Chapitre IX
Du barcalon et des finances

Page de la Relation de La Loubère
I. Du barcalon.

Le Prá-clangPhra khlang : พระคลัง, ou par une corruption des Portugais, le barcalon, est l'officier qui a le département du commerce tant du dedans que du dehors du royaume. Il est le surintendant des magasins du roi de Siam, ou si l'on veut son premier facteur. Son nom est composé du mot pali PráPhra : พระ, dont j'ai si souvent parlé, et du mot ClangKhlang : คลัง qui veut dire magasin (1). Il est le ministre des Affaires étrangères, parce qu'elles se réduisent presque toutes au commerce, et c'est à lui que les nations réfugiées à Siam s'adressent dans leurs affaires, parce que ce n'est que la liberté du commerce qui les y a autrefois attirées. Enfin c'est le barcalon qui reçoit les revenus des villes.

II. Les revenus du roi de Siam viennent de deux sources.

Les revenus du roi de Siam sont de deux sortes : revenus des villes et revenus de la campagne. Les revenus de la campagne sont reçus par Oc-yà PollatepOkya Pholathep : ออกญาพลเทพ, selon ce qu'on m'a dit, ou Vorethep, selon M. Gervaise (2). Ils se réduisent tous aux chefs suivants :

III. Ses droits sur les terres labourables.

1°. Sur quarante brasses carrées de terres labourables, un mayon ou quart de tical par an (3), mais cette rente se partage avec le Tcháou-meüangChao mueang : เจ้าเมือง où il y en a, et même elle n'est guère bien payée au roi sur les frontières. Outre cela, la loi du royaume est que quiconque ne laboure pas sa terre ne paye rien, quoique ce soit par sa négligence qu'il ne recueille rien. Mais le roi de Siam d'aujourd'hui, pour forcer ses sujets à travailler, exige ce droit de ceux qui ont possédé les terres pendant un certain temps encore qu'ils cessent de les travailler. Cela ne s'exécute pourtant que dans les endroits où son autorité est bien entière. Il n'aimerait rien tant que de voir des étrangers venir s'établir dans ses États pour y travailler ces grands espaces incultes qui en sont sans comparaison la plus considérable partie ; il serait libéral en ce cas-là de terres en friche et de bêtes pour les cultiver quand elles auraient été défrichées.

IV. Sur les bateaux.

2°. Sur les bateaux ou balons, les naturels du pays doivent pour chacun brasse de longueur un tical. On a ajouté sous ce règne que tout balon ou bateau de plus de six coudées de large payerait six ticals, et que les étrangers seraient obligés à ce droit aussi bien que les naturels du pays. Ce droit se lève comme une espèce de douane en certains endroits de la rivière, et entre autres à TcháïnatChainat : ชัยนาท, quatre lieues au-dessus de Siam, où elle se réunit tout entière (4).

V. Douanes.

3°. Les douanes sur tout ce qui entre ou qui sort par mer, outre que le corps du vaisseau paye quelque chose à proportion de la capacité, comme les balons.

VI. Sur l'arak.

Sur l'arak ou eau-de-vie de riz (5), ou plutôt sur chaque fourneau où on le fait, qu'ils appellent Táou-láouTao lao : เตาเหล้า (6), les gens du pays doivent un tical par an. Ce droit a été doublé sous ce règne et s'exige sur les naturels du pays et sur les étrangers également. On a ajouté que chaque vendeur d'arak en détail payerait un tical par an, et chaque vendeur en gros un tical par an par chaque grande cruche dont je ne trouve pas la grandeur autrement marquée dans le mémoire qu'on m'a donné.

VII. Sur les durions.

5°. Sur le fruit appelé durion (7), pour chaque pied d'arbre portant déjà fruit ou n'en portant pas, deux mayons ou demi-tical par an.

VIII. Sur le bétel.

6°. Sur chaque pied de bétel (8) un tical par an.
 

IX. Sur l'aréquier.

Sur chaque aréquier (9), on payait autrefois trois glands d'arec en espèce ; sous ce règne on en paye six.

X. Impôts nouveaux.

8°. Les revenus entièrement nouveaux, ou établis sous ce règne, sont en premier lieu un certain droit sur une académie de jeu permise à Siam. Le tribut que paye l'Oc-yà Meen est à peu près de même nature, mais je ne sais s'il n'est pas plus ancien que celui du jeu (10). En second lieu sur chaque cocotier, un demi-tical par an, et en troisième lieu sur les orangers, manguiers, mangoustaniers et sur les pimentiers, pour chaque pied d'arbre un tical par an. Il n'y a point de droit sur le poivre, parce que le roi voudrait que ses sujets s'adonnassent davantage à en planter.

XI. Domaine réservé au roi.

9°. Ce prince a en divers endroits de ses États des jardins et des terres qu'il fait cultiver comme son domaine particulier, tant par ses esclaves que par des corvées. Il en fait recueillir et garder les fruits sur les lieux pour l'entretien de sa maison et pour la nourriture de ses esclaves, de ses éléphants, de ses chevaux et de ses autres bêtes, et il vend le reste.

XII. Les présents.

C'est une manière de revenu casuel que les présents que ce prince reçoit aussi bien que tous les officiers de son royaume, les dons que les officiers lui font en mourant ou ce qu'il prend de leur succession, et enfin les faux-frais qu'il prend sur ses sujets en plusieurs rencontres, comme pour l'entretien des ambassadeurs étrangers, à quoi les gouverneurs dans le ressort desquels les ambassadeurs passent ou séjournent sont obligés de fournir, et pour la construction des forteresses et des autres ouvrages publics, dépense qu'il prend sur les peuples chez qui ces ouvrages se font.

XIII. Confiscations et amendes.

11°. Les revenus de la justice consistent en confiscations et en amendes.
 

XIV. Six mois de corvées.

12°. Six mois de corvées par an de chacun de ses sujets : service que lui ou ses officiers étendent souvent plus loin, qui seul le défraye de toutes choses et dont il lui reste du revenant-bon. Car en certains lieux, ce service est converti en paiement fait en riz ou en bois de sappan, ou en bois d'aloès, ou en salpêtre, ou en éléphants, ou en peaux de bêtes, ou en ivoire ou en autres marchandises ; et enfin ce service est quelquefois estimé et payé argent comptant, et c'est par de l'argent comptant que les gens riches s'en exemptent. Anciennement, ce service était estimé un tical par mois, parce qu'il ne faut qu'un tical à un homme pour s'entretenir, et cette estimation sert encore de taux aux journées des ouvriers qu'un particulier emploie. Elles reviennent à deux ticals par mois pour le moins, parce qu'on compte qu'il faut qu'un ouvrier gagne en six mois son entretien de toute l'année, puisqu'il ne peut rien gagner les autres six mois qu'il sert le prince. Aujourd'hui, le prince tire jusqu'à deux ticals par mois de l'exemption des corvées.

XV. Le commerce, revenu extraordinaire ou casuel.

13°. Ses autres revenus viennent du commerce qu'il fait avec ses sujets et avec les étrangers. Il l'a porté à un tel point que la marchandise n'est presque plus un métier de particulier à Siam. Il ne se contente pas de vendre en gros, il a des boutiques dans les bazars pour vendre en détail.

XVI. Les toiles de coton.

La principale chose qu'il vend à ses sujets sont les toiles de coton ; il les répand dans ses magasins de provinces. Autrefois ses prédécesseurs et lui n'y en envoyaient que de dix en dix ans, et une quantité modérée, laquelle étant débitée, les particuliers avaient lieu d'en faire commerce. Maintenant, il en fournit toujours, il en a dans ses magasins plus qu'il n'en saurait débiter et il est arrivé quelquefois que pour en débiter davantage, il a forcé ses sujets à habiller les enfants avant l'âge accoutumé. Avant que les Hollandais eussent pénétré dans le royaume de Láos et dans d'autres du voisinage, le roi de Siam y faisait tout le commerce des toile avec un profit considérable.

XVII. Le calin ou étain.

Tout le calin (11) est à lui et il le vend tant aux étrangers qu'à ses sujets, hormis celui que l'on tire des mines de Jonsalam sur le golfe du Bengale ; car comme c'est une frontière éloignée, il y laisse les habitants dans leurs anciens droits, de sorte qu'ils jouissent des mines qu'ils travaillent, moyennant un léger profit pour ce prince (12).

XVIII. Ivoire, salpêtre, plomb, sappan.

Tout l'ivoire vient au roi, ses sujets sont obligés de lui vendre tout celui qu'ils vendent, et les étrangers n'en peuvent acheter qu'à son magasin. Le commerce du salpêtre, du plomb et du sappan (13) est aussi au roi ; on n'en peut vendre qu'à son magasin, ni en acheter que de son magasin, soit-on Siamois ou étranger.

XIX. L'arec.

L'arec, dont il sort beaucoup hors du royaume, ne peut être vendu aux étrangers que par le roi, et il en achète pour cela de ses sujets, outre celui qu'il a de ses revenus particuliers.

XX. Les marchandises de contrebande.

Les marchandises de contrebande, savoir le soufre, la poudre et les armes, ne peuvent être vendues ni achetées à Siam qu'au seul magasin du roi.

XXI. Peaux de bêtes.

Quant aux peaux de bêtes, ce prince s'est obligé, par un traité fait avec les Hollandais, à leur vendre toutes (14), et pour cela il les achète de ses sujets, mais ses sujets en détournent beaucoup que les Hollandais achètent d'eux en secret.

XXII. Les commerces libres à tout le monde.

Le reste du commerce est permis à Siam à tout le monde, comme celui du riz, du poisson, du sel, du sucre noir, du candi, de l'ambre gris, du fer, du cuivre, de la cire, de la gomme dont on fait le vernis, de la nacre de perle, de ces nids d'oiseaux dont on mange (qui viennent du Tonkin et de la Cochinchine, et que Navarrete dit être faits de l'écume de la mer dans des roches par une espèce de petits oiseaux de mer qui ressemblent à des hirondelles), de la gomme-gutte (15), de l'encens, de l'huile, du coco, du coton, de la cannelle, du nénuphar qui n'est pas exactement comme le nôtre, de la casse, des tamarins et de plusieurs autres choses, tant du cru du royaume qu'apportées de dehors.

XXIII. Le sel, la pêche et la chasse.

Chacun peut faire et vendre du sel, pêcher et chasser comme je l'ai dit autre part, et sans rien payer au roi. Il est vrai qu'on apporte à la pêche la police nécessaire, et Oc-prá TaïmanOk-phra Thainam : ออกพระท้ายน้ำ qui reçoit les revenus particuliers de la rivière, empêche ces manières de pêcher qui détruisent trop de poisson à la fois.

XXIV. À quelle somme montent les revenus du roi de Siam.

Le roi de Siam n'a jamais été bien payé de ses revenus dans les terres éloignées de sa cour. On dit que l'argent comptant qu'il en tirait autrefois montait à douze cent mille livres et que celui qu'il en tire aujourd'hui monte à six cent mille écus (16), ou à deux millions. C'est une chose difficile à bien savoir ; tout ce que j'en puis assurer est qu'on dit en ce pays-là (comme une chose très considérable et qu'on croit qui doit paraître hyperbolique) que le roi de Siam d'aujourd'hui a augmenté ses revenus d'un million.

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3ème partie
VIII. De l'art de la gurerre chez les Siamois,
et de leurs forces de mer et de terre.
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3ème partie
X. Du sceau royal
et du Maha Obarat.

NOTES

1 - Le mot signifie également trésor, dans le sens de trésor public. Étienne Aymonier fait dériver le nom de cette charge du cambodgien Brah Ghlaṅ « magasins sacrés ou royaux », appelé aussi Brah Ghlāṅ Suryavaṅsa Mantrī. Il est le grand magasinier, grand trésorier ou ministre des finances du royaume. Ce dignitaire, ayant déjà au XVIIe siècle la charge des magasins, de la vente des produits des impôts en nature, donc du commerce et des relations extérieures qui étaient commerciales avant tout, fut le mandarin le plus fréquemment en contact avec les Européens. Ceux-ci en vinrent promptement à le considérer comme le ministre des affaires étrangères et même, bien à tort il est vrai, comme le possesseur de la première charge de l'État. Le « Praclang » dont le nom se corrompit en « Barcalon » avait, d'après Gervaise, le département des ambassades, des affaires étrangères, le commerce, les magasins et l'intendance générale des côtes. À cette époque chaque nation étrangère avait (à la capitale) son chef qui était juge de tous ses différends et qui devait répondre de sa conduite au Barcalon. (Étienne Aymonier, Le Cambodge, 1901, II, p. 37). 

2 - Okya Pollathep, qui a soin des revenus du roi, précise l'abbé de Choisy dans son Journal du 18 janvier 1686. Dans sa Description du royaume thaï ou Siam (1854, I, p. 291), Mgr Pallegoix attribue le titre de Chào-phaja-pholla-thèp au ministre de l'agriculture. L'Okya Vorathep de Nicolas Gervaise est très certainement une mauvaise transcription de cette fonction, qui consiste à faire payer les fermiers de Sa Majesté et à prendre soin de tous les greniers qui lui appartiennent dans quelque endroit du royaume qu'ils puissent être. C'est une espèce de récepte générale, qui a quelque rapport à celle de notre Contrôleur général des finances. (Histoire naturelle et politique du royaume de Siam, 1688, p. 83). 

3 - Le mayom siamois (มายม) était une monnaie assez rare qui valait ½ tical (baht). Ce n'est pas celle à qui La Loubère fait ici allusion. Le quart de baht se nommait (et se nomme encore) le salueng (สลึง). 

4 - C'est plus précisément à Nakhon Sawan (นครสวรรค์), à environ 70 km au nord de Chainat, que la rivière Ping et la rivière Nan se réunissent pour former la Menan Chao Phraya. 

5 - Les relations de voyage foisonnent de termes qui désignent ce type d'alcool à base de riz, de palme, de sagou, etc. : arak, araka, araki, ariki, arack, arack, raki, raque, racque, etc. Chaumont parle d'arrek ou eau-de-vie faite de riz. (Relation de l'ambassade [...], Paris, 1686, p.38). Tachard mentionne l'arraque, qui est une espèce d'eau-de-vie faite avec du riz et de la chaux. (Voyage de Siam des pères jésuites, 1686, p.204). Yule (Hobson-Jobson: A Glossary of Colloquial Anglo-Indian Words and Phrases, p.36) donne une étymologie arabe : arak, littéralement : transpiration. L'alcool de riz en Thaïlande se dit lao khao (เหล้าขาว). 

6 - Le mot signifie littéralement four à alcool. Le distillat produit n'était pas sans danger, comme le note Bernier dans la Suite des mémoires du sieur Bernier sur l’empire du grand Mogol (1671, pp. 48-50) : C’est une boisson qui est brûlante et âcre comme cette eau de vie qu’on fait de blé en Pologne ; elle attaque même tellement les nerfs qu’elle rend souvent les mains tremblotantes de ceux qui en boivent un peu trop et les jette dans des maladies incurables.

ImageTao lao, système de distillation traditionnel en Thaïlande. 

7 - Le durian (thurian : ทุเรียน), fruit du Durio zibetinus, arbre tropical de la famille des bombacées. Le missionnaire Jacques de Bourges le décrivait ainsi : … ce fruit est de la grosseur et de la figure d'un melon ordinaire. L'écorce en est dure et raboteuse, il croît au haut du tronc de l'arbre, au-dessous des branches, et parce qu'il serait difficile de l'ouvrir à cause de la dureté de son écorce, lorsqu'il est mûr, la nature a voulu qu'il s'ouvrît de lui-même par le bas en trois ou quatre endroits, on achève de le rompre avec force. On trouve dans ce fruit des morceaux d'une certaine chair tendre et délicate, enfermée en de petites cellules, cette chair égale la neige en blancheur et surpasse en la délicatesse de son goût tout ce que nous avons de meilleur en Europe, et aucun de nos fruits n'en approche. Chaque durion porte cinq, six, sept et huit de ces morceaux de chair blanche, la figure est comme celle d'une amande verte, mais quatre ou cinq fois plus grosse. Ce qui est de singulier en ce fruit merveilleux est que son odeur est fort désagréable et même insupportable d'abord qu'on la sent, ressemblant à celle d'une pomme pourrie. Ce fruit est extrêmement chaud, les Européens qui en mangent avec excès sont contraints, pour modérer l'ardeur qu'il cause, d'aller incontinent se baigner. (Relation du voyage de Monseigneur l'évêque de Bérythe […], 1668, pp. 146-147).

ImageArbre qui porte les durions (Illustration de l'ouvrage de La Loubère). 

8 - Le nom désigne la plante, Piper betle, dont les feuilles servent à confectionner une chique aux propriétés stimulantes que les Thaïs appellent Plu (พลู).

ImageFeuilles de piper betle. 

9 - L'Areca catechu, également appelé palmier à bétel, que les Thaïs appellent maksong (หมากสง), produit des fruits rouges orangés non comestibles qui sont utilisés avec la feuille de bétel (phlu : พลู) pour confectionner des chiques aux propriétés psychostimulantes et tonifiantes.

ImageAréquier. Illustration extraite de la Relation du père Tachard. 

10 - La Loubère nous apprend qu'il y avait des tripots et des bordels à Ayutthaya sous le règne du roi Naraï, établis en toute légalité et assujettis à l'impôt. Le personnage de Okya Meen, qui semble avoir eu la haute main sur le commerce de la chair, avait déjà été évoqué par deux fois dans la relation, une première fois sans le nommer : Les seigneurs siamois ne sont pas moins jaloux de leurs filles que de leurs femmes, et s'il y en a quelqu'une qui tombe en faute, ils la vendent à un certain homme qui a droit de les prostituer pour de l'argent, moyennant un tribut qu'il paye au roi ; l'on dit qu'il en a eu jusqu'à 600, toutes filles d'officiers de considération. Il achète autant les femmes, quand les maris les vendent pour les avoir convaincues d'infidélité. (Chapitre XV de la 2ème partie, pp. 287-288), et une seconde en en brossant le portrait peu reluisant d'infame qui achète les femmes et les filles pour les prostituer(…) C'est un homme fort méprisé. Il n'y a que les jeunes débauchés qui aient commerce avec lui. (Chapitre IV de la 3ème partie, p. 328). Gageons que parmi la clientèle de l'okya, se trouvaient également quelques vieux débauchés.

ImagePeinture murale du wat Thong Thammachat, à Bangkok. 

11 - Alliage à basse d'étain de qualité inférieure. Voir sur ce site l'article : Le calin

12 - Le chevalier de Chaumont avait obtenu le monopole du commerce de l'étain de Phuket, ainsi qu'il était stipulé dans l'article 6 du traité de commerce signé le 11 décembre 1685 : Sa Majesté le roi de Siam accorde à la Compagnie le commerce de l'étain de Jonsalen et de ses dépendances à l'exclusion de toute autre nation. Elle lui accorde aussi la permission de bâtir une factorie dans ledit lieu de Jonsalen, pourvu qu'elle en présente le modèle aux ministres de Sa Majesté, qui après leur approbation, sera suivi de point en point sans aucun changement, et sera ladite Compagnie obligée de porter à Jonsalen toutes les marchandises nécessaires au commerce des habitants dudit Jonsalen et de ses dépendances, en sorte qu'ils ne soient point obligés à recourir à d'autres moyens pour subvenir à leurs nécessaires, et si la Compagnie n'observe pas ce point exactement, lesdits habitants pourront faire commerce avec les autres nations sans qu'ils puissent être accusés d'aller contre le privilège accordé, et Sa Majesté pourra tirer ses rentes de l'étain de Jonsalam et de ses dépendances en la manière accoutumée sans que la Compagnie puisse s'y opposer. (Manuscrit BN NAF 9380, f° 171v°-172r°). Deux ans jour pour jour, le 11 décembre 1687, Céberet et La Loubère obtenaient par traité le monopole du commerce du calin de Phuket, avec pour contrepartie que ladite Compagnie demeure obligée de porter les marchandises nécessaires pour le commerce et pour les besoins des habitants du susdit gouvernement [Phuket] et de ses districts, de sorte qu'ils ne soient pas obligés de chercher d'autres moyens pour remédier à leurs besoins […] (Lucien de Reinach, Recueil des traités conclus par la France en Extrême-Orient (1684-1902), 1902, p. 11). 

13 - Caesalpinia sappan, bois rouge originaire d'Asie du sud-est et utilisé principalement pour la teinture.

ImageBois de sappan. 

14 - Par un traité du 22 août 1664, la Compagnie des Indes hollandaise avait obtenu le monopole du commerce des peaux de daim et de buffle, toutefois ce monopole ne s'appliquait qu'à la ville d'Ayutthaya. L'article 2 du traité conclu par Céberet et La Loubère précisait : Le roi de Siam a accordé le commerce des cuirs à la compagnie hollandaise dans la ville de Siam, et ainsi la Compagnie de France ne commercera pas de cette marchandise à Siam, mais en quelque autre point qu'elle voudra du royaume hors de la barre de Siam, elle a liberté entière de les acheter. (Reinach, op. cit., p. 9). 

15 - Gomme résine, qui formant avec l'eau une émulsion d'un beau jaune, sert à l'aquarelle. La gomme-gutte est aussi un purgatif drastique. (Littré). 

16 - 600 000 écus représentaient 1 800 000 livres. 

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18 mai 2020