Quatrième partie
Du roi qui règne à présent, de la famille royale
et de tout ce qu'il y a de plus particulier
dans la cour de ce royaume.
Premier chapitre.
De la famille, de la naissance et des grandes qualités du roi qui règne à présent.
L est de la politique du royaume de Siam que le nom du roi ne vienne jamais qu'après sa mort à la connaissance du peuple (1). Il n'est su que des plus grands mandarins, à qui il est utile qu'il soit connu pour le bien de l'État. Deux d'entre eux, dont j'avais gagné l'amitié et engagé la confiance par les bons offices que je leur avais rendus en plusieurs rencontres, m'apprirent en secret que le roi qui règne à présent se nomme Châou Naraïe (2) : Comme j'ai eu l'honneur de voir ce prince d'assez près, je puis vous faire ici son portrait : il a la taille médiocre, les épaules un peu hautes, le visage long, le teint basané, des yeux vifs et pleins de feu qui marquent beaucoup d'esprit, et dans toute sa personne il y a un certain air de grandeur et de majesté accompagné de tant de douceur et de bonté qu'il est impossible de le voir sans le respecter beaucoup et sans l'aimer encore davantage. Il est fils de Châou Pasâ Thông, c'est-à-dire en siamois Roi au langage d'or (3), lequel était un homme ambitieux au-delà de ce que les originaires du pays ont accoutumé de l'être. Après la mort du roi son maître, il monta sur le trône au préjudice des héritiers légitimes de la couronne ; les richesses qu'il avait amassés et le crédit qu'il s'était acquis pendant qu'il était chakriOkya Chakri (ออกญาจักรี), l'une des plus hautes dignités du royaume, lui en ouvrirent le chemin. Il eut l'adresse de s'y maintenir par le mariage qu'il contracta publiquement avec la fille du roi son prédécesseur. Cette princesse qui avait beaucoup de cœur et de vertu eut toutes les peines du monde à se résoudre de l'épouser, il était déjà marié et elle voyait sur sa tête une couronne qu'il venait d'enlever à quatre de ses frères qu'elle aimait fort tendrement, c'était plus qu'il n'en fallait pour lui faire fuir une alliance si désagréable pour elle et si désavantageuse à sa famille. Elle ne put pourtant s'en défendre et toutes les résistances qu'elle fit ne servirent qu'à aigrir l'esprit du tyran, qui prenant ombrage de l'amitié qu'elle témoignait trop ouvertement avoir pour ses frère, prit dessein de les faire mourir. Ils en furent avertis, et quelques serviteurs fidèles qui leur étaient restés à la cour leur fournirent adroitement les moyens de s'achapper du palais où ils étaient renfermés. Deux se réfugièrent dans le Laos, où ils furent très bien reçus, et les deux autres, croyant trouver un asile à PiplyPhetchaburi (เพชรบุรี), ou Phetburi, la Cité des pierres précieuses, à environ 160 km au sud de Bangkok, à l'extrémité nord de la péninsule Malaise. y périrent misérablement par la trahison de ceux-là mêmes de qui ils avaient espéré le plus de protection et de secours.
Châou Pasâ Thông eut de sa première femme une fille et cinq garçons et de sa seconde une fille et un fils. Il sembla que le Ciel voulut donner dès les premières années de la vie de ce jeune prince des présages de l'élévation et de la grandeur où nous le voyons aujourd'hui, car le tonnerre étant tombé sur le palais où il était avec ses frères, tous leurs appartements furent brûlés, il n'y eut que le sien qui se conserva tout entier au milieu des flammes. La reine sa mère n'eut pas la joie de voir l'accomplissement de tous ces heureux présages, car elle mourut quelque temps après, sans autre regret que celui de quitter son fils dans un âge où ses soins et son crédit lui étaient encore si nécessaires. Il en fut sensiblement affligé, mais il parut inconsolable quand il vit cette mort imprévue d'une mère qui lui était si chère, suivie de celle du roi son père. Comme il était alors dans la vingt-quatrième année de son âge, le peuple qui dès son enfance s'était laissé prévenir en sa faveur, le vit avec plaisir en état de monter sur le trône, car il représentait la reine sa mère qui, par la mort de tous ses frères, était devenue la seule héritière présomptive de la couronne. Mais l'infidélité de son oncle trompa les vœux et les espérances de tout le monde. Quoiqu'il ne fût pas en droit de succéder à un usurpateur, il voulut pourtant régner après lui et se prévaloir de la coutume du pays qui veut que les frères du défunt roi lui succèdent à l'exclusion de ses propres enfants. Le prince en eut un vif ressentiment dans le cœur, mais la prudence ne lui permit pas de le faire éclater jusqu'à ce que quelque occasion favorable se présentât de le faire avec succès. Le mauvais naturel et l'ingratitude de son oncle la lui donnèrent quelques mois après. Ce brutal s'étant avisé de vouloir prendre pour sa concubine la sœur utérine de ce jeune prince, il s'y opposa avec tant de vigueur et de courage que le tyran, piqué de la résistance, jura sa perte et chercha par tous les moyens de l'avancer. Châou Naraïe en fut heureusement averti par ceux-là mêmes qui étaient entrés dans le dessein de l'assassiner. Aussitôt il se mit en campagne et demanda du secours aux étrangers. Les chrétiens portugais furent les premiers à se rendre aux promesses qu'il leur fit de favoriser leur commerce et de bien récompenser leurs services. À peine eut-il trouvé mille hommes en état de le suivre que pour ne pas donner le temps à son ennemi de se reconnaître et de ramasser toutes ses troupes, il se mit à leur tête et marcha droit au palais. D'abord il fit main basse sur tous ceux qui voulurent s'opposer à son passage, et s'étant fait jour jusqu'à la porte de la chambre du roi, il entra le sabre à la main. L'usurpateur ne s'y voyant pas en état de se pouvoir défendre s'était déguisé pour se sauver dans la foule des siens qui fuyaient de tous côtés, mais y ayant été reconnu par un chrétien portugais, le prince fondit sur lui et le tua, dit-on, de sa propre main. Les chefs de la conjuration furent arrêtés prisonniers, il en punit quelques-uns pour l'exemple, et des autres, il s'en fit des amis par la générosité qu'il eut de leur pardonner (4).
Sitôt qu'il se vit en possession paisible de son royaume, il épousa solennellement la fille de son père ; il la fit déclarer reine avec toutes les cérémonies accoutumées. Il maria sa sœur utérine à un de ses frères qui était un parfaitement honnête homme et qu'il savait bien n'avoir point eu de part à la conspiration. Les quatre autres qui étaient soupçonnés d'y avoir trempé furent disgrâciés, deux moururent de chagrin quelques temps après ; celui qui était marié leur survécu de dix ou douze ans et mourut comme eux sans enfants ; les deux autres sont encore en vie. Il y en a un qui, pour guérir le roi de toutes les défiances secrètes qu'il pourrait avoir de sa fidélité, s'est fait talapoin. Il demeure dans une grande pagode assez proche du palais où Sa Majesté siamoise le va voir assez souvent. Elle lui a fait offrir plusieurs fois les premières charges du royaume ; le refus qu'il en a fait jusqu'à présent, plutôt sans doute par politique que par vertu, n'a pas laissé de lui mériter la confiance du roi et la vénération de tout le peuple qui le regarde comme un grand saint.
L'autre frère qui est paralytique mène une vie obscure et languissante dans un petit château de la capitale où il demeure renfermé, sans qu'il lui soit permis d'aller à la cour. Toutes les fois qu'il y a paru, il a fait toujours semblant de bégayer et d'avoir l'esprit aliéné dans la crainte qu'il a peut-être que le roi, qui s'est toujours défié de lui et qui ne l'aime point, ne le mette en état de ne pouvoir jamais rien entreprendre contre ses intérêts (5).
Les deux princesses, sa sœur et son épouse moururent il y a environ sept ou huit ans à trois ou quatre mois l'une de l'autre. Leurs corps furent brûlés ensemble sur le même bûcher, dans le palais, en présence de toute la cour, avec une pompe funèbre digne de la grandeur de leur naissance et de leur mérite personnel. Depuis ce temps le roi a conservé dans son cœur une douleur si vive de la mort de la reine qu'il aimait passionnément, qu'il n'a jamais voulu penser à se remarier et il se contente d'avoir quelques concubines. La princesse qui est issue de son mariage n'a point dégénéré de la vertu et des grandes qualités de sa mère, si j'en crois ceux qui l'ont vue avant qu'elle eût atteint l'âge de quatorze ans ; car sitôt que les princesse ont passé cet âge, elles ne se font plus voir aux hommes, et leurs frères mêmes ne leur parlent plus qu'au travers d'un rideau. Sa taille passe la médiocre ; elle a la bouche assez belle, les yeux noirs et bien fendus, le teint plus blanc que les autres ; son nez est un peu trop plat pour être bien fait, mais il y a dans tout ce qu'elle fait un certain je ne sais quoi de fort engageant et de fort agréable (6). Cet art qu'elle a de plaire à toutes les femmes qui la peuvent voir est soutenu par une solidité de jugement et par une vivacité d'esprit dont l'heureux et juste assemblage n'est pas toujours le partage de celles de son sexe. Le roi qui connaît mieux que qui que ce soit les bonnes qualités de cette princesse, voulut il y a trois ou quatre ans les mettre à l'épreuve. Comme elle est l'héritière présomptive de sa couronne, un jour il se fit un plaisir de la lui mettre sur la tête et de lui donner pour deux fois vingt-quatre heures seulement le gouvernement de son royaume : elle y surpassa ses espérances, car elle raisonna sur les affaires les plus difficiles qu'il lui fit proposer par son Conseil, comme si elle y eut été élevée toute sa vie ; et sa pénétration naturelle suppléant au défaut d'expérience, elle fit connaître qu'elle était née pour le trône, et qu'elle saurait fort bien le remplir quand elle y serait appelée. Il n'y a qu'une chose qu'on lui puisse justement reprocher, c'est que sa vertu est un peu trop austère, car on l'a vu pour les moindres fautes et pour de simples médisances dont ses filles d'honneur s'étaient rendues coupables envers leurs compagnes, les faire raser en sa présence, et par ce châtiment les déshonorer pour le reste de leurs jours.
Les eunuques qui la gardent sont vêtus comme les femmes et vivent chez elle avec beaucoup de retenue et une extrême circonspection. Elle accompagne le roi dans tous ses voyages, mais comme il est de la bienséance du pays qu'elle se trouve la première dans les lieux où il arrive pour l'y recevoir, elle marche à petit bruit, renfermée dans son balon si elle va par eau, ou dans la cherolle de son éléphant si elle voyage par terre. Mais de peur d'y être vue elle ne passe jamais dans les villes qu'à l'apoint ou sur le déclin du jour. L'époux que le roi son père lui destine est bien digne d'elle, car il a beaucoup d'esprit. La richesse de sa taille et l'égalité de son humeur populaire, enjouée, civile et bienfaisante à tout le monde, l'ont déjà rendu les délices de la cour (7). Le roi l'aime extrêmement, et il veut, quoiqu'il ne soit en apparence que son fils adoptif, qu'on lui rende les mêmes honneurs qui sont dus aux enfants des rois. Il lui permet d'avoir une cherolle (8) sur son éléphant et de ne se point prosterner en sa présence, d'entrer quand il lui plaît dans son appartement et d'avoir des habits aussi riches et aussi magnifiques que les siens. Si l'on en croit l'histoire médisante de la cour de Siam, le roi eut ce prince d'une de ses concubines qu'il maria par politique à un OckouneOk-khun (ออกขุน), titre nobiliaire. sitôt qu'il la sentit grosse : l'embarras où il s'était trouvé lors de son avènement à la couronne, par le nombre des enfants de différents lits que son père avait laissé en mourant lui fit prendre la résolution de faire passer celui-ci pour le fils de cet Ockoune, afin que si dans la suite du temps il ne répondait pas à ses espérances, il ne fût pas en droit de disputer la couronne à ses héritiers légtitimes ; mais il crut pourtant lui devoir faire tout le bien qu'il pourrait sans hasarder le repos de ses États, c'est pourquoi il se le fit apporter dans son palais sitôt qu'il fut né et l'adopta publiquement pour son fils. Jamais prince n'eut dans les Indes une plus belle éducation que la sienne et ne ressembla mieux à son père, soit par la grandeur de l'âme, soit par l'agrément qu'il a dans tout ce qu'il fait. On ne doute point aussi que le roi n'accomplisse bienôt le dessein qu'on croit qu'il a de lui faire épouser la princesse sa fille, laquelle ne le hait pas, car on dit qu'elle versa des larmes quand elle apprit il y a trois ou quatre ans qu'il s'était fait talapoin et qu'elle ne put s'empêcher de témoigner l'excès de sa joie quand on lui vint dire que le roi ennuyé de ne le point voir auprès de lui, l'avait obligé de renoncer à sa profession et de retourner à la cour.
NOTES
1 - Le père Tachard s'était également étonné du curieux mystère qui entourait le nom du roi : Quand je fus arrivé à Louvo, je racontai à M. Constance l’embarras où je m’étais trouvé en demandant des nouvelles du roi de Siam, sans avoir pu obtenir aucune réponse : j’ajoutai que le trouble de ceux auxquels je m’étais adressé, et la peine qu’ils avaient eue à me répondre, m’avaient causé beaucoup d’inquiétude, dans la crainte qu’il ne fût arrivé à la cour quelque changement considérable. Il me répondit qu’on avait été fort étonné de mes questions, parce qu’elles étaient contraires aux usages des Siamois, auxquels il est si peu permis de s’informer de la santé du roi leur maître, que la plupart ne savent pas même son nom propre : et que ceux qui le savent n’oseraient le prononcer ; qu’il n’appartient qu’aux mandarins du premier ordre de prononcer un nom qu’ils regardent comme une chose sacrée et mystérieuse. (Second voyage des jésuites..., 1689, pp. 146-147). Et rappelons que ce n'est qu'en 1873 que le peuple eut l'autorisation de regarder le visage du roi. ⇑
2 - Le roi Naraï le Grand (Somdet Phra Naraï Maha Racha : สมเด็จพระนารายณ์มหาราช) régna de 1656 à 1688 sous le titre de Ramathibodi III Si Sanphet. ⇑
3 - Gervaise fait ici une confusion entre les mots phasa (ภาษา) : langage, et prasat (ปราสาท) : château, palais, temple. Prasat Thong, le roi au palais d'or (Somdet Phra Chao Prasat Thong : สมเด็จพระเจ้าปราสาททอง) régna de 1629 à 1656. Voir sur ce site la relation de Jérémie van Vliet qui couvre la période troublée qui suivit la mort du roi Songtham (1628) et la suite d'événements qui amenèrent Prasat Thong à usurper le pouvoir après avoir fait exécuter ou assassiner tous les obstacles qui le séparaient du trône. ⇑
4 - Tout n'est sans doute pas aussi édifiant. À la mort du roi Prasat Thong, son fils aîné, Chao Fa Chai s'empara par la force du trône qui, selon les lois du royaume, aurait dû revenir à son oncle Si Suthammaracha (ศรีสุธรรมราชา), frère du roi défunt. Pour récupérer une couronne qu'il estimait lui être due, Si Suthammaracha s'allia avec le prince Naraï, jeune frère de l'usurpateur, fit assassiner Chao Fa Chai qui n'avait régné que quelques mois et monta sur le trône sous le titre de somdet Phra Sanphet 7, faisant de son neveu Naraï l'upparat, c'est-à-dire le vice-roi. Là encore, ce règne usurpé fut éphémère. Si Suthammaracha s'éprit de sa nièce, la sœur du prince Naraï, la poursuivit de ses assiduités et la fit même sortir clandestinement du palais dans un coffre. Outrée par ce traitement humiliant, cette princesse alla s'en plaindre à son frère qui décida de mettre fin aux agissements de l'oncle indigne. Il recruta une troupe de mille Portugais et monta à l'assaut du palais royal. Ce prince, écrit Turpin, soutenu de mille de ces braves Européens, força les barrières du palais dont il se rendit maître avant qu'on eût soupçonné qu'il en eût formé le dessein. L'usurpateur, croyant se sauver à la faveur d'un déguisement, se confondit dans la foule de ses domestiques ; mais un Portugais l'ayant aperçu dans le temps qu'il s'enfuyait avec précipitation, le saisit, et lui plongea son poignard dans le sein. (Turpin, Histoire civile et naturelle du royaume de Siam, Paris, 1771, p. 55-56). ⇑
5 - L'abbé de Choisy notait dans son journal du 12 novembre : Le roi n’a qu’une fille unique qui a vingt-sept ans. Elle a le rang et les revenus de la reine depuis que sa mère est morte et les aura jusqu’à ce que son père se remarie. Il y a deux frères du roi : l’un qui a trente-sept ans et est impotent, fier et capable de remuer, si son corps lui permettait d’agir ; l’autre qui n’a que vingt-sept ans est bien fait et muet. Il est vrai que l’on dit qu’il fait le muet par politique. Ils ont chacun un palais, des jardins, des concubines, des esclaves, et ne sortent presque jamais. La sœur du roi et ses tantes sont fort vieilles. Ces deux frères n'étaient en fait que des demi-frères du roi Naraï. L'aîné, Chao Fa Apai thot (เจ้าฟ้าอภัยทศ), boiteux, ivrogne et colérique, fut assigné à résidence pour avoir comploté. Le cadet, Chao Fa Noi (เจ้าฟ้าน้อย), fut condamné à mort pour avoir eu une liaison avec une concubine de son frère le roi. Gracié, il subit néanmoins une formidable correction qui le laissa à moitié paralysé. Tous deux furent exécutés lors de la révolution de 1688. Voir dans la relation du chevalier de Chaumont la note consacrée aux frères du roi Naraï. ⇑
6 - La princesse Sudawadhi (สุดาวดี) Krom luang (princesse de 3ème rang) Yothathep (กรมหลวงโยธาเทพ) 1656-1735, fille unique du roi Naraï et de la Princesse Suriyong Ratsami (สุริยงรัศมี), une de ses concubines, sans doute parce qu'il était impossible de la voir, excita la curiosité et les fantasmes des auteurs de relations et sa cruauté, réelle ou supposée, fit grosse impression. L'abbé de Choisy note dans son Journal du 30 octobre : Sa justice est très sévère. Quand quelque dame a trop parlé, elle lui fait coudre la bouche et quand elle n’a pas assez parlé, elle lui fait fendre la bouche jusqu’aux oreilles. Ce n’est point une plaisanterie. Chaumont confirme ce trait : Il y est arrivé quelquefois que lorsque quelques femmes de sa maison ont été convaincues de médisances d'extrême considération, ou d'avoir révélé des secrets de très grande importance, elle leur a fait coudre la bouche. (Relation de l'ambassade de M. le chevalier de Chaumont, 1686, p. 173). ⇑
7 - Mom Pi (หม่อมปีย์) ou Phra Pi (พระปีย์), parfois appelé Prapié, Monpy, Monpi, etc. dans les relations occidentales. Fils d'un courtisan, ce jeune garçon fut emmené très jeune au palais pour y exercer les fonctions de page et fut élevé par une sœur du roi Naraï. Toutes les relations s'accordent à reconnaître la tendresse quasi paternelle que le roi lui prodiguait et les privilèges exceptionnels dont il jouissait. Le père de Bèze en dresse un portrait de parfait courtisan : Il n’avait pas l’esprit fort vif et fort brillant mais il compensait cela par son bon air, ses manières aisées et engageantes et surtout par sa complaisance à l’égard du roi et son application à étudier et à prévenir tout ce qu’il pouvoit souhaiter. Il entra par là si avant dans ses bonnes grâces que le roi ne pouvait plus être un moment sans lui. (Mémoires du père de Bèze sur la vie de Constance Phaulkon, J. Drans et H. Bernard, 1947, p. 74). Lors de la révolution de Siam en 1688, Phra Pi fut arrêté dans la chambre même du roi Naraï et décapité. Sa tête aurait, parait-il, été attachée pendant plusieurs jours au cou de Phaulkon soumis à la torture. ⇑
8 - Le mot est utilisé abusivement par Gervaise pour désigner le siège ou la nacelle posée sur le dos des éléphants. La cherolle est en fait le parasol ou la tenture qui protège ce siège du soleil et des intempéries. Voir la note 1 du chapitre 8 de la deuxième partie. ⇑
5 mars 2019