autres gouverneurs aui avaient reçu les envoyés du roi à l'entrée de leur gouvernement, les vint recevoir à la porte du vang et qui les introduisit à l'audience du roi son maître.
IV. Des portes du palais et des précautions avec lesquelles on y est admis. |
Les portes du palais sont toujours fermées, et derrière chacune est un portier qui a des armes, mais qui au lieu de les porter, les tient dans sa loge près de la porte. Si quelqu'un heurte, le portier en avertit l'officier qui commande dans les premières enceintes et sans la permission duquel personne n'entre ni ne sort ; mais personne n'y entre armé, ni après avoir bu de l'arak, pour se bien assurer qu'aucun homme ivre n'y entre. C'est pourquoi l'officier visite et sent à la bouche tous ceux qui doivent y entrer.
V. Les Meüing-Tchion. |
Cet office est double, et ceux qui en sont pourvus servent alternativement et par jour. Les jours de service, ils demeurent les vingt-quatre heures entières dans le palais, et les autres jours, ils peuvent être chez eux. Leur titre est Oc-Meüing TchionOk meun chong : ออกหมื่นจง, ou bien Prá-Meüing TchionPhra muen chong : พระหมื่นจง, car au palais, devant le mot de Meüing, il y en a qui mettent le mot de Prá au lieu de celui d'Oc, quoiqu'on m'ait dit que c'est Oc-Meüing et non Prá-Meüing qu'il faut toujours dire. Ce fut l'un de ces Meüing-Tchion qui porta le premier compliment du roi de Siam aux envoyés du roi lorsqu'ils étaient encore en rade et qui demeura toujours auprès d'eux après qu'ils furent descendus à terre, comme M. Torpff demeura toujours auprès des ambassadeurs de Siam (2).
VI. Les bras-peints. |
Entre les deux premières enceintes, et sous un hangar, est un petit nombre de soldats désarmés et accroupis. Ce sont les Ken-láïKen lai : แขนลาย ou Bras-peints dont j'ai parlé autre part (3). L'officier qui les commande immédiatement, et qui est bras-peint lui-même, s'appelle OncaracOngkhrak : องครักษ์, et lui et eux sont les exécuteurs de la justice du prince, comme les officiers et les soldats des cohortes prétoriennes étaient les exécuteurs de la justice des empereurs romains. Mais en même temps, ils ne laissent pas de veiller à la sûreté de la personne du prince, car il y a dans le palais de quoi les armer au besoin. Ils rament le balon du corps, et le roi de Siam n'a point d'autre garde à pied. Leur emploi est héréditaire comme tous les autres du royaume, et l'ancienne loi porte qu'ils ne doivent être que six cents, mais cela se doit sans doute entendre qu'il n'y en doit avoir que six cents pour le palais, car il en faut bien davantage dans toute l'étendue de l'État, parce que le roi en donne, comme j'ai dit ailleurs, à un fort grand nombre d'officiers.
VII. Garde de parade prise des esclaves. |
Mais ce prince ne se contente pas de cette garde dans les jours de cérémonie, comme fut celui de la première audience des envoyés du roi. En de pareilles occasions, il fait mettre sous les armes ses esclaves, et si leur nombre ne suffit pas, on arme les esclaves des principaux officiers. On leur donne à tous des chemises de mousseline teinte en rouge, des mousquets ou des arcs ou des lances, et des pots en tête de bois doré que l'on tire pour cela du magasin et dont la quantité détermine, à mon avis, le nombre de ces soldats de parade. Ils formaient une double haie à la réception de M. de Chaumont, et dès qu'il avait passé, ceux qu'il avait laissés derrière se hâtaient de regagner le devant par des chemins détournés pour aller remplir les places vides qui les attendaient. De notre temps, ils marchèrent aux côtés des envoyés du roi jusqu'à ce qu'ils suffirent à border de part et d'autre l'espace par où ils devaient passer. Nous trouvâmes aussi une partie de ces esclaves prosternés au-devant du petit escalier qui monte au salon de l'audience. Les uns tenaient ces petites trompettes inutiles dont j'ai parlé et les autres avaient devant eux ces petits tambours qu'ils ne battirent jamais. Les Meüing-Tchion sont les náïNai : นาย de tous ces esclaves, et ces esclaves rament les balons de la suite du roi, et on les emploie d'ailleurs à divers travaux.
VIII. Le roi de Siam n'a plus de garde japonaise entretenue. |
Autrefois, les rois de Siam avaient une garde japonaise composée de six cents hommes, mais parce que ces six cents hommes seuls faisaient trembler quand ils voulaient tout le royaume, le roi père du roi d'aujourd'hui, après s'être servi d'eux pour envahir la Couronne, trouva le moyen de s'en défaire plus par adresse que par force (4).
IX. Garde à cheval de Meen et de Láos. |
La garde à cheval du roi de Siam est composée de gens de Láos et d'un autre pays voisin dont la ville capitale s'appelle MeenMin ? : มีน ?, et comme les Meen et les Láos le servent par corvées, il fait cette garde aussi nombreuse qu'il lui plaît, et autant qu'il veut y employer de chevaux.
Oc-Coune Ran PatchiOk-khun Ran Phachi : ออกขุนราญพาชี commande cette garde à la main droite ; son fils est en France, et a appris pendant quelques années le métier de fontainier à Trianon (5). Oc-Coune PipitcharatchaOk-khun Phiphit Racha : ออกขุนพิพิธราชา, ou comme le peuple dit, Oc-Coune PetratchaOk-khun Phetracha : ออกขุนเพทราชา, commande la moitié de cette garde qui sert à la main gauche, mais au-dessus de ces deux officiers, Oc-yà LáoOkya Lao : ออกญาลาว commande la garde des Láos, et Oc-yà MeenOkya Min ? : ออกญามีน ? la garde des Meen, et cet Oc-yà Meen est autre que celui qui prostitue les filles débauchées (6).
X. Garde à cheval étrangère entretenue. |
Outre cela, le roi de Siam a une garde à cheval étrangère et entretenue qui consiste en cent trente maîtres, mais ni eux, ni les Meen, ni les Láos, ne font jamais la garde au palais. On les avertit pour accompagner le roi quand il doit sortir, et ainsi tout cela est estimé du service extérieur du palais.
XI. De quoi elle est composée. |
Cette garde étrangère consiste premièrement en deux compagnies de trente Mores chacune, gens natifs ou originaires des États du Mogol, de parfaitement bonne mine, mais estimés tout à fait poltrons. Secondement, en une compagnie de vingt Tartares-chinois armés d'arcs et de flèches et redoutés pour leur courage ; et enfin en deux compagnie de vingt-cinq hommes chacune, de païens de la véritable Inde, habillés à la moresque, qu'on appelle Rasbouttes, ou Ragibouttes (7), qui se piquent tous d'être de race royale et dont le courage est fort célèbre, quoique ce ne soit que l'effet de l'opium, comme je l'ai marqué ci-dessus.
XII. Ce qu'elle coûte. |
Le roi de Siam fournit à toute cette garde des armes et des chevaux, et outre cela chaque More lui coûte trois catis et douze teils par an, c'est-à-dire 540 livres, ou à peu près, et une veste d'étoffe de laine rouge, et chacun des deux capitaines mores cinq catis et douze teils, ou 840 livres, et une veste d'écarlate. Les Ragiboutes sont entretenus sur le même pied, mais chaque Tartare-chinois ne lui coûte que six teils ou 45 livres par an, et leur capitaine quinze teils ou 112 livres dix sols.
XIII. Éléphants et chevaux du palais. |
Dans les premières enceintes sont aussi les loges des éléphants et les écuries des chevaux que le roi de Siam aime le mieux et qu'on appellent éléphant et chevaux de Nom, parce que ce prince leur donne en effet un nom, comme il en donne à tous les officiers du dedans de son palais et aux officiers importants de l'État, qui en cela sont fort distingués des officiers à qui il n'en donne point. Celui qui a soin des chevaux, soit pour leur entretien, soit pour les dresser, et qui est comme le premier écuyer, s'appelle Oc-Loüang TchoumponOk-luang Chum Phon : ออกหลวงชุมพล. Son belatPalat : ปลัด ou lieutenant est Oc-Meüang Si Sing Toup Pa-tchatOk-muen Si Sin thopchat : ออกหมื่นศรีสินธพชาติ, mais lui seul a droit de parler au roi ; son belat ni les autres officiers inférieurs ne lui parlent point.
XIV. Des éléphants de nom. |
Les éléphants de nom sont traités avec plus ou moins de dignité selon le nom plus ou moins honorable qu'ils portent, mais chacun d'eux a plusieurs hommes à son service. Ils ne sortent, comme j'ai dit ailleurs, qu'avec appareil, et parce que tous les éléphants de nom ne peuvent tenir dans l'enceinte du palais, il y en a quelques-uns qui ont leurs loges auprès.
XV. De l'éléphant blanc. |
Ces peuples font naturellement tant de cas des éléphants qu'ils se sont persuadés qu'un animal si noble, si fort et si docile ne peut être animé que d'une âme illustre qui ait été autrefois dans le corps de quelque prince ou de quelque grand personnage ; mais ils ont encore une plus haute idée des éléphants blancs. Ces animaux sont rares, et ils ne se trouvent, dit-on, que dans les forêts de Siam. Ils ne sont pas tout à fait blancs, mais de couleur de chair, et c'est pour cela que Vliet dans le titre de sa relation a dit : l'éléphant blanc et rouge. Les Siamois appellent cette couleur PeüakPhueak : เผือก, et je ne doute pas que ce ne soit cette couleur tirant sur le blanc, et d'ailleurs si rare en cet animal, qui lui a attiré la vénération de ces peuples jusqu'à leur persuader ce qu'ils en disent, qu'une âme de quelque grand roi est toujours logée dans le corps d'un éléphant blanc, soit mâle ou femelle, il n'importe (8).
XVI. Le cas que les Siamois font de la couleur blanche dans les animaux. |
Par la même raison de la couleur, les chevaux blancs sont ceux que les Siamois estiment le plus. J'en vais donner une preuve. Le roi de Siam ayant un de ses chevaux malade, fit prier M. Vincent, ce médecin provençal dont j'ai souvent parlé (9), de lui aller ordonner quelque remède, et pour le lui persuader (car il savait bien que les médecins européens ne s'abaissent pas à traiter les bêtes), il lui fit dire que le cheval était Mogol (c'est-à-dire blanc) de quatre races de père et de mère, sans aucun mélange de sang indien, et que n'eût été cette considération, il ne lui eût pas fait faire cette prière. Les Indiens appellent les blancs Mogols qu'ils distinguent en Mogols d'Asie et Mogols d'Europe. Quoi qu'il en soit donc de ce respect pour la couleur blanche, tant dans les hommes que dans les bêtes, je n'ai pu découvrir à Siam nulle autre cause que celle-là de la vénération que les Siamois ont pour les éléphants blancs. Après les blancs, ils estiment davantage ceux qui sont tout à fait noirs, parce qu'ils sont aussi assez rares, et ils en teignent quelques-uns de cette couleur quand ils ne sont pas assez noirs naturellement. Le roi de Siam nourrit toujours un éléphant blanc dans son palais, qui est traité comme le roi de tous les éléphants que nourrit ce prince. Celui que M. de Chaumont vit en ce pays-là était mort, comme j'ai dit, quand nous y arrivâmes (10). Il en naquit, disait-on, un autre le 9ème de décembre 1687, peu de jours avant notre départ, mais cet éléphant était encore dans les forêts et ne recevait point de visite, et ainsi nous n'y vîmes point d'éléphant blanc. D'autres relation nous ont appris comment cet animal est servi avec des vases d'or.
XVII. Des balons du roi de Siam. |
Le soin des balons du roi et de ses galères appartient au Calla-homKalahom : กลาโหม (11). Leur arsenal est vis-à-vis le palais, la rivière entre deux. Là, chacun de ces bâtiments est enfermé dans une tranchée où l'eau de la rivière entre, et chaque tranchée est enfermée dans une enceinte faite de bois, et couverte. L'on ferme ces enceintes à clé, et outre cela, quelqu'un y veille pendant la nuit. Les balons du service ordinaire ne sont pas si ornés que ceux de cérémonie, et parmi ceux de cérémonie, il y en a que le roi donne à ses officiers pour ces occasions-là seulement, car ceux qu'il leur abandonne pour les cérémonies ordinaires sont moins beaux.
NOTES
1 - La relation de Jérémie Van Vliet avait été traduite par le diplomate Abraham de Wicquefort et publiée en 1663 à la suite de la Relation du voyage de Perse et des Indes orientales de Thomas Herbert, sous un titre particulièrement alambiqué : Relation historique de la maladie et de la mort de Pra-Inter-Va-Tsia-Thiant-Siang Pheeugk, ou du grand et juste roi de l'éléphant blanc, et des révolutions arrivées au royaume de Siam jusqu'à l'avènement à la Couronne de Pra Ongly, qui y règne aujourd'hui, et qui prend la qualité de Pra Tiauw, Prasat Hough, Pra Tiauw Tsangh, Pra Tiavw Isiangh Ihon Dengh – Pra Thiangh Choboa, c'est-à-dire Roi du trône d'or, comme aussi du rouge et blanc éléphant à la queue entortillée. ⇑
2 - Voir le chapitre VI de la 2ème partie, note 4. ⇑
3 - Chapitre IV de la 3ème partie : Les Siamois les appellent Ken-láï, c'est-à-dire Bras-peints, parce qu'on leur déchiquette les bras, et qu'on met de la poudre à canon sur les plaies, ce qui leur peint les bras d'un bleu mat. ⇑
4 - De nombreux Japonais s'étaient établis au Siam sous le règne d'Ekhathotsarot (1605-1620), souvent des chrétiens qui fuyaient les persécutions organisées dans leur pays. Ils furent bien reçus, et le roi, qui appréciait fort leurs qualités d'organisation militaire, constitua même un corps de garde japonais d'environ 600 hommes, le Krom asa yipun (กรมอาสาญี่ปุ่น : Régiment des volontaires japonais) dont il confia le commandement à l'aventurier samouraï Yamada Nagamasa, qui fut honoré du titre d'Okya Senaphimuk (ออกญาเสนาภิมุข). Ces Japonais, qui avaient pris une part active dans l'usurpation du pouvoir par le roi Prasat Thong, devinrent vite gênants, comme le notait W.A.R. Wood : Prasat Thong, l'usurpateur, voyait d'un mauvais œil la présence de tous ces Japonais, pensant à juste titre que ceux qui l'avaient aidé à monter sur le trône pourraient aussi facilement l'en faire descendre. Il se décida donc à se débarrasser une fois pour toutes de ces turbulents étrangers. Une nuit, pendant la saison des inondations de 1632, le quartier japonais d'Ayutthaya fut subitement attaqué. Beaucoup de Japonais furent massacrés, mais beaucoup purent s'échapper en bateau. Ils furent poursuivis par les Siamois et menèrent un combat acharné entre Ayutthaya et la mer, avec de lourdes pertes de part et d'autre. La majorité des Japonais put gagner le Cambodge. (A History of Siam, 1926, p. 176). Quant à Yamada, il mourut en 1630 dans des circonstances mal connues, peut-être empoisonné sur ordre du roi Prasat Thong. Voir notamment : Vu Duc Liem : Japanese Military Involvement in Ayutthaya, 1600-1630, Southeast Asian Studies Program, Chulalongkorn University, s.d., et Francis H. Giles : A Critical Analysis of van Vliet's Historical Account, Parts I-IV. Journal of the Siam Society, Vol. 30.2, 1938, pp.155-240 et parts VII and VIII (concluded), Vol. 30.3, pp. 271-380.
5 - En 1684, le missionnaire Bénigne Vachet qui accompagnait les deux mandarins venus en France s'informer du sort de l'ambassade siamoise de 1680 avait amené avec lui six jeunes gens du pays pour apprendre des métiers de France. Le chevalier de Chaumont en avait à son tour amené huit sous la férule du père Tachard. La Gazette du 3 mai 1687 (p. 256) publia un communiqué sur le baptême de ces enfants : Le 15 du mois dernier, on baptisa ici dans l'église de Saint-Sulpice dix jeunes Siamois, deux desquels avaient été amenés en France par les mandarins qui y vinrent en l'année 1685 [sic], et les huit autres furent laissés en cette ville par les ambassadeurs du roi de Siam, pour y apprendre quelques arts. Ils avaient été instruits dans le séminaire des Missions Étrangères par un ecclésiastique de leur nation qui a été élevé à Siam dans le séminaire. Un autre, qui apprend la conduite des eaux, a été baptisé avec un jeune Turc dans l'église de la paroisse de Versailles, et tenu sur les fonts, au nom du roi et de Mme la Dauphine. Voir sur ce site la page Les enfants des ambassades. ⇑
6 - Voir chapitre IX de la 3ème partie, et plus particulière la note 10. ⇑
7 - Les Rajputs, habitants du Rajputana, aujourd'hui le Rajasthan.
8 - Selon Joachim Schliesinger qui a consacré 3 volumes aux éléphants de Thaïlande, l'éléphant blanc serait une invention occidentale. Les éléphants du roi de Siam, appelés chang phueak (ช้างเผือก) ou chang samkhan (ช้างสำคัญ) n'étaient pas spécialement blancs, ni même albinos. La couleur de la peau n'était qu'un des critères parmi beaucoup d'autres. On considérait également la forme et la couleur des yeux, la couleur de la bouche et du palais, les bosses du front, la longueur de la queue, la forme des oreilles, la carnation des ongles, la distribution des poils et la longueur du tronc. Joachim Schliesinger explique que cette tradition est encore en vigueur aujourd'hui (Elephants in Thailand, 2010, III, p. 104) : Selon les anciennes traditions siamoises, tous les éléphants « blancs » trouvés en Thaïlande doivent être présentés au roi, et deviennent sa propriété exclusive. Quand un éléphant « blanc » est capturé dans le royaume, le fait doit être signalé au ministère de l'Intérieur, qui en informe le bureau de la Maison royale. Les spécialistes de ce bureau procèdent alors à un examen physique complet de l'animal, qui peut prendre des mois, examinant soigneusement toutes les parties de l'éléphant, et principalement sa peau, pour vérifier qu'il possède bien toutes les caractéristiques d'un véritable chang pheuak (ช้างเผือก : éléphant blanc royal). S'il répond à tous les critères, qui sont au nombre de onze, le roi en est informé.
9 - Voir le chapitre V de la 1ère partie, et particulièrement la note 5. ⇑
10 - Voir le chapitre VIII de la 2ème partie, et particulièrement la note 4. ⇑
11 - La nature de cette charge avait été expliquée chapitre VII de la 2ème partie : Le Calla-hom a le département de la guerre ; il a soin des places, des armes, des munitions, il donne tous les ordres qui regardent les armées et il en est naturellement le général, quoique le roi puisse nommer pour général qui il lui plaît. ⇑
23 décembre 2019