Chapitre IX
Des études des Siamois

Page de la Relation de La Loubère
I. Ils mettent leurs enfants chez les talapoins.

Quand ils ont élevé leurs enfants jusqu'à l'âge de sept ou huit ans, ils les mettent dans un couvent de talapoins et leur font prendre l'habit de talapoin, car c'est une profession qui n'engage point et que l'on quitte sans honte quand on veut. On appelle Nenเณร
ces petits talapoins ; ils ne sont pas pensionnaires, mais leurs parents leur envoient tous les jours à manger. Il y a même de ces Nen de bonne maison qui ont auprès d'eux un ou plusieurs esclaves pour les servir.

II. Ce qu'ils y apprennent.

On leur montre principalement à lire, à écrire et à compter, parce que rien n'est plus nécessaire à des marchands et que tous les Siamois font quelque commerce. On leur enseigne les principes de leur morale et les fables de leur Sommona-Codom, mais point d'histoire, ni de lois, ni aucune science. On leur enseigne aussi la langue pali (1) qui est, comme j'ai dit plus d'une fois, la langue de leur religion et de leurs lois, et peu d'entre eux y font quelque progrès s'ils ne s'attachent longtemps à la profession de talapoin ou s'ils n'entrent dans des charges, car c'est dans ces deux cas seulement que cette langue leur est nécessaire.

III. Les langues pali et chinoise comparées à la siamoise.

Ils écrivent le siamois et la pali de la gauche à la droite, du même sens que nous écrivons nos langues d'Europe, en quoi ils sont différents de la plupart des autres Asiatiques qui de tout temps ont écrit de la droite à la gauche (2), et des Chinois mêmes, qui conduisent la ligne de haut en bas, et qui dans l'arrangement des lignes en une même page, mettent la première à la droite et les autres de suite vers la gauche. Ils sont encore différents des Chinois en ce qu'ils n'ont pas comme eux un caractère pour chaque mot, ou même pour chaque signification d'un seul mot, afin que l'écriture n'ait point d'équivoques comme le langage. La langue siamoise et la pali sont comme les nôtres un alphabet de peu de lettres (3) dont on compose des syllabes et des mots. D'ailleurs la langue siamoise tient beaucoup de la chinoise en ce qu'elle a beaucoup d'accent (car leur voix s'élève souvent de plus d'une quarte) et en ce qu'elle est presque toute de monosyllabes, de sorte qu'on peut présumer que si on l'entendait bien, on trouverait que le peu de mots qu'elle a de plusieurs syllabes sont ou étrangers, ou composés de monosyllabes, dont quelques-uns ne sont plus en usage que dans ces compositions.

IV. Les langues siamoise et chinoise n'ont point d'inflexion de mots, la pali en a.

Mais la ressemblance la plus remarquable qui soit entre ces deux langues et qui ne se trouve pas dans la pali est que ni l'une ni l'autre n'ont ni déclinaison ni conjugaison, ni peut-être de dérivés, au lieu que la langue pali en a. Par exemple, le mot qui veut dire content voudra dire aussi contentement, et celui qui signifie bon signifiera bien et bonté, selon les diverses manières de les employer. L'arrangement seul marque les cas dans les noms, et en cela leur arrangement n'est guère différent du nôtre. Et quant aux conjugaisons, les Siamois ont seulement quatre ou cinq petites particules qu'ils mettent tantôt devant le verbe et tantôt après pour en signifier les nombres, les temps, et les modes. Je les donnerai à la fin de ce volume avec les alphabets siamois et pali ; et c'est en cela que consiste à peu près toute leur grammaire.

V. Langue siamoise peu abondante, mais fort figurée.

Leur dictionnaire n'est guère moins simple, je veux dire que leur langue n'est guère abondante, mais le tour de leur phrase n'en est que plus divers et plus difficile. Dans les pays froids, où l'imagination est froide, on nomme chaque chose par son nom et l'on y abonde autant ou plus en paroles qu'en choses, et lorsqu'on a mis tous ces mots dans sa mémoire, on peut se promettre de bien parler. Il n'en est pas de même dans les pays chauds : peu de mots y suffisent à beaucoup dire, parce que la vivacité de l'imagination les emploie en cent manières différentes toutes figurées (4). Voici deux ou trois exemples des façons de parler siamoises. Cœur bon veut dire content, ainsi pour dire : Si j'étais à Siam je serais content, ils disaient : Si moi être ville Siam, moi cœur bon beaucoup. SiiSi : สี veut dire lumière, et par métaphore beauté, et par une seconde métaphore, ce mot de siiSi : สี étant joint à celui de PakPak : ปาก qui veut dire bouche, Sii-pakSi pak : สีปาก veut dire les lèvres, comme qui dirait la lumière ou la beauté de la bouche (5). Ainsi, la gloire du bois veut dire fleur, le fils de l'eau veut dire en général tout ce qui s'engendre dans l'eau sans être poisson, comme les crocodiles et toutes sortes d'insectes aquatiques. Et en d'autres rencontres, le mot de fils ne marquera que la petitesse, comme les fils des pois, pour dire les petits pois, au contraire du mot de mère dont ils se servent pour signifier la grandeur en certaines choses. Au reste, je n'ai vu en cette langue aucuns mots qui aient du rapport aux nôtre, que ceux de Pho : พ่อ et de Mae : แม่, qui veulent dire père et mère, en chinois fu, mu.

VI. De l'arithmétique.

Je passe à l'arithmétique, qui après la lecture et l'écriture, est la principale étude des Siamois. Leur arithmétique a comme la nôtre dix caractères, dont ils figurent le zéro comme nous et auxquels ils donnent les mêmes valeurs que nous, dans le même arrangement, plaçant comme nous de la droite à la gauche, nombres, dizaines, centaines, mille et toutes les autres puissances du nombre dix. Les marchands indiens sont si exercés à compter et leur imagination est si nette là-dessus, qu'on dit qu'ils peuvent résoudre sur-le-champ des questions d'arithmétique très difficile, mais je crois aussi qu'ils ne résolvent jamais ce qu'ils ne peuvent résoudre sur-le-champ. Ils n'aiment point à rêver, et ils n'ont nul usage de l'algèbre.

VII. Instrument qui sert de jeton aux Chinois.

Les Siamois ne calculent guère qu'avec la plume, mais les Chinois se servent d'un instrument qui revient au jeton, et que l'Histoire de la Chine du père Martini (6) porte qu'ils ont inventé deux mille six à sept cents ans avant Jésus-Christ. Quoi qu'il en soit, Pignorius dans son ouvrage De servis (7), nous apprend que cet instrument était familier aux anciens esclaves romains qui étaient destinés à compter. J'en donne la description et la figure à la fin de cet ouvrage (8).

VIII. Les Siamois peu propres aux études d'application.

Les études auxquelles l'on nous applique dans nos collèges sont presque absolument inconnues aux Siamois, et l'on peut douter s'ils y sont bien propres. Le caractère essentiel des peuples des pays extrêmement chauds ou extrêmement froids est la paresse d'esprit et de corps, avec cette différence qu'elle dégénère en stupidité dans les pays trop froids, et que dans les pays trop chauds il y a toujours de l'esprit et de l'imagination, mais de cette sorte d'imagination et d'esprit qui se lasse bientôt de la moindre application.

IX. Ils ont de l'imagination et de la paresse.

Les Siamois conçoivent facilement et nettement, leurs reparties sont vives et promptes, leurs objections sont justes. Ils imitent d'abord, et dès le premier jour, ils sont passablement bons ouvriers, si bien qu'on croit qu'un peu d'étude les va rendre très habiles, soit dans les plus hautes sciences, soit dans les arts les plus difficiles ; mais leur paresse invincible détruit tout d'un coup ces espérances. Il ne faut donc pas s'étonner s'ils n'inventent rien dans les sciences qu'ils aiment le mieux, comme la chimie et l'astronomie.

X. Ils sont naturellement poètes, et leur poésie est rimée.

J'ai dit ci-dessus qu'ils sont naturellement poètes. Leur poésie consiste, comme la nôtre, et comme celle dont on se sert aujourd'hui par toute la terre connue, dans le nombre des syllabes et dans la rime. Quelques-uns en attribuent l'invention aux Arabes, parce qu'il semble que ce sont eux qui l'ont portée partout. Les relations de la Chine disent bien que la poésie chinoise d'aujourd'hui est en rime, mais quoiqu'elles parlent de leur poésie ancienne, dont ils ont encore plusieurs ouvrages, ils ne disent pas de quelle nature elle était, parce, à mon avis, qu'il est difficile d'en juger, car encore que les Chinois aient conservé l'intelligence de leur ancienne écriture, ils n'ont pas conservé leur ancien langage. Ils lisent en la langue d'aujourd'hui les caractères anciens. Quoi qu'il en soit, j'ai de la peine à comprendre d'une langue toute de monosyllables et pleine de voyelles fort accentuées et de diphtongues fort composées, que si la poésie ne consiste dans la rime, elle puisse consister dans la quantité, comme faisaient les poésies grecque et latine.

XI. Leur génie dans la poésie.

Je n'ai pu avoir une chanson siamoise bien traduite, tant leur façon de penser est éloignée de la nôtre. J'y ai pourtant entrevu des peintures, comme par exemple d'un jardin agréable où un amant invite sa maîtresse de venir. J'y ai vu aussi des expressions qui me paraissaient d'une immodestie grossière, quoique cela ne fît pas le même effet en leur langue. Mais outre les chansons d'amour, ils en ont aussi d'historiques et de morales tout ensemble (9) : j'en ai ouï chanter aux pagayeurs même, dont on me faisait entendre à peu près le sens. Le lacône dont j'ai parlé n'est autre chose qu'un chant moral et historique, et l'on m'a dit que l'un des frères du roi de Siam fait des poésies morales fort estimées, auxquelles il met lui-même le chant (10).

XII. Ils ne sont point orateurs.

Mais si les Siamois naissent poètes, ils ne naissent point orateurs, et ils ne le deviennent point. Leurs livres sont ou des narrations d'un style fort simple, ou des sentences d'un style coupé et plein d'images. Ils n'ont point d'avocats ; les parties disent chacune leur affaire au greffier, qui écrit sans aucune rhétorique les faits et les raisons qu'on lui dit. Quand ils prêchent, ils lisent le texte pali de leurs livres et ils le traduisent et l'expliquent en siamois simplement et sans aucune sorte d'action, comme nos professeurs, et non pas comme nos prédicateurs.

XIII. Leurs compliments se ressemblent toujours.

Ils savent porter une parole en une affaire et ils s'en acquittent avec beaucoup d'insinuation, mais pour ce qui est de leurs compliments, ils sont tous sur un modèle qui est fort bon à la vérité, mais qui fait que dans les mêmes cérémonies, ils disent toujours à peu près les mêmes choses. Le roi de Siam lui-même a ses paroles presques comptées dans ses audiences de cérémonie, et il ne dit aux envoyés du roi qu'à peu près ce qu'il avait dit à M. de Chaumont, et avant lui à feu M. l'évêque d'Héliopolis (11).

XIV. De la dernière harangue que l'ambassadeur de Siam fit en France.

Je n'ai point oublié cette excellente harangue que l'ambassadeur de Siam fit au roi dans son audience de congé (12) et qui seule pourrait faire croire que les Siamois sont grands orateurs, si nous pouvions juger du mérite de l'original par celui de la traduction : mais cela est difficile, surtout en deux langues qui ont si peu de rapport l'une à l'autre. Tout ce que nous en devons croire, c'est que le gros du dessein et de la pensée est de l'ambassadeur siamois, et je ne m'étonne point qu'il ait admiré la bonne mise, l'air majestueux, la puissance, l'affabilité et toutes les qualités extraordinaires du roi. Elles le devaient encore plus frapper qu'un autre, parce que ces vertus sont absolument inconnues en Orient et s'il eût osé dire toute la vérité, il eût avoué que la flatterie naturelle à ceux de son pays lui avait fait louer toute sa vie ces mêmes choses où elles n'étaient point, et qu'il en voyait dans le roi le premier exemple. Quand les mandarins vinrent à bord de notre vaisseau porter le premier compliment du roi de Siam aux envoyés du roi, ils prirent congé d'eux en leur témoignant qu'ils le demandaient à regret et par la nécessité indispensable d'aller satisfaire l'impatience du roi leur maître sur les choses qu'ils avaient à lui rapporter : pensée naturelle et bonne sur laquelle roule tout le commencement de la harangue de congé de l'ambassadeur. Et quant à ce bel endroit par où il finit, que leur relation de lui et de ses collègues serait mise dans les archives du royaume de Siam et que le roi leur maître se ferait un honneur de l'envoyer aux princes ses alliés, il était en cela moins orateur qu'historien. Il rendait compte d'une pratique de son pays qui ne s'omet point dans les grandes occasions et qui est en usage en d'autres royaumes. Il y en a un exemple dans Osorius (13) au livre 8 de son Histoire d'Emmanuel, roi de Portugal, où il raconte comment Alphonse, deuxième roi chrétien de Congo, fit mettre dans ses archives l'histoire de sa conversion et celle d'une célèbre ambassade qu'il avait reçue d'Emmanuel, et comment il en fit part à tous les princes ses vassaux. On peut donc assurer que les Siamois ne sont point orateurs et qu'ils n'ont jamais besoin de l'être. Même leur usage n'est pas de faire ni harangue, ni compliment aux princes vers qui on les envoie, mais de répondre aux choses sur lesquelles ces princes les interrogent. Ils haranguèrent en cette cour pour s'accommoder à nos mœurs et pour jouir d'un honneur qu'ils estimaient fort, qui était de parler au roi avant que Sa Majesté leur parlât. Voilà tout ce que l'on peut dire de leur poésie et de leur rhétorique.

XV. Ils ont une philosophie morale, et point de théologie.

Ils ignorent absolument toutes les parties de la philosophie, hormis quelques principes de morale, où comme nous verrons en parlant des talapoins, ils ont mêlé bien du faux. Je ferai voir aussi en même temps qu'ils n'ont aucune sorte de théologie et qu'on pourrait peut-être les justifier sur le culte des fausses divinités dont on les accuse par une impiété plus coupable, qui est de ne connaître aucune divinité, ni vraie, ni fausse.

XVI. Comment ils étudient leurs lois.

Ils n'ont point d'étude de droit, il n'apprennent les lois de leur pays que dans les emplois. Elles ne sont point publiques, comme j'ai dit, faute d'imprimerie, mais quand ils entrent en quelque office, on leur met en main une copie des lois qui le concernent, et la même chose se pratique en Espagne, quoique les lois y soient entre les mains de tout le monde et qu'il y ait des écoles publiques pour les enseigner. Par exemple, ils inséreront dans les provisions d'un corrégidor (14) tout le titre de Corrégidores, qui est dans la compilation de leurs ordonnances. J'ai vu même quelques exemples de cela en France.

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X. De ce que les Siamois savent
en médecine et en chimie.

NOTES

1 - La Loubère orthographie systématiquement Bali. Nous avons utilisé l'orthographe couramment admise aujourd'hui. 

2 - La plupart des langues qui s'écrivent de droite à gauche sont des langues sémitiques provenant du Moyen-Orient, d'Afrique du nord ou de la corne de l'Afrique, toutefois, au XVIIe, le Tonkin et la Cochinchine utilisaient encore largement l'ancienne écriture fondée sur des sinogrammes, alors que la langue romanisée, le Chữ quốc ngữ s'imposait lentement (notamment sous l'influence des missionnaires portugais). Dans sa relation publiée en 1676, Jean-Baptiste Tavernier évoquait les peuples du Japon, de la Chine, de la Cochinchine et de Tonkin, qui conduisent leur écriture de la main droite à la gauche et depuis le haut de la page jusqu'au bas. (Les six voyages de Jean-Baptiste Tavernier […], 1676, II, p. 435). 

3 - À propos de la langue siamoise, l'abbé de Choisy notait dans son journal du 28 avril 1685 : Il y a trente-trois lettres, pas de conjugaisons, et beaucoup d'adverbes. Ce chiffre était également mentionné par Jean-Baptiste Tavernier (op. cit., II, p. 435). La Loubère consacre une trentaine de pages à la langue siamoise dans le second tome de sa relation. Il y écrit notamment : La langue siamoise a 37 lettres et la pali 33, mais ce sont toutes consonnes. Quant aux voyelles et aux diphtongues, dont il y a un grand nombre dans l'une et l'autre langue, elles ont à la vérité des caractères particuliers, dont on fait d'autres alphabets. La Loubère distingue ainsi trois alphabets qu'il reproduit dans une illustration. L'alphabet thaï comporte aujourd'hui 44 consonnes (dont deux tombées en désuétude). Quant aux voyelles, soit lettres, soit signes diacritiques, soit diphtongues, elles ne sont pas moins d'une quarantaine.

L'alphabet siamois dans la relation de La Loubère.
Les 44 consonnes de l'alphabet thaï moderne. 

4 - Cette hasardeuse théorie des climats, qui trouvera son apogée avec Montesquieu et Rousseau, circulait depuis l'Antiquité. Au IVe siècle avant J.-C., Aristote écrivait dans sa Politique : Les peuples qui habitent les climats froids, même dans l'Europe, sont en général pleins de courage. Mais ils sont certainement inférieurs en intelligence et en industrie, aussi conservent-ils leur liberté ; mais ils sont politiquement indisciplinables, et n'ont jamais pu conquérir leurs voisins. En Asie, au contraire, les peuples ont plus d'intelligence, d'aptitude pour les arts, mais ils manquent de cœur, et ils restent sous le joug d'un esclavage perpétuel. (Traduction Barthélemy Saint-Hilaire). Au XVIIe siècle, Boileau conseillait dans L'Art poétique :

Des siècles, des pays, étudiez les mœurs,
Les climats font souvent les diverses humeurs.

Et Corneille écrivait, dans son Agésilas (acte V, scène 2) :

Des climats différents la nature est diverse :
La Grèce a des vertus qu’on ne voit point en Perse. 

5 - Y avait-il dans le Siam du XVIIe siècle des précieux et des précieuses comme ceux qui, en France, appelaient un miroir le conseiller des grâces ou une cheminée l'empire de Vulcain ? Si (สี) signifie aujourd'hui couleur, et non lumière, et les lèvres se disent rim fi pak (ริมฝีปาก). 

6 - Marino Martini (1614-1661), jésuite italien, l'un des premiers historiens et cartographes de la Chine. Une Histoire de la Chine, traduite du latin du père Martin Martini de la Compagnie de Jésus par l'abbé Le Peletier fut publiée à Paris en 2 volumes en 1692. Il ne peut donc s'agir de l'ouvrage mentionné par La Loubère. Peut-être fait-il allusion à l'Histoire universelle de la Chine d'Alvarez Semedo, avec l'histoire de la guerre des Tartares, contenant les révolutions arrivées en ce grand royaume depuis quarante ans, par le P. Martin Martini, ouvrage publié à Lyon en 1667 qui contient un paragraphe sur l'abaque chinois : Leur façon de compter par tout le royaume, et même dans les provinces voisines, est avec un instrument que les Portugais nomment gina, et les Chinois suon-puon, qui est comme une espèce de table, et comme un carré partagé en dix parties, avec de petites verges de cuivre, et sept boulettes enfilées en chacune d'icelles, comme des grains de chapelier ; ces verges sont divisées en deux : il y a cinq grains par le bas, qui ne se prennent que pour des unités, les deux qui sont en haut se comptent pour des dizaines : par le moyen de cet instrument et des grains qu'ils tournent diversement, ils font et arrêtent leurs comptes avec une promptitude incroyable. (p. 77). 

7 - Lorenzo Pignoria (1571-1631), prêtre et historien italien, auteur de De servis & eorum apud veteres ministeriis, commentarius (Histoire des esclaves chez les Anciens). 

8 - Cette illustration se trouve page 128 du second tome.

Instrument chinois d'arithmétique. 

9 - Le père Marcel Le Blanc écrivait : Ils ont une espèce de poésie différente de la manière commune de parler. Elle leur sert à faire des chansons, non pas à boire, mais à manger et à aimer, des fables sur les aventures de leurs dieux et des critiques de leur prochain. (Histoire de la révolution du royaume de Siam […], 1692, II, pp. 226-227). 

10 - Il s'agissait sans doute de Chao Fa Noi (เจ้าฟ้าน้อย), le frère cadet dont le père De Bèze parlait en termes fort élogieux : … il avait en effet tout ce qui peut rendre un prince aimable : il était bien fait de sa personne et assez blanc, ce que les Siamois estiment beaucoup. Il était affable et populaire, l'esprit agréable et les manières fort engageantes, ce qui le rendait les délices de la Cour et du peuple. (Mémoire du père De Bèze sur la vie de Constantin Phaulkon […], Drans et Bernard, 1947, p. 69). Le roi Naraï lui-même taquinait volontiers la muse et composait des berceuses pour ses éléphants blancs. 

11 - François Pallu, décédé en 1684. 

12 - On pourra lire ici cette Harangue de Kosapan à Louis XIV prononcée à Versailles le 14 janvier 1687. Elle fut traduite par l'abbé de Lionne, revue par Louis Thiberge, directeur du séminaire des Missions Etrangères. Fort modestement, l'abbé de Choisy admit y avoir marqué quelques points et quelques virgules. 

13 - Jerónimo Osório (1506-1580), évêque et historien portugais, auteur de De Rebus Emmanuelis Regis lusitaniae Invictissimi Virtute et Auspicio Gestis publié en 1571. 

14 - En Espagne, le premier officier de justice d'une ville, d'une province. (Littré). 

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18 mai 2020