Chapitre XX
Des funérailles des Chinois
et de celles des Siamois

Page de la Relation de La Loubère
I. Raison de parler des funérailles des Chinois.

Les funérailles des Chinois sont décrites en plusieurs relations, mais je ne laisserai pas d'en dire un mot pour faire mieux entendre celles des Siamois, parce que les mœurs d'un pays s'éclaircissent toujours mieux par la comparaison des mœurs des pays voisins (1).

II. Quelles en sont les principales circonstances.

Le premier soin des Chinois dans les funérailles est d'avoir une bière de bois précieux, en quoi ils font quelquefois une dépense au-dessus de leur fortune, et quoiqu'ils enterrent les corps sans les brûler, ils ne laissent pas de brûler, en les enterrant, meubles, maisons, animaux, monnaie et tout ce qui est nécessaire aux commodités de la vie, mais le tout en papier, hormis quelques étoffes véritables qu'on brûle aux funérailles des riches. Le père Sémédo rapporte qu'aux funérailles d'une reine de la Chine, on brûla réeellement ses meubles (2). Le second soin des Chinois dans les funérailles est de choisir un lieu propre pour le tombeau. Ils choisissent sur l'avis des devins, s'imaginant que le repos du mort dépend de ce choix et que le bonheur et le repos des vivants dépend du repos du mort. Si donc ils ne sont pas les propriétaires du lieu indiqué par les devins, ils ne manquent pas de l'acheter, et quelquefois chèrement. Et en troisième lieu, outre le convoi funèbre qui est grand, ils donnent des repas magnifiques au mort, non seulement quand ils l'enterrent, mais à pareil jour toutes les années, et même plusieurs fois l'année.

III. Culte des morts.

Ils ont dans leur maison une chambre destinée aux manes de leurs ancêtres, où de temps en temps ils vont rendre à leur figure les mêmes devoirs qu'ils ont rendus à leur corps en l'enterrant. Ils brûlent de nouveau des parfums, des étoffes et des papiers découpés, et ils leur font de nouveaux repas. Les Tonkinois, selon le père de Rhodes, mêlent à ces sortes de repas des mets de papier qu'ils brûlent. Le même auteur raconte bien au long les prières que les Tonkinois font aux morts, comment ils leur demandent une longue et heureuse vie, avec quel zèle ils redoublent leur culte et leurs prières dans leurs malheurs, quand les devins leur assurent qu'ils en doivent attribuer la cause à la colère de leurs parents morts (3).

IV. Les Chinois d'aujourd'hui sont entièrement impies.

Plusieurs relations de la Chine assurent que les gens de lettres, qui sont en ce pays-là les citoyens les plus importants, ne regardent les cérémonies des funérailles que comme des devoirs civils auxquels ils ne mêlent aucune prière, qu'ils n'ont aujourd'hui aucun sentiment de religion et ne croient ni l'existence d'aucun dieu, ni l'immortalité de l'âme, et qu'encore qu'ils rendent à Confucius un culte extérieur dans les temples qui lui sont consacrés, ils ne lui demandent pourtant pas la science que les gens de lettres du Tonkin lui demandent.

V. Doctrine des anciens Chinois sur le culte des morts, et qu'il est vraisemblable qu'ils n'ont jamais prié les morts dans les funérailles.

Mais soit que les funérailles que les Chinois lettrés font à leurs parent soient sans prières ou non, il ne laisse pas d'être certain que l'ancien esprit de la doctrine des Chinois était de croire l'immortalité de l'âme, d'attendre des biens et des maux de la part des morts et de leur adresser des prières, sinon dans les funérailles, au moins dans les disgrâces de la vie pour s'attirer leur protection. D'ailleurs, quelque opinion qu'ils aient eu du pouvoir des morts à secourir les vivants, il est vraisemblable qu'ils estimaient que les morts étaient dans le besoin au moment des funérailles, c'est-à-dire dans l'entrée et dans l'établissement d'une autre vie, et que c'était alors aux vivants à secourir les morts, et non à leur demander du secours.

VI. Les funérailles des Siamois.

Mais il est temps de dire quelles sont les funérailles des Siamois. Dès qu'un homme est mort, on enferme son corps dans une bière de bois que l'on fait vernir par dehors, et même dorer, et comme le vernis de Siam n'est pas si bon que celui de la Chine et qu'il n'empêche pas toujours que la mauvaise odeur du corps mort ne passe par les fentes de la bière, ils tâchent à consumer au moins les intestins du mort avec du mercure qu'ils versent dans sa bouche, et qui sort, dit-on, enfin par le fondement. Ils se servent aussi quelquefois de bières de plomb, et quelquefois aussi ils les font dorer, mais le bois de leurs bières n'est pas si précieux qu'à la Chine parce qu'ils ne sont pas si riches que les Chinois. Ils placent par respect la bière sur quelque chose d'élevé, et d'ordinaire sur un bois de lit qui ait des pieds, et tant qu'on garde le corps au logis, soit pour attendre le chef de la famille, s'il est absent, soit pour préparer les honneurs funéraires, on brûle des parfums et des bougies auprès de la bière, et toutes les nuits les talapoins viennent chanter en langue pali dans la chambre où on l'expose. Ils s'y arrangent le long des murs. On les nourrit et on leur donne quelque argent, et ce qu'ils chantent sont des moralités sur la mort avec le chemin du ciel qu'il prétendent montrer à l'âme du trépassé.

VII. Comment ils brûlent les corps.

Cependant la famille choisit un lieu à la campagne pour y porter le corps et pour l'y brûler. Le lieu est d'ordinaire un espace près du temple que le mort ou quelqu'un de ses devanciers auront fait bâtir, ou auprès de quelque autre temple s'il n'y en a pas de propre à la famille du mort. On enferme cet espace d'une enceinte en carré faite de bambou avec quelque sorte d'architecture, du même ouvrage à peu près que les berceaux et les cabinets de nos jardins, et ornée de ces papiers peints ou dorés qu'ils découpent pour représenter des maisons, des meubles et des animaux domestiques et sauvages. Au milieu de cet enclos est le bûcher composé entièrement ou en partie de bois odoriférants, comme sont le santal blanc ou jaune et le bois d'aigle, et cela selon la richesse et la dignité du mort. Mais le plus grand honneur des funérailles consiste à élever le bûcher, non à force d'y mettre du bois, mais par de grands échafaudages sur lesquels ils mettent de la terre, et puis le bûcher. Aux funérailles de la feue reine qui mourut il y a sept ou huit ans, l'échafaud fut le plus élevé qu'on eût encore vu en ce pays-là, et il fallut demander une machine aux Européens pour lever la bière avec décence à cette hauteur.

VIII. Le convoi.

Quand il est question de porter le corps au lieu du bûcher (ce qui se fait toujours le matin), les parents et les amis le portent au son de beaucoup d'instruments. Le corps marche le premier, puis la famille du mort, hommes et femmes tous habillés de blanc, la tête même voilée d'une toile blanche et se lamentant beaucoup, et enfin le reste des amis et des parents. Si le convoi peut faire tout le chemin par eau, on le fait. Dans les funérailles fort magnifiques, on porte de grandes machines de bambou couvertes de papier peint et doré qui représentent non seulement des palais, des meubles, des éléphants et d'autres animaux ordinaires, mais des monstres bizarres, dont quelques-uns approchent de la figure humaine et que les chrétiens prennent pour des figures de diables. Ils ne brûlent pas la bière, mais ils en ôtent le corps qu'ils laissent sur le bûcher, et les talapoins du couvent près duquel on brûle le corps chantent pendant un quart d'heure et puis se retirent pour ne paraître pas davantage. Alors commencent les spectacles du CôneKhon : โขน et du Rabamระบำ (4) que l'on représente en même temps et tout le long du jour, mais sur des théâtres différents. Les talapoins ne pensent pas y pouvoir assister sans péché, et ces spectacles ne sont appelés aux funérailles par aucune vue de religion, mais seulement pour les rendre plus magnifiques. Ils donnent à la cérémonie un air de fête, et néanmoins les parents du mort ne laissent pas d'y faire beaucoup de lamentations et d'y verser beaucoup de larmes, mais ils ne louent point de pleureuses, à ce qu'on m'a assuré.

IX. Le valet des talapoins allume le bûcher.

Sur le midi, le TapacáouTapakhao : ตาปะขาว ou valet des talapoins met le feu au bûcher, qui brûle pour l'ordinaire pendant deux heures. Le feu ne consume jamais le corps, il le rôtit seulement, et souvent fort mal, mais il est toujours censé, pour l'honneur du mort, qu'il a été tout à fait consumé en lieu éminent et qu'il n'en reste que les cendres. Si c'est le corps d'un prince du sang ou d'un seigneur que le roi ait aimé, le roi met lui-même le feu au bûcher, et sans sortir de chez lui. Il lâche un flambeau allumé le long d'une corde que l'on tend depuis l'une des fenêtres du palais jusqu'au bûcher. Quant aux papiers découpés qui sont naturellement destinés aux flammes, les talapoins les en garantissent souvent et s'en saisissent pour les prêter à d'autres funérailles, et la famille du mort les laisse faire, en quoi il paraît qu'ils ont oublié la raison pourquoi les nations voisines ne se dispensent pas de brûler effectivement de tels papiers ; et en général on peut assurer qu'il n'y a gens au monde qui ignorent leur propre religion autant que les talapoins. Il est, dit-on, très difficile d'en trouver quelqu'un parmi eux qui sache quelque chose. Il faut chercher leurs opinions dans les livres pali qu'ils conservent et qu'ils étudient fort peu.

X. Aumônes aux funérailles.

La famille du mort nourrit le convoi, et pendant trois jours elle fait des aumônes, savoir le jour que l'on brûle le corps, aux talapoins qui ont chanté auprès du corps, le lendemain à tout leur couvent, et le troisième jour à leur temple.

XI. Funérailles redoublées.

Voilà ce qui se pratique aux funérailles des Siamois, à quoi il faut seulement ajouter qu'ils embellissent le spectacle par beaucoup de feux d'artifice, et que si les funérailles sont d'un homme d'une haute conséquence, elles durent avec les mêmes spectacles pendant trois jours.

XII. Corps déterrés pour recevoir de plus grands honneurs funèbres.

Il arrive aussi quelquefois qu'un homme de grande dignité fait déterrer le corps de son père, quoique mort depuis longtemps, pour lui faire des funérailles magnifiques, si lorsqu'il est mort, on ne lui en a pas fait qui fussent dignes de l'élévation présente du fils. Cela sent les mœurs des Chinois qui communiquent autant qu'ils peuvent à leurs parents morts les honneurs auxquels ils parviennent. Ainsi, quand un homme n'étant pas né fils de roi parvient à la couronne de la Chine, il fera avec de certaines cérémonies donner le titre de roi à son père mort.

XIII. Ce que le feu ne consume pas est enterré sous des pyramides, et comment les Siamois appellent ces pyramides.

Après que le corps d'un Siamois a été brûlé, comme j'ai dit, toute la pompe est finie : on renferme les restes de son corps dans la bière, et sans façon, et l'on met ce dépôt sous une de ces pyramides dont ils environnent leurs temples. Quelquefois aussi, ils enterrent des pierreries et d'autres richesses avec le corps, parce que c'est les mettre en un lieu que la religion rend inviolable. Il y en a qui disent qu'ils jettent les cendres de leurs rois dans la rivière, et j'ai lu des Péguans qu'ils font une pâte des cendres de leurs roi avec du lait et qu'il l'enterrent à l'embouchure de leur fleuve quand la mer est retirée, mais comme le feu ne consume jamais tout et qu'il épargne principalement les os, les Siamois et les Péguans mettent ces restes de leurs rois sous des pyramides. Ces pyramides s'appellent Prá Tchái-diPhra Chedi : พระเจดีย์. Prá est ce terme pali dont j'ai souvent parlé, Tchái-di veut dire cœur-bon, c'est-à-dire contentement comme je l'ai expliqué d'autre part ; de sorte que Prá Tchái-di revient à ces mots repos sacré, autant que ceux de repos et de contentement se ressemblent (5).

XIV. D'où est venu le goût des pyramides pour les tombeaux.

Un tombeau tout plat comme les nôtres ne serait pas à leur avis assez honorable, il leur faut quelque chose d'élevé, et voilà le goût des pyramides d'Égypte et des mausolées. Des peuples encore plus vains y ont joint les épitaphes, et parce que le temps efface les inscriptions qui sont exposées à la vue, d'autres ont mis leurs noms à couvert sur les pierres fondamentales de certains édifices superbes, si bien que quand on les y découvre, leur ouvrage est déjà renversé jusqu'aux fondements. Les Siamois s'en tiennent encore au premier degré de vanité, qui est des simples pyramides sans épitaphe et si peu fondées que celles qui durent le plus ne durent jamais un siècle.

XV. Pourquoi les Siamois aiment à bâtir des temples.

Ceux qui n'ont ni temple ni pyramide gardent quelquefois chez eux les restes mal brûlés de leurs parents, mais il n'y a guère de Siamois assez riche pour bâtir un temple qui ne le fasse et qui n'y enfouisse les richesses qu'il a de reste. Les temples sont des asiles inviolables, comme j'ai dit, et les roi de Siam aussi bien que les particuliers leur confient leurs trésors. Je sais que des Siamois ont demandé des limes sourdes à des Européens pour couper de grosses barres de fer qui liaient des pierres dans des temples, sous lesquelles il y avait de l'or caché. Les Siamois qui n'ont pas de quoi bâtir un temple ne laissent pas de faire faire au moins quelque idole qu'ils donnent à quelqu'un des temples déjà bâtis, ce qui en ces peuples est un sentiment de vanité ou de religion, au lieu que la construction des temples peut être autant l'intérêt de conserver leurs richesses à leur famille que tout autre chose.

XVI. Funérailles des pauvres.

Les plus pauvres enterrent leurs parents sans les brûler, mais s'il leur est possible, ils y appellent les talapoins qui ne marchent pas sans salaire. Ceux qui n'ont pas même de quoi payer les talapoins croient faire assez d'honneur à leurs parents morts de les exposer à la campagne en lieu éminent, c'est-à-dire sur un échafaud où les vautours et les corneilles les dévorent.

XVII. Honneurs funèbres retardés.

J'ai déjà dit que dans les maladies épidémiques, ils enterrent les corps sans les brûler, et qu'ils les déterrent et brûlent quelques années après, lorsqu'ils croient tout péril de l'épidémie passé.

XVIII. Ceux qui sont privés des honneurs funèbres.

Mais ils ne brûlent jamais ni ceux que la justice fait mourir, ni les enfants morts-nés, ni les femmes qui meurent en accouchant, ni ceux qui se noient ou qui périssent par quelque autre désastre extraordinaire, comme par un coup de foudre. Ils mettent ces malheureux au rang des coupables, parce qu'ils croient que de tels malheurs n'arrivent jamais à des personnes innocentes.

XIX. Le deuil.

Le deuil à la Chine est prescrit par la loi, et celui du père et de la mère y dure trois ans, et prive ou dépouille le fils pendant ce temps-là de toute sorte d'emploi public, s'il n'est militaire ; encore me semble-t-il que cette exception pour les emplois militaires est un établissement récent. Les Siamois, au contraire, n'ont point de deuil forcé ; ils ne donnent de marques de douleur qu'autant qu'ils sont affligés, si bien qu'il est plus ordinaire à Siam que le père et la mère y prennent le deuil de leurs enfants que non pas que les enfants l'y portent de leur père ou de leur mère. Quelquefois, le père se fait talapoin et la mère talapoüine, ou au moins ils se rasent la tête l'un et l'autre, mais il n'y a que les véritables talapoins qui puissent se raser aussi les sourcils.

XX. Que les Siamois prient les morts.

Il ne m'a pas paru que les Siamois invoquent leurs parents morts, quelque interrogation que j'aie pu faire sur cela, mais ils ne laissent pas de se croire souvent tourmentés de leurs apparitions, et pour lors ils portent des viandes à leurs tombeaux, que les bêtes mangent, et ils font des aumônes pour eux aux talapoins parce qu'ils croient que l'aumône rachète les péchés des morts aussi bien que des vivants. Outre cela, les Siamois font presque en toutes rencontres des prières aux bons génies, et des imprécations contre les mauvais, de quoi j'ai déjà donné quelques exemples ; et ces génies ne sont certainement dans leur opinion que des âmes, toutes, comme j'ai dit, de même nature.

XXI. Comment il faut entendre que les âmes des bons se changent en anges et celles des méchants en diables.

Les méchants génies sont les âmes de ceux qui meurent ou par ordre de la justice, ou par quelqu'un de ces malheurs extraordinaires qui les font juger indignes des honneurs funèbres. Les bons génies sont toutes les autres âmes, estimées plus ou moins bonnes selon qu'elles ont été plus ou moins vertueuses en cette vie. Et cela revient tout à fait à l'opinion de Platon qui voulait qu'on s'attachât à la vertu pendant la vie, afin que l'habitude en durât après la mort. Cela revient encore à cette ancienne opinion qui était répandue même parmi quelques-uns des anciens chrétiens, que les âmes des bons se changeaient en anges et les âmes des méchants en diables. Mais chez les Indiens, cette doctrine n'est autre chose, sinon que les âmes des bons renaissent après la mort dans un de ces lieux que les Portugais ont appelé Paradis, et les âmes des méchants dans un de ces autres lieux qu'ils ont appelé Enfers. Les unes, continuant d'être bonnes après la mort, font du bien aux hommes, les autres, continuant d'être méchantes, nuisent aux hommes et à toute autre chose autant qu'elles peuvent. Et qui sait si ces divers paradis qu'ils croient ne sont pas un souvenir confus des divers ordres des esprits célestes ?

XXII. Les Indiens n'ont point de dieu qui soit le juge des actions humaines.

Or par un aveuglement incroyable, les Indiens n'admette aucun être intelligent qui juge de la bonté ou de la malice des actions humaines et qui en ordonne le châtiment ou la récompense. Ils n'admettent pour cela qu'une fatalité aveugle qui fait, disent-ils, que le bonheur accompagne la vertu et que le malheur accompagne le vice, comme elle détermine les choses pesantes à descendre et les légères à monter. Et parce que rien ne répugne davantage à la raison que de supposer une justice exacte dans le hasard ou dans la nécessité du destin, les peuples indiens se portent à imaginer quelque chose de corporel dans les œuvres bonnes ou mauvaises, qui a, disent-ils, la force de faire aux hommes le bien ou le mal qu'ils ont mérité. Mais puisque nous avons souvent dit que les Indiens reconnaissent la distinction des œuvres bonnes ou mauvaises, il est à propos de donner les principes de leur morale.

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XXI. Des principes de la morale indienne.

NOTES

1 - Une relation anonyme et incomplète sans doute de la main du jésuite Jean Richaud, indique que La Loubère s'intéressa vivement au cimetière chinois de Batavia lors de l'escale qu'y firent les navires au début de septembre 1687 : M.nbsp;de La Loubère, après nous avoir arrêtés à dîner avec lui, eut encore la bonté de nous faire monter après dîner dans un carrosse qu'on lui emmena pour l'aller promener où il voudrait. Nous allâmes dont dans ce carrosse hors la ville jusqu'à environ un quart de lieu. Nous vîmes en passant un lieu où on faisait le sucre ; nous vîmes comme on l'exprimait des cannes, et comment après on le faisait bouillir dans de grands chaudrons, mais nous nous arrêtâmes principalement au lieu qu'on nomme les tombeaux des Chinois. En effet, après être tous descendus du carrosse pour cela, nous y vîmes plus de 100 de ces tombeaux, qui faisaient de ce lieu comme un cimetière assez grand. (Manuscrit BN 17239, f° 100v°-101r°). 

2 - Álvaro de Semedo (1585-1657), jésuite portugais auteur d'une Relação da Grande Monarquia da China, qui fut publiée en France en 1645 en deux volumes dans une traduction de Louis Coulon sous le titre Histoire universelle du grand royaume de la Chine. L'épisode mentionné par La Loubère se rapporte aux funérailles de la mère de l'empereur Zhu Yijun, de la dynastie Ming, qui mourut le 31 mai 1614 : Les robes, le lit et les meubles de la défunte furent brûlés par le commandement du roi, jugeant que c'eût été chose indigne de les faire servir à d'autres personnes de moindre autorité. (1645, I, p. 111). 

3 - Alexandre de Rhodes (1591-1660), jésuite français. Son Histoire du royaume de Tonquin et des grands progrès que la prédication de l'Évangile y a faits en la conversion des infidèles depuis l'année 1627 jusqu'à l'année 1646 publiée en 1651 eut une grande influence et incita de nombreux prêtres à se consacrer aux missions étrangères. 

4 - Voir le chapitre VI de la 2ème partie, et notamment la note 14

5 - La Loubère donne ici une explication complètement erronée, due à la ressemblance phonétique entre chai di (ใจดี), qui signifie effectivement cœur bon, et chedi (เจดีย์), la version siamoise des stūpa indiens et des dagoba sri-lankais, hémisphère compact revêtu de pierres ou tour pleine plus ou moins élancée, à faîte convexe, minuscule ou gigantesque, richement décoré ou présentant des parois nues simplement peintes. (Encyclopedia Universalis).

ImageLe Phra Pathommachedi, le plus grand chedi de Thaïlande, à Nakhon Pathom.
ImageChedi contenant les cendres de défunts dans un temple thaïlandais. 
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18 mai 2020